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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Nous avons aimé… L'antivoyage

Muriel Cerf
La Guilde du Livre
239 pages. Fr. 16.50

Si vous aimez que votre fauteuil devienne tapis volant vous pouvez lire l'antivoyage, ce livre vous procurera un dépaysement total, vous menant de Paris à Singapour.
Dans un langage dense, alerte, épicé et coloré comme les mets et tissus des pays parcourus, on découvre des contrées, des gens, des coutumes; mais aussi des jeunes avec leur forme de courage, leur franchise, leur opportunisme aussi, admirables et… irritants parfois.

«Ma petite fille part aux Indes», dit ma grand-mère au chauffeur de taxi qui n'avait quand même l'intention que de ne m'emmener qu'au Bourget, à la dame qui promenait son chien, à des centaines d'indifférents qui allaient sur la Côte d'Azur et qui s'en foutaient. La portière de la voiture se referma sur ma cantine militaire et moi, complètement bouleversée et furieuse de l'être. Je ne baissai même pas la vitre pour embrasser grand-mère. Mieux valait m'enfoncer dans la banquette pour ne pas la voir agiter la main avec le sourire fermé des gens malheureux. Le taxi démarra.
Alors là ce fut comme Ravaillac quand les chevaux commencèrent à galoper. Je me déchirais en lambeaux d'une façon imprévisible et brutale, moi la petite fille froide comme une Anglaise et imperméable aux charmes de la vie familiale, douceur du foyer repos des chaumières et autres; j'étais un poisson dont on retirait l'arête, une souris disséquée les tripes à l'air clouée sur une plaque de liège, une moule ouverte avec un couteau; j'agonisais et je naissais à la fois, arrachée de mon oeuf, de mon bocal, foetus projeté hors du cloaque tiède et fusillé par la lumière du jour. J'étais un bout de chair à nu tout vibrant du mal physique de la séparation. Sacré électrochoc, qui me faisait revoir un film accéléré, toute une série d'images vagues et tendres, baignoire, chat, balcon, objets usés dont je connaissais les contours par coeur, soleil d'avril dans la cuisine, tout le magma des choses apprises et rassurantes en face du gouffre béant. J'avais mal au coeur, un cauchemar glacé creusait une espèce de vide à l'endroit de mon estomac, je pataugeais dans le marécage des bons sentiments: j'aimais mes parents, j'assumais Oedipe et son complexe, mon père était un Dieu, ce que j'avais toujours pensé d'ailleurs. Dans le taxi, j'essayais de recoller les bords de mes plaies saignantes avec le masochisme satisfait du blessé qui voit qu'il n'y a pas de pus dedans, ravie au fond de sentir mon coeur battre comme il ne l'avait jamais fait. Je débordais d'amour pour ma famille et la France entière, comme si un tel départ avait ouvert des vannes, cassé la cloche de verre sous laquelle je vivais à Paris comme une plante, dans la modération du climat, le gris du ciel et l'universelle indifférence. Et me voilà pleurant de vraies larmes, au bon goût de sel oublié depuis l'école, qui nettoyaient d'un seul coup le vieux bronze Louis XV que j'étais devenue sous ma pellicule de poussière. Le taxi me débarqua humide et reniflante devant la porte vitrée de l'aéroport.»









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ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève