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Après l'article consacré à l'expression de l'agressivité

L'article sur l'agressivité, paru dans notre numéro d'octobre, semble avoir fait réagir nos abonnés. Nous publions ci-dessous, une des lettres reçues et un aperçu de quelques réflexions notées au cours d'une rencontre amicale.

Une lectrice nous communique sa réaction

A la suite de l'article de Mme Ursula Tappolet, «Se libérer de son agressivité sans faire de mal», article que j'ai énormément apprécié, il m'est venu à l'esprit, dans un ordre d'idées beaucoup plus banal, les réactions, très anodines, de deux enfants.
L'un est un petit garçon de 5 ans qui a fait un merveilleux dessin pour sa maman: deux coeurs côte à côte, tous deux le représentant lui-même; le premier est soigneusement colorié d'un bel orange, il a deux bons yeux et une bouche qui sourit et dit, dans une bulle: «Je tem», en belles lettres de plusieurs couleurs; et dans le deuxième (dessiné quelques jours plus tard) le coeur est violemment rayé de vert et rouge, garni de cheveux hérissés, bouche jaune tordue, yeux effrayants aux cils écarquillés, bras agités. La bouche hurle, en lettres vertes tremblantes: «Méchente».

L'autre enfant est une fillette de 6 ans, pleine de tendresse pour toute sa famille et pour tout ce qui existe, gens et choses (trop même, car la méchanceté lui est inconcevable, et cela peut être dangereux!) Or, il arrive à cette petite Elizabeth, le plus naturellement du monde, de se libérer parfois de sa colère contre sa mère en l'appelant «vieille sorcière» ou en hurlant brutalement «je vais te tuer, te tuer», lorsqu'elle est, par exemple, contrée ou lorsque sa mère n'a pas compris un conflit.

Tendresse et agressivité ne sont pas le moins du monde contradictoires!

On ne dira jamais assez que l'agressivité n'est pas la méchanceté. Et puis, elle peut avoir tant de causes… Il y a quelque temps je tombai malade et ma fille (7 ans) a commencé par être extraordinairement furieuse contre moi, hors d'elle, et refusant de me rendre le moindre service, avec une attitude qui aurait facilement passer pour un égocentrisme exacerbé ou même du cynisme, puis… elle s'est mise à être aux petits soins, les plus attentifs, et très durablement. Si je ne l'avais pas bien connue, j'aurais eu du mal à me douter dès le début que sa fureur n'était
que l'expression de son angoisse, et qu'il fallait attendre qu'elle ait épuisé cette angoisse-là.

Bien sûr, il faut essayer d'équilibrer liberté et contrainte, et ne pas «tout laisser faire», car, qui donc se structurerait sans «répression»? Mais il faudrait donner à l'agressivité de l'enfant un sens neutre, une valeur objective, et non morale, et peut-être nous proposer de remplacer dans notre esprit «agressivité» par un autre mot, que sais-je, par exemple «force vitale». Peut-être que cela situerait les choses avec plus d'objectivité, parmi le bon peuple de nous autres pères et mères de famille.

Bien sûr, «force vitale» ou «agressivité» ou quel que soit le mot dont on le baptise, il nous faudra de toute façon être prêts à l'«encaisser», et nous n'avons pas tous les jours les reins solides que cela présuppose… Après tout, le noeud du problème réside peut-être d'abord dans notre propre vulnérabilité. Qu'en pensez-vous?

Clara Montagne


Deux pères et trois mères font part de leurs réflexions

Première mère: J'ai commencé par être assez horifiée par les exemples cités au début de l'article. Mais, en lisant la suite, j'ai pris mieux conscience d'une chose importante que j'ai tendance à oublier: l'agressivité n'est pas la méchanceté.

Premier père: A ce sujet, je me rappelle à quel point j'ai pu en vouloir à ma mère, quand j'étais petit, de ne jamais me laisser le droit d'être fâché contre mon père. Dès que j'ouvrais la bouche pour me plaindre de son mutisme, de son manque d'intérêt pour moi, de son sérieux inébranlable, elle me coupait le souffle pour me faire taire. Elle lui trouvait toutes les excuses: il travaillait énormément, il était préoccupé, il portait de lourdes responsabilités. J'étais taxé de méchant si je m'exprimais. Bref, je devais tout comprendre et pardonner. Alors qu'à moi on ne laissait rien passer.

Deuxième mère: Ça me fait penser à ces familles où tout le monde doit obligatoirement être content de tout et de tous. Comme si chacun n'avait pas ses défaillances, ses moments creux!

Troisième mère: Eh bien, moi, j'ai cru agir avec mes enfants de manière à m'éviter ce genre de reproches plus tard. Je me trouvais large d'idées, compréhensive, permissive, presque à l'extrême. Cela n'empêche pas mon fils aîné de me dire maintenant (13 ans) que je l'ai empêché d'exprimer ouvertement ce qu'il ressentait vraiment. Par exemple, il a besoin par moments de se montrer de «mauvais poil», opposant, méchant.
Il prétend que mon attitude ne l'autorisait qu'à être un gentil garçon, facile et gentil.
Si j'y réfléchis, c'est vrai que, encore à l'heure qu'il est, je comprends mal ce besoin de se ressentir mauvais.

Deuxième mère: On voudrait peut-être jouer à la sainte. On a de la peine à reconnaître son côté faible, vilain, décevant.
Je n'aime pas avouer que je n'en peux plus. J'ai soigné de grands malades et des personnes très âgées à différentes époques de ma vie. J'aurais voulu être toujours égale à moi-même dans les pires fatigues. Une amie m'a rendu un immense service en m'encourageant à avouer (à autrui, mais surtout à moi) quand je me sentais épuisée.

Troisième mère: On voudrait n'être que «bon». Certains de nos enfants aussi. Les parents se donnent tant de peine!

Deuxième père: A propos de permissivité, j'aimerais dire que, comme vous l'avez dit tout à l'heure, j'ai cru être très large, très respectueux des sentiments de nos enfants (trop, aux yeux de ceux qui nous voyaient vivre). Et pourtant, l'un d'eux a râlé toute son enfance et son adolescence contre mes exigences qu'il trouvait toujours trop lourdes. Peut-être qu'il faudrait mettre les barrières à des endroits différents pour chaque enfant, en tenant compte de leur nature. Ce qui semble léger à l'un paraît intolérable à l'autre.

Premier père: Je me demande si, en cas d'hésitation, il ne vaut pas mieux mettre ces barrières un peu trop loin plutôt que trop près. J'ai trois neveux qui sont parfaitement bien élevés (vingt fois mieux que mes enfants). Ils réussissent tous les trois brillamment à l'école. Ils sont d'une politesse incroyable. Bref, le genre d'enfants qu'on est fier de montrer à ses amis et à sa parenté. En revanche, ils n'ont pas d'opinions. Vous pouvez leur poser des questions sur n'importe quel sujet, ils sont d'avance d'accord avec vous. Ils ne vous contrarient pas. Ils ne pensent rien.

Première mère: Quelle paix!

Deuxième mère: Vous trouvez? Moi, ça me ferait plutôt peur. J'appelle ça une paix trompeuse.

Deuxième père: Quand ils se réveilleront, quelle explosion!

Première mère: En attendant, comme ça doit être reposant de voir ses enfants suivre exactement les traces qu'on leur a préparées!
Tandis que lorsqu'on respecte leurs sentiments et leurs opinions, ce qui nous pend au nez, c'est qu'ils adoptent des valeurs juste à l'opposé de celles qui nous ont fait vivre.

Deuxième père: Jusqu'à 20-22 ans. Après il y a un équilibre qui se rétablit.

Troisième mère: N'oublions pas qu'il faut du courage dans bien des cas pour s'affirmer ouvertement, s'opposer, risquer la désapprobation.

Première mère: Et comment! Et c'est pour cela que certains enfants optent pour la «gentillesse» à tout prix. Etre gentil, ça a bonne réputation. On est apprécié. On garde l'affection.

Troisième mère: La peur de perdre l'affection: pour moi, c'est là qu'est le nÅ“ud de la question.
Gentil? Méchant? Obéissant? Entêté? Docile? Contestataire? Tour à tour, des faces différentes du même enfant.
Pas de grosses complications s'il sent que, quoi qu'il en soit, on continuera à l'aimer.









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