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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURVotre enfant suce son pouce Le réflexe de la succion existe dès la naissance. Il est amusant d'observer ces premiers essais si maladroits: le nouveau-né suce ce qui se trouve en contact avec ses lèvres, souvent la face dorsale de sa main. Il attrape son pouce par hasard, mais au bout de quelque temps cette activité est mieux orientée et l'enfant ne recherche plus que son pouce, faisant preuve par là de sa capacité précoce d'adaptation. La région de la bouche étant la première à entrer en contact avec le monde extérieur par l'apport de la nourriture, il est normal qu'elle soit extrêmement sensible. C'est pourquoi nous constatons une grande mobilité de la bouche des nourrissons. Des mimiques très fines, des frémissements nuancés renseignent dès avant le premier sourire sur les états d'aise ou de malaise de l'enfant. Petit à petit, sous l'effet d'une tension intérieure plus ou moins grande, des comportements de décharge s'installent: mordillements, mâchonnements des lèvres, mouvements de mastication et déglutition divers, indépendamment de l'acte alimentaire. Têter sa langue, sucer sa langue, sont des comportements également fréquents, et toutes ces petites mimiques paraissent naturelles aux mamans. La succion du pouce, comportement plus complexe, mais tirant son origine du même besoin de décharge, est par contre un sujet d'inquiétude fréquent, les parents associant à cet acte l'idée d'une déformation possible des dents et de la mâchoire. Il convient donc d'expliquer aux parents que sucer est un des instincts les plus primitifs des enfants et que les bébés qui sucent beaucoup leur pouce n'ont peut-être pas suffisamment satisfait leur instinct de succion. Les enfants nourris au sein semblent être plus rarement des suceurs de pouce. Ce besoin de sucer de l'enfant en dehors des heures du repas varie en fonction du nombre des tétées, de la durée de celles-ci, et de l'importance des rations absorbées. On note également que le besoin de sucer est plus vif dans les premiers mois de la vie et qu'il s'atténue considérablement dans la première année sauf dans les périodes de poussées dentaires. Certains enfants paraissent cependant plus suceurs de tempérament. Sucer est donc une activité bien naturelle qui, partant d'un réflexe, devient un des premiers actes dirigés du nouveau-né. La répétition devenue habituelle de la succion en dehors des périodes de repas s'affaiblit et disparaît à partir du moment où le système nerveux et moteur de l'enfant se développe et permet d'autres explorations. L'enfant qui s'intéresse à des objets placés à sa portée cherchera à les saisir, à les manipuler, et ne sucera pas son pouce tant que son intérêt sera en éveil. On a constaté également que les enfants mis de bonne heure sur le ventre dans un parc, étant occupés à ramper ou à explorer le sol autour d'eux, avaient moins tendance à porter leurs mains à leur visage. Si son alimentation lui suffit, si la présence de sa mère le console, le calme, le distrait, s'il est occupé, lorsqu'il doit la quitter, par des jeux et des activités bien appropriées, l'enfant trouve à faire des mouvements de plus en plus variés et abandonne lui-même vers 15 ou 18 mois, l'habitude de sucer son pouce. Si cette habitude se prolonge, elle correspond souvent à des périodes où l'enfant s'ennuie, est fatigué, cherche à se replier sur lui-même. Rien ne sert de gronder, de punir ou d'attirer constamment l'attention sur cette conduite. Les gants, les doigts de caoutchouc, les manches épinglées à la brassière ne guériront pas davantage l'enfant. Les restrictions de cet ordre ne font que renforcer le besoin de décharge de l'enfant qui pourra alors trouver d'autres activités rythmées qui le libèrent de sa tension: se balancer dans son lit par exemple, se frotter les yeux, se tirer les oreilles. Chaque enfant a des raisons à lui de sucer son pouce, mais cette activité cherche à satisfaire un besoin, à calmer un malaise. On évitera donc que la succion du pouce persiste bien au-delà de l'âge où il est normal qu'elle se manifeste en assurant à l'enfant la satisfaction des besoins essentiels à la vie: - besoins alimentaires; - besoins de tendresse; - besoins de mouvements, d'activités, de jeux et d'échanges sociaux. |
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