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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Lettre à une abonnée

Chère Madame,

J'allais prendre mon stylo pour répondre à votre aimable lettre de novembre (1) quand j'ai entendu la voix de Françoise Giroud. Elle répondait à quelques questions d'une journaliste à propos de sa première année à la tête du «Ministère à la condition féminine». Je vous avoue que son intervention sur les ondes m'a soulagée d'un grand poids. Elle tombait à point pour m'aider à mettre un peu d'ordre dans la foule des idées qui se ruaient sous mon crâne depuis que le Comité des Entretiens m'avait demandé d'aborder les deux sujets de réflexion que vous nous proposiez!

1. L'égalité des chances données aux filles comme aux garçons sur le plan scolaire puis dans le domaine professionnel ne favorise-t-elle pas une certaine masculinisation des femmes? (Elles risquent de n'être tolérées ou reconnues que dans la mesure où elles acceptent le règne de la compétition et de la «réussite»).

2. La promotion de la femme, c'est bien. Mais la revalorisation des qualités humaines n'est-elle pas aussi indispensable? Comment inciter les garçons et les hommes à reconsidérer la valeur de la compréhension, de l'attention aux autres, de l'esprit de finesse?

Oui, deux grosses questions. Vitales. Actuelles. Aux ramifications innombrables…
Par quel bout les empoigner? Par où commencer? Et surtout, comment se résumer en quelques pages?

A la journaliste qui lui demandait si elle avait fait des découvertes sur la femme au cours de cette année, Françoise Giroud a répondu qu'elle avait surtout trouvé la confirmation de ce qu'elle pressentait ou connaissait déjà: à savoir que le monde féminin en est encore aux tâtonnements et aux apprentissages hésitants.
Les femmes doutent d'elles-mêmes. C'est pourquoi leurs démarches sont encore souvent maladroites. Elles croient devoir calquer leur comportement sur le modèle masculin. Ou bien, convaincues de leur parfaite incompétence en dehors du cercle familial, elles capitulent avant d'avoir essayé leurs forces.
Elles doutent, parce que, en fait, elles ne savent pas encore clairement qui elles sont.
Quand, pendant 10 000 ans, vous vous êtes laissées entraîner entièrement dans le champ des forces du Masculin, comment pouvez-vous avoir pris conscience de ce que vous êtes fondamentalement, de ce qui fait votre originalité ou votre génie?

Originalité, valeur, génie… Tenez, quand on en parle, c'est tout juste si vous ne vous retournez pas pour chercher de quel homme célèbre il s'agit. Il ne vous viendra pas spontanément à l'idée qu'il puisse être question de vous, une femme.
Ne généralisons pas trop. D'accord. Mais reconnaissons que celles qui ont acquis une juste estimation de leurs capacités sont encore une minorité. Et que, plusieurs d'entre elles sont encore tentées d'imiter ou de surclasser l'Homme au lieu de lui proposer une alliance.
Il n'est pas facile de trouver le ton juste pour parler à un interlocuteur inconnu. La pente naturelle pousse plutôt à recourir à deux extrêmes aussi peu recommandables l'un que l'autre: adopter le ton de l'autre, s'adapter jusqu'au mimétisme (et jusqu'à la perte de sa propre personnalité!) ou prendre le contre-pied, s'opposer, se figer dans une attitude fixée ou agressive.
Jusqu'à maintenant ce sont les deux attitudes qu'on a vu pratiquer le plus souvent par les femmes qui accèdent à une profession dite masculine ou qui militent sur le plan politique. Mais une troisième attitude est possible! Celle qu'ont adoptée, par exemple, la tunisienne Gisèle Halimi, Françoise Giroud (de nouveau elle!) et notre Valaisanne Gabrielle Nanchen. Voilà trois fortes personnalités, aux idées claires, aux convictions assurées, qui parviennent à mener leur dur combat sans sacrifier la moindre parcelle de leur féminité.
Dans leurs interventions, elles ne cherchent pas à faire oublier qu'elles sont de sexe féminin. Elles ne s'en excusent pas. Elles n'en sont pas humiliées. Au contraire. Tout en défendant leurs opinions avec une fermeté admirable, elles restent aimables, souriantes, rayonnantes. Ce qui ne paraît pas nuire le moins du monde à l'oeuvre qu'elles accomplissent.

Chère Madame, vous trouvez peut-être que, au fil de mon stylo, je me suis éloignée de notre point de départ. Je ne le crois pas. Car l'exemple des trois femmes que j'ai citées plus haut me semble une réponse vivante aux deux questions que vous nous avez posées:

1. La promotion des femmes à la vie professionnelle ou publique n'entraîne pas obligatoirement l'abandon de leurs qualités féminines. Si elles en sont pourvues au départ et si ce ne sont pas que des contre-façons, le climat des relations entre le monde masculin et le monde féminin ne pourra qu'y gagner en harmonie et en équilibre.

2. Les garçons et les hommes se mettront à reconnaître les valeurs réputées inférieures pendant des siècles quand celles qui en sont nanties seront définitivement guéries de leurs doutes d'elles-mêmes.


(1) Voir deux questions intéressantes posées par Mme M.-J. Ekstrom, numéro de novembre 1975.









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