Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Enfant unique: un malheur ou un privilège? La famille à enfant unique

«Etre un enfant unique est, en soi, une maladie», a écrit, aux environs de 1900, un éminent psychologue. De toute évidence, cette déclaration paraît désormais erronée. Sans doute, l'était-elle tout autant à l'époque mais elle jouissait, et jouit encore, d'une vaste adhésion. Cette croyance a des conséquences fâcheuses tant pour les parents qui, impressionnés par la légende, accroissent l'effectif familial, que pour la société, qui se voit forcée d'accueillir plus d'enfants alors qu'il en faudrait et que l'on en voudrait moins.

Pourquoi cette légende a-t-elle la vie dure? En premier lieu, le fait de n'avoir qu'un seul enfant était considéré, jusqu'à une époque très récente, comme le signe d'une impuissance sexuelle probable ou d'une fécondité amoindrie. Aucun couple, pratiquement, n'aurait admis ne désirer qu'un seul enfant s'il avait la capacité d'en avoir plus. Il y a à peine quelques générations de cela, dans les pays aujourd'hui industrialisés et, plus près de nous, dans les pays en voie de développement, l'importance de la mortalité infantile obligeait chaque femme à mettre au monde au moins deux enfants pour en avoir un qui survive. Ce fait, auquel s'ajoutait la pression de diverses normes religieuses et culturelles, excluait la famille à enfant unique de l'éventail des choix volontaires: si on pouvait avoir plusieurs enfants et qu'on ne le fît pas, on était convaincu de turpitude morale ou d'irresponsabilité sociale, ou des deux à la fois.

Le témoignage des enfants sur leur propre expérience est un deuxième facteur de la pérennité du mythe: «C'était affreux d'être un enfant unique. Je me sentais si seul.» On entend parfois des gens parler ainsi, et leur désir d'avoir un grand nombre d'enfants pourrait bien découler de tels sentiments.

Une troisième raison, version moderne de la première, se trouve dans le principe de psychologie populaire selon lequel un enfant unique est inévitablement un enfant gâté. Ce postulat ne repose sur aucune base scientifique. Son fondement - à supposer qu'il existe - est purement anecdotique. Bien sûr, il est toujours possible de trouver des enfants uniques qui sont égoïstes, gourmands et tout ce que l'on entend par «gâté». Mais personne ne prend la peine d'en comparer le nombre avec celui des enfants issus de familles plus vastes et qui présentent les mêmes traits de caractère. (On ne tient pas compte, non plus, du nombre des enfants uniques qui ont aimé leur condition et apprécient les avantages qu'ils en ont retirés.)

J'ai été témoin de bien des débats angoissés chez de jeunes couples pour qui le choix se résume à avoir deux enfants ou pas du tout, puisqu'il est si nuisible pour un enfant d'être élevé «tout seul». D'abord incrédules, ils sont soulagés d'apprendre que tout démontre que l'enfant unique se tire fort bien d'affaire avec des perspectives moins encourageantes à mesure que la famille s'accroît…

Les avantages pour l'enfant unique

Les études sur les enfants uniques sont peu nombreuses et, souvent, l'on place dans une même catégorie enfants uniques et aînés. Comme l'enfant unique est, par définition, un premier-né et comme celui-ci, sauf dans le cas de naissance gémellaire, reste seul pendant un certain temps, la fusion des deux catégories en une seule ne fausse pas trop la perspective. De plus, la proportion d'enfants uniques est si réduite (probablement moins de 5 %) qu'il faudrait procéder à un très vaste échantillonnage pour parvenir à des conclusions statistiquement valables. Nous avons ainsi appris, par exemple, que les aînés et les enfants uniques tendent à avoir un taux de réussite élevé. Ils ont proportionnellement plus de chances de parvenir à un grade universitaire élevé, d'entrer dans une profession libérale, de devenir célèbres et d'être bien adaptés. Ce dernier trait est important car il répond à l'objection que devenir célèbre et être brillant et demeurer pur et être heureux sont choses différentes. En fait, les études montrent que les enfants uniques ont moins besoin que les autres des services d'orientation scolaire et psychologique, bien que l'on accuse souvent leurs parents d'avoir à leur égard un comportement ultraprotecteur.

L'inventaire des préférences en ce qui concerne la dimension de la famille constitue une catégorie différente de recherche. Presque partout, le nombre considéré comme idéal va de deux à quatre enfants. Tout récemment, on a constaté un revirement remarquable des opinions exprimées à ce sujet aux Etats-Unis. Alors qu'auparavant on ne trouvait qu'un nombre négligeable de personnes souhaitant ne pas avoir d'enfants ou n'en avoir qu'un seul, on est passé, dans des sondages effectués parmi les étudiants, à une proportion de 15 % ou plus.

Toujours aux Etats-Unis, un autre changement révélateur peut être observé dans le comportement relatif à la fécondité: les jeunes femmes retardent de plus en plus mariage et premier enfant. La proportion des femmes célibataires après l'âge de 21 ans a augmenté de plus d'un tiers en quelques années. Ce phénomène reflète une quantité de choses: l'accès plus large des femmes à l'éducation et aux divers métiers; la meilleure acceptation de leur indépendance par la société; la mise à leur portée de moyens contraceptifs et la légalisation d'un avortement médicalement sûr; la mise en question du mariage et de la maternité précoces; la conscience de la nécessité d'un apprentissage du métier de parent; la perception de la pression exercée par la croissance démographique. Le fait de retarder le mariage et la maternité ne doit en aucune façon être pris comme un refus de ces institutions essentielles de la société. Au contraire, le comportement des jeunes dans ce domaine témoigne d'une appréciation de l'importance de la famille plus juste que celle de leurs prédécesseurs.

Construire une famille

Jusqu'à une époque récente, la manière la plus courante d'établir un plan de famille était de faire d'abord des enfants et puis, une fois que l'on avait atteint le nombre désiré, de s'arrêter. Aujourd'hui, on reconnaît qu'il est de toute première importance de planifier la première grossesse. Tant du point de vue de l'équilibre psychologique que de celui de l'adaptation conjugale, il est incontestable que le passage à l'état de père ou de mère est un événement capital, peut-être le plus important de la vie d'un jeune adulte. Pourtant jusqu'à présent, dans la majorité des cas, ce passage s'est produit par accident. Il est malheureux que les services d'information conjugale et de planification des naissances soient encore bien inférieurs aux besoins et qu'en conséquence l'avortement demeure l'ultime recours des jeunes femmes. (Aux Etats-Unis, les patientes qui se font avorter sont, pour la plupart, des célibataires enceintes pour la première fois et qui n'apprennent les méthodes de contraception qu'après l'avortement.)

Jusqu'à tout récemment, et malgré le souhait de presque tous les couples d'avoir au moins un enfant, la naissance de ce premier enfant n'avait pratiquement jamais été prévue ni préparée. Cette constatation est assez paradoxale. Par contre, en retardant la maternité, le couple aura l'occasion de bien réfléchir avant de décider s'il veut ou non avoir des enfants, combien et à quel rythme. Dans cette perspective, il ne fait guère de doute que la proportion des couples sans enfant va augmenter, ainsi que celle des couples à enfant unique.

L'enfant unique n'est pas désavantagé dans le monde d'aujourd'hui, et ne le sera pas dans le monde de demain. Au contraire, qu'il soit fille ou garçon, il sera favorisé. Il n'est pas nécessaire d'offrir un frère ou une soeur à un premier-né pour aider celui-ci à s'intégrer dans la société. Quant aux minorités ethniques qui estiment que la force réside dans le nombre, il faut leur dire que l'opposition entre quantité et qualité semble bien s'accentuer à mesure que la société se modernise, et qu'il devient de plus en plus important de doter chaque enfant d'un investissement ou d'un soutien éducatif et économique accru. Bien sûr, il serait mauvais que tel ou tel groupe décide pour tel ou tel autre de l'attitude à adopter sur le problème de l'effectif familial. Il s'agit là de décisions strictement personnelles que tous les individus concernés doivent pouvoir prendre librement…









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève