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LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Vivre avec…

Le genre costaud, l'appétit plutôt aiguisé, pendant près de quatre ans; puis une soif de plus en plus intense, mise sur le compte de l'atmosphère desséchée par un chauffage précoce ou de la possible petite bringue à la rentrée au jardin d'enfants. Mais lorsque le verre d'eau se remplit de nuit comme de jour, lorsque la peau se fane, que la déshydratation menace…
Diagnostic posé peu après l'admission en clinique: diabète; un mois d'hospitalisation; nos rythmes quotidiens s'assourdissent, le contour des projets dessinés à l'horizon s'efface. Lectures multiples, du médical au social, du style familial au scientifique. Initiation très précise, par les médecins, au traitement quotidien - injections d'insuline, analyses d'urine; nous y participons dès la seconde quinzaine, ce qui certainement permet à chaque membre de notre trio familial de s'adapter peu à peu à cette nouvelle (et provisoire) interdépendance, et à notre enfant, en particulier, de percevoir une continuité du traitement.
Sans nous représenter encore la situation nouvelle dans son ensemble, nous pouvons déjà assembler des morceaux parmi l'information reçue, et surtout nous appuyer sur quelques idées force, que nous gardons d'ailleurs toujours encore à portée de moral en cas de… panne: au-delà du caractère chronique de l'affection, considérer ce diabète comme un nouvel état, un nouveau statut d'existence; vivre avec et non survivre; éviter la surprotection de l'enfant, instituer une relation de confiance médecin-famille, cultiver une provision de lucidité + courage + volonté qui mènent peu à peu l'enfant à se libérer de la tutelle médicale et familiale, à «devenir son propre médecin» (selon le Prof. Mégevand). Pas moyen de sentir l'isolement entre ces grandes voies de soutien; on se sent épaulé, raccroché.
Une année plus tard se constitue pourtant le groupe des mères d'enfants diabétiques après quelques expériences significatives, des renseignements ici ou là, pas mal d'hésitations et de nombreuses réflexions. L'accueil très cordial et fraternel reçu lors de notre inscription à l'Association genevoise du diabète (A. G. D.) est déterminant à cet égard: pouvoir parler à un interlocuteur laïque mais concerné, sans recueillir de sa part exclamations de pitié, récriminations contre l'injustice du sort, consolations douceâtres au pauvre chéri, mais bien plutôt en percevant la force d'une sympathie, d'une solidarité réelles. Davantage orientés, cependant, par la force du nombre, vers les diabétiques adultes, l'A.G.D., consciente des problèmes propres au diabète juvénile, accepte de regrouper les parents inscrits.
Un premier noyau se réunit chaque trimestre, l'après-midi; dépannage, entraide pratique, confrontation d'expériences quotidiennes (familiales, scolaires, etc.). Quelques inscriptions nouvelles sont reçues lors de la journée des parents du premier camp d'enfants diabétiques fréquenté par notre enfant; elles amènent de nouveaux regards sur des thèmes toujours à fleur des discussions, quel qu'en soit le sujet précis. Par ailleurs après quelques réunions apparaissent des différences de conceptions en matière d'éducation, d'information des tiers, de contrôle médical, divergences fondées sur la nature du diabète de chaque enfant («léger», «difficile», etc.) et sur le moment de sa découverte (tout jeune, l'enfant doit s'en remettre entièrement aux soins de ses parents tandis que dès 9-10 ans, il est initié lui-même au traitement). Dernier point à considérer: le net refus de quelques parents de s'inscrire au groupe et la difficulté, pour d'autres, de parler objectivement de l'état de leur enfant à des tiers.
En octobre 1973, premier rapport sur nos activités! Nos contacts se sont étendus, un médecin nous a assuré de son soutien sur le plan proprement médical, les discussions sur des points pratiques débouchent toujours plus rapidement sur des questions d'éducation, de principe, de comportement, mettant en cause le père comme la mère, d'où très vite notre nom de Groupe des parents, et nos réunions le soir. Nous avons une voix au Comité de l'A.G.D. Des options se dessinent pour l'avenir, toujours relatives à l'information, à l'accueil, à la solidarité de fait, à la disponibilité; les écueils à éviter, prévus au départ - activisme, lamentations mutuelles, fausses recettes - ne se sont pas manifestés.
Une autre série de réunions aboutit, en 1975, à quelques sérieuses remises en question, de nous-mêmes et de quelques institutions. De nouveaux membres aspirent à des contacts plus resserrés, une action plus évidente, plus cohérente, nos séances deviennent mensuelles; un questionnaire interne permet à chacun de s'exprimer sur la forme et l'esprit qu'il aimerait voir au Groupe. Dans deux mois, le G.P. aura une voix en propre à l'assemblée générale de l'A.G.D. pour lire son dernier rapport d'activité (en particulier sa réflexion sur les camps); il prépare, en outre, un camp de ski, vient de lancer un appel à tous les parents d'enfants diabétiques de Suisse romande afin d'encourager leur regroupement régional; il va poursuivre ses fructueux contacts avec la Suisse allemande et continuera de s'informer des expériences étrangères grâce au travail de ses membres étrangers.
Je n'ai pas dit comment notre enfant accepte ses deux injections chaque jour, comment nous prévoyons l'organisation de chaque journée en fonction des prises alimentaires fractionnées et équilibrées, des analyses d'urine, de l'horaire scolaire, de celui du baskett ou de la flûte, du ski ou des Louveteaux-sans rien dire des interférences des désirs du cadet, des activités annexes de chacun et… de l'imprévu.. Grâce peut-être au jeune âge de notre enfant - 4 ans - à la découverte de son diabète, nous avons eu très vite l'impression d'acquérir un sixième sens qui permet ce léger décalage indispensable pour vivre les mille facettes du quotidien, qui favorise la perception du sens profond des multiples questions de l'enfant et incite à la réponse franche et sereine qui l'amènera peu à peu à franchir les barrières formelles dressées par son état, d'autant plus apparentes qu'elles s'opposent directement à notre époque de grande bouffe. Et l'Education, avec sa majuscule? Essayons de ne pas la restreindre à quelques points, si difficiles soient-ils (la question des injections par exemple) et de la maintenir au niveau de cette belle évocation trouvée quelque part: «Eduquer, c'est aider chacun à situer sa responsabilité vis-à-vis de lui-même comme vis-à-vis des autres.»









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