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La famille et la drogue

Sujet tabou, sujet passionnel, sujet culpabilisant, tout ce qu'on peut écrire sur la famille et la drogue est généralement très mal reçu. Mais à esquiver l'obstacle, on fausse complètement les données des stratégies de lutte contre la drogue.

Les parents d'aujourd'hui - autant que leurs enfants - ne sont ni meilleurs ni pires que ceux qui les ont précédés. Seulement, ils sont désemparés et inquiets avec une tendance à cristalliser leurs craintes sur l'arbre qui cache la forêt: je veux dire, la drogue.

Très peu de parents échappent actuellement à l'obsession de la toxicomanie, au point que chez beaucoup d'entre eux la réussite de l'éducation de leurs enfants se mesure à leur non-appétence pour la drogue. Et si jamais leur enfant se drogue, c'est souvent la stupeur, le désarroi, un violent sentiment d'injustice qu'ils éprouvent à la fois.

Il arrive que ces réactions traduisent un fort sentiment de culpabilité que certains parents tentent d'évacuer en rejetant la faute sur les autres cadres de la vie de l'enfant (l'école, les copains) ou sur les carences de l'appareil institutionnel (pouvoir politique, police, services médicosociaux). Ces attitudes stériles et destructrices ne font qu'ajouter à la confusion créée autour du problème de la drogue.

La famille européenne et américaine connaît, il est vrai, une crise sans précédent, mais dont ni les parents ni les enfants ne sont vraiment responsables. Les uns et les autres ont perdu leurs références profondes si bien que le fossé des générations se creuse à double sens, les adultes, malgré les apparences, se sentant aussi désinsérés que leurs propres enfants.

Passé l'âge d'or de l'enfance, les parents constatent progressivement que la transmission de leurs valeurs, les modèles qu'ils proposent ne passent plus, les renvoyant ainsi cruellement à la crédibilité de leur propre système de vie. Quant aux jeunes, en se coupant brutalement de l'identification familiale, ils vont devoir construire une philosophie de l'existence entièrement nouvelle, se créer des groupes affinitaires dans lesquels l'adulte n'aura aucune place. Entreprise périlleuse où l'échec des plus fragiles se soldera par la fuite dans l'expérience de la drogue.
Le pronostic peut paraître sombre, mais il est confirmé par une récente enquête chez les lycéens français qui montre que la grande majorité de leurs parents sont très attentifs à leur santé et très préoccupés de leurs résultats scolaires. Qu'en revanche, l'échange sur les sujets plus personnels, les problèmes graves, est pratiquement inexistant, "leurs parents vivant dans un monde à eux et ne les comprenant pas".

De cette description des relations parents-jeunes adultes, il y a beaucoup à retenir. En particulier, une demande sous-jacente et pathétique des jeunes visant à une communication authentique avec leurs parents allant au-delà des questions de santé et de scolarité.

Aussi longtemps que les parents maintiendront leurs réactions de prestance, de défense, de crispation à l'égard de leurs enfants, ceux-ci resteront des «étrangers dans la maison». Cette cassure ne peut être comblée que si on s'avise que l'éducation familiale est un phénomène global, un phénomène d'osmose grâce auquel les adultes ne restent plus coupés de l'évolution des idées et de la transformation des valeurs que les jeunes incarnent. Un vrai dialogue peut alors s'amorcer, vécu non plus dans une notion de dépendance mais de complémentarité.
Ce n'est pas s'éloigner de la drogue, bien au contraire, que d'insister sur la nécessité de rapports confiants, ouverts entre parents et jeunes. La famille, selon les espérances d'épanouissement qu'elle donne ou ne donne pas à l'enfant, favorise son désintérêt ou au contraire son attrait pour la drogue. Il est connu que la plupart des jeunes toxicomanes sont en difficulté avec leur milieu familial.

Il ne faut pas pour autant en inférer qu'un épisode de drogue révèle un milieu déficient ou perturbé. Les familles les plus normales ne sont pas à l'abri de ce genre d'incidents apparemment inexplicables. Leur survenance doit simplement être interprétée comme un signal d'alarme. Elle invite les parents à s'interroger sur l'état de leurs relations avec leur enfant, les milieux qu'il fréquente, les problèmes qu'il traverse, le cas échéant la nécessité d'une consultation.

Car en définitive, malgré le déplacement des cadres de vie de l'enfant hors de sa famille, les parents devraient être les meilleurs détecteurs du risque de drogue qu'il peut encourir. En effet, mieux que quiconque, les parents connaissent les habitudes de leurs enfants, leurs réactions, leurs humeurs; ils sont le mieux à même d'observer un certain relâchement scolaire ou certains indices révélateurs de perturbations physiques ou affectives.

Mais, répétons-le, il ne s'agit pas de céder à la hantise de la toxicomanie, d'entretenir une «espionnite» traumatisante pour le jeune, qui ne ferait que déclencher la catastrophe. Entre la politique de l'autruche et l'idée fixe, il y a place pour une certaine vigilance s'exerçant avec doigté et discernement.









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