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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Matière à réflexion pour l'été : Livres et textes choisis. Enfance et société

Erik-H. Erikson: Actualités pédagogiques et psychologiques. Ed. Delachaux et Niestlé, Fr. 22.-, 285 pages.

On a beaucoup écrit sur le développement de l'enfant et sur le rôle de la famille à son égard. Erik-H. Erikson va plus loin: il s'attache aux relations entre l'enfant et la société.
Son observation de cas individuels comme de sociétés entières (les Sioux, les Yuroks), l'étude de trois pays au moment de leur entrée dans l'ère industrielle (l'Allemagne, l'Amérique, la Russie) conduit peu à peu le lecteur à prendre conscience du réseau de relations réciproques qui se tissent entre l'enfant et le monde adulte.
Qu'est-ce qui favorise le développement du moi? Qu'est-ce qui l'entrave ? Par quelles étapes l'enfant doit-il passer pour pouvoir se sentir intégré dans la société ? Pourquoi l'homme garde-t-il si longtemps ses peurs et ses anxiétés ?
Ce ne sont pas des réponses décisives qu' Erikson propose à ce genre d'interrogations, mais des exemples concrets, des comparaisons, des réflexions, des hypothèses. Au lecteur de continuer sur la piste ouverte!
Pas facile-facile. Mais fort intéressant.


Elevés par ceux que nous élevons

Les parents qui ont la charge du développement de plusieurs enfants ont une tâche terriblement difficile. Ils doivent se développer avec eux.
Nous altérons la situation si nous considérons abstraitement que les parents ont telle ou telle personnalité à la naissance de l'enfant, personnalité qui resterait identique à elle-même et pèserait sur ce pauvre petit être. Car cette faible et changeante petite créature entraîne la famille tout entière. Les bébés dirigent et élèvent leur famille tout autant qu'ils sont dirigés par elle. En fait, nous pouvons dire que la famille élève un bébé en étant élevée par lui.
Quels que soient les schémas de réaction - qui sont donnés biologiquement -et quel que soit le programme de développement prédéterminé, ils doivent être considérés comme une série de potentialités pour des schémas changeants de régulations réciproques.

Première expérience sociale

La première modalité sociale apprise dans la vie, c'est: «Accepter ce qui est donné.» Et cela paraît plus simple que ce n'est en réalité. Car l'organisme nouveau-né, tâtonnant et instable, n'apprend à recevoir qu'en apprenant à régler ses systèmes organiques sur la façon dont la mère le soigne.
Il est clair alors que la situation totale optimum, nécessaire pour que le bébé apprenne à recevoir ce qui est donné, est une régulation mutuelle entre sa mère et lui, qui leur permette de développer et de coordonner simultanément sa façon à lui de recevoir et sa façon à elle de donner.
L'échange de détente ainsi développé est d'une importance primordiale pour la première expérience d'un autrui amical. On peut dire (quoique ce soit une façon de parler un peu mystique, évidemment) qu'en recevant ce qu'on lui donne et en apprenant à faire faire par quelqu'un ce qu'il désire, le bébé développe en lui les bases qui lui seront ultérieurement nécessaires pour recevoir le rôle de donneur, pour apprendre lui-même à donner.

Difficulté de trouver son identité dans le monde industrialisé

Les méthodes d'éducation dans les tribus conditionnent l'enfant dès les premières années à accepter des responsabilités sociales, tandis que, en même temps, les travaux qu'on lui demande sont adaptés à sa capacité.
Le contraste est grand avec notre société. Un enfant n'apporte aucune contribution de travail à notre société industrielle (…).
Les tribus primitives sont en relation directe avec les sources et les moyens de production. Leurs techniques sont des extensions du corps humain. Leur magie est une projection de leur conception du corps. Les enfants de ces groupes participent aux entreprises techniques et magiques. Le corps et l'environnement, l'enfance et la culture peuvent être pleins de dangers, mais ils ne font partie que d'un seul monde. Ce monde peut être petit, mais il est magiquement cohérent.
L'expansion de la civilisation, au contraire, ses stratifications et sa spécialisation rendent impossible aux enfants d'inclure dans la synthèse de leur moi plus que quelques segments de la société où ils vivent. La tradition elle-même est devenue un environnement auquel il faut s'adapter. Les machines, au lieu de rester des outils, et des extensions des fonctions physiologiques de l'homme, destinent des classes entières de gens à être des extensions des machines. L'enfance, dans certaines classes, devient un segment de vie séparé, avec son propre folklore.
L'étude des névroses contemporaines indique l'importance de cet écart entre l'éducation de l'enfant et la réalité sociale. Nous nous apercevons que les névroses comportent des essais inconscients et futiles de s'adapter au présent à l'aide de concepts magiques, fragments d'un passé qui continue à se transmettre par l'éducation. Mais les mécanismes d'adaptation qui avaient permis autrefois l'évolution, l'intégration tribale, la cohérence de la caste, l'uniformité nationale, etc., n'ont plus d'utilité dans un monde industriel.
Il n'est pas étonnant, par conséquent, que certains de nos enfants difficiles sortent constamment de leur jeu pour accomplir quelque action nuisible dans laquelle ils semblent interférer avec notre monde. L'analyse révèle qu'ils veulent seulement démontrer leur droit d'avoir une identité dans notre monde. Ils refusent de devenir une spécialité appelée «enfant» qui doit jouer à devenir grand, parce qu'on ne lui donne pas l'occasion d'être un petit partenaire dans un grand monde.

Les générations futures dépendront de l'aptitude de chaque individu à faire passer chez ses enfants un peu de l'enthousiasme vital qu'il aura sauvé des conflits de son enfance.









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