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Ni enfant, ni adulte

Vous trouverez ci-dessous des extraits d'une interview de M. Gaston Goumaz, directeur du Service médico-pédagogique de Genève et chargé d'un cours de psychologie de l'adolescence, à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation. Les réponses aux questions posées par M. A. Fornerod ont paru dans le numéro 5 de Perspectives professionnelles, sous le titre: «L'adolescent face à l'avenir professionnel». Nous avons retenu pour notre journal ce qui concernait plus particulièrement l'enfant à son entrée dans l'adolescence.

G. Goumaz: Vers la 12e année (avec, pour certains, un décalage important), l'enfant est confronté à des changements biologiques profonds (apparition des caractères sexuels secondaires, capacité de procréation), dont les répercussions, sur le plan psychologique et du comportement, sont importantes. L'équilibre relatif atteint pendant la période précédente, l'habileté lentement conquise à ménager des compromis entre les désirs personnels et le souci de se conformer aux exigences parentales, une certaine collaboration «parents-enfant», tout cela est, semble-t-il, remis en question, parfois brutalement. A tel point, que dans cet être contradictoire, d'humeur changeante, rejetant et agressif pour redevenir affectueux et tendre l'instant d'après, impulsif ou perdu dans ses réflexions, etc. les parents ont de la peine à retrouver l'enfant relativement stable auquel, après la petite enfance, ils avaient juste eu le temps de s'habituer.
Juger par soi-même, faire le tri des idées reçues, alors qu'on avait péniblement admis que l'adulte «avait raison», devenir indépendant, mais vivre néanmoins parmi les siens, revendiquer une liberté que l'on craint en même temps, être poussé à aller de l'avant alors qu'on aimerait revenir à des âges antérieurs, tout cela n'est pas facile et ne va pas sans à-coups, sans oscillations et tâtonnements.

A. Fornerod: L'adolescence ne se caractérise-t-elle pas par toutes sortes de décalages entre l'affirmation de l'autonomie et les besoins d'autonomie? Entre l'autonomie «morale» et l'autonomie «matérielle»?

G. Goumaz: Certes, le décalage qui subsiste entre différents aspects de la vie de l'adolescent est une cause de difficultés.
Du point de vue sexuel, par exemple, à partir de la fin de la puberté, les relations sexuelles seraient possibles. Rien n'empêcherait l'adolescent d'avoir une vie sexuelle comparable à celle de l'adulte, ou de vivre en couple.
Mais, dans le même temps, cet être, qui pourrait être autonome sexuellement, continue à dépendre de ses parents économiquement et ne peut apprendre un métier, ou terminer ses études, qu'en entretenant cette dépendance.
Il y a une certaine dérision à ce qu'un être humain, qui serait capable d'avoir des enfants, en soit réduit, par ailleurs, à réclamer son argent de poche…; de tels décalages créent inévitablement des conflits, d'abord à l'intérieur, ensuite avec l'entourage.
Pour l'adolescent, les parents ne sont plus ceux de l'enfance, ou de la petite enfance, ce sont «ces parents dont on aimerait bien se passer, mais dont on a besoin tout de même».

A. Fornerod: La maturation de l'instinct sexuel est-elle la seule responsable du passage de l'enfance à l'adolescence?

G. Goumaz: Certainement pas. Si la maturation de l'instinct sexuel donne une coloration affective importante à toute cette période, l'adolescence est aussi caractérisée par une nouvelle forme de pensée.
Jusqu'alors, l'enfant raisonnait sur des données concrètes, des objets présents qu'il manipulait ou se représentait. Vers 12 ans, une transformation fondamentale s'effectue dans la pensée; progressivement, l'adolescent devient capable de raisonner, non plus seulement sur des données concrètes, mais aussi sur des données abstraites, sur des propositions verbales; il est capable de dégager des lois, d'élaborer des théories et des systèmes, et sa pensée devient universelle et spéculative. C'est d'ailleurs avec un plaisir évident qu'il use de son intelligence, de sa tendance à l'intellectualisme, dans de longues conversations avec ses camarades. A noter qu'il peut n'y avoir aucune correspondance entre les idées défendues (souvent altruistes et généreuses), et le comportement quotidien au sein de la famille.

A. Fornerod: Le conflit entre les adolescents et leurs parents ne provient-il pas dans ce cas, avant tout, d'un malentendu?

G. Goumaz: En un sens, oui, dans la mesure où la crise d'adolescence est d'abord un conflit interne entre l'adolescent et lui-même. Les images parentales, c'est-à-dire la manière dont l'enfant a perçu ou ressenti ses parents au long des années, l'image qu'il s'est faite d'eux au travers des vicissitudes de la relation, ces images demandent à être remaniées, et surtout mises à distance. Le conflit externe avec les parents réels n'est souvent que le reflet du conflit interne avec les images parentales.
L'obligation de se détacher des parents de la période enfantine pour aboutir, avec les parents réels, à de nouvelles relations qui caractériseront l'âge adulte, est une des tâches difficiles de l'adolescence. C'est à ce moment-là, souvent, que des adultes extérieurs à la famille (professeur, parent éloigné, voisin, camarade plus âgé éventuellement), jouent un rôle important pour l'adolescent et offrent, pour autant qu'ils présentent des caractéristiques opposées à celles des parents, un point d'appui précieux.

A. Fornerod: Cette représentation, cette image que les enfants se font de leurs parents est-elle objective?

G. Goumaz: Non, bien sûr, puisqu'elle s'est constituée au cours de tout le développement de l'enfant et qu'elle est imprégnée des angoisses, mais aussi des plaisirs que celui-ci a pu vivre dans sa situation de dépendance biologique à l'égard de l'adulte.
D'autre part, l'image parentale témoigne d'une certaine façon de prendre l'existence et de la vivre. Des parents profondément désabusés, ou naïvement enthousiastes, des parents qui se contentent de peu, ou d'autres qui, au contraire, sont avides, des parents satisfaits ou insatisfaits, ne peuvent faire autrement que marquer de leurs caractéristiques personnelles l'éducation de leur enfant; cela, même s'ils se réfèrent et essaient d'appliquer un système éducatif aussi objectif et cohérent que possible. L'image parentale est donc porteuse aussi des attitudes profondes et souvent inconscientes des parents à l'égard de l'existence. Elle implique, à tout le moins, la façon dont l'enfant a ressenti, ou imaginé, à partir de certains indices ces attitudes profondes de ses parents. Elle joue donc aussi un rôle dans le choix d'un métier, les aspirations professionnelles, les goûts et répulsions, etc.









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