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En avant la musique
A la suite d'une émission radiophonique qui avait pour thème: le jeu, plusieurs auditrices ont été frappées par la réflexion d'un enfant qui s'exclamait: «Je n'ai pas le temps de jouer, parce qu'il faut que je «fasse» mon piano!»
Nous avons pensé intéresser les parents qui se posent des questions au sujet de l'enseignement musical, en donnant la parole à un professeur de piano qui, ayant connu les méthodes traditionnelles dans son enfance, a préféré choisir une autre voie pour ses élèves.
«Oh! non, moi à onze heures, je ne joue pas, je dois faire mon piano.» Cette petite phrase, nous l'avons tous soit entendue, soit prononcée. Le piano, l'instrument, n'est trop souvent qu'un devoir en plus. Je regrette que pour l'enfant et ses parents la musique ne soit alors qu'une «rallonge» de l'école: devoirs, examens, auditions, notes, classement, rivalités, tensions, énervements
L'élève ne joue plus un menuet de Bach, il joue son morceau d'examen !
J'ai bien peur que cette méthode trop rigide, ses exigences de rendement, tuent la spontanéité: l'enfant sait un morceau par coeur, sans fautes, avec des nuances bien apprises; il perd la simplicité de s'exprimer, même imparfaitement: «Non, je ne peux rien vous jouer, je fais encore des fautes.»
L'instrument devient un but en soi.
C'est bien dommage.
En réalité, un art, quel qu'il soit, est avant tout un moyen d'expression. Les dessins des petits nous enchantent par leur force expressive; très jeunes on danse, saute, frappe dans les mains avec la plus grande spontanéité.
La musique est l'art le plus immédiat grâce à la voix, au chant. Elle est un moyen d'expression, de communication; une possibilité de se réaliser, d'aller à la découverte des autres; elle développe une qualité d'écoute.
Grâce aux transistors, - disques, enregistreurs - l'approche des jeunes face à la musique a bien changé. Il ne s'agit plus de la «bonne musique» endimanchée: jazz, pop ou classique, pour eux c'est toujours de la musique. Sans forcément parler la même langue, ils se groupent autour d'une guitare pour chanter: pas question de savoir en quelle tonalité, en quelle mesure et si la voix est bien posée, ils s'expriment. Pas de compétition, mais un plaisir en commun.
La musique pour le plaisir.
Bien joli tout ça, me dira-t-on, mais pas très réaliste: il y a quand même la technique de l'instrument à acquérir, le solfège à savoir. Alors? Alors, on peut partir de la vie, de la musique: il y a des méthodes qui amènent l'élève à toutes les connaissances nécessaires, mais par un cheminement inverse des méthodes traditionnelles (où l'on impose le solfège avant d'aborder un instrument).
Le solfège doit être au service de la musique; on peut l'enseigner au fur et à mesure des besoins: si un enfant «vit» un rythme, il l'interprétera bien, même si, dans un premier temps, il ne sait pas intellectuellement de quoi il se compose. Si l'élève est sensible à un changement d'atmosphère dans un morceau, on pourra lui expliquer le principe de la modulation. Au moment où, dans une sonate, l'élève s'accroche dans une gamme, il voudra la maîtriser et comprendra l'utilité d'une étude des gammes. Alors il ne travaillera pas pour l'examen, mais pour être à l'aise dans sa sonate.
En conclusion, je dirai que ce sont les parents qui doivent décider quelle voie choisir; ceci en tenant compte du tempérament, de la sensibilité, de la santé de leur enfant: a-t-il besoin de discipline, d'une formation de caractère, est-il stimulé par l'idée des auditions en public, des examens?
Ou bien est-il paralysé par ces mêmes examens et désire-t-on lui permettre de connaître la musique avec le minimum de contrainte; ou encore les exigences de l'école ne lui laissent-elles pas la possibilité d'un effort très suivi?
Il faut trouver la méthode, certes, mais aussi le maître, qui désire avant tout transmettre un amour de la musique qui permette à l'élève de s'épanouir.
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