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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Le remariage
Ce sujet, qui sera traité dans une émission radiophonique, fait aussi l'objet d'une brochure que vous pouvez obtenir à l'Office protestant de consultations familiales et conjugales, rue de la Madeleine 10, 1204 Genève. En voici deux extraits:
Le passé toujours vivant
Que votre partenaire soit veuf ou divorcé (ou que ce soit vous qui le soyez), il est inévitable de compter dès le départ avec le passé.
Vous me direz peut-être que, de toute façon, chacun de vous vit avec son passé à l'arrière-plan. C'est vrai. Mais, à la suite d'un divorce ou d'un deuil, ce passé pèse d'un poids plus particulier sur le présent.
Dans votre désir de repartir sur un bon pied, vous serez tenté peut-être de fermer les yeux sur la tranche de vie qui a précédé votre union actuelle. Ce serait tellement confortable de partir à zéro et de reconstruire tout à neuf!
Un peu comme le pilote du bateau déciderait de ne pas consulter la carte maritime, afin de mieux éviter les hauts-fonds et les récifs
Même si cela demande beaucoup de courage, il est préférable de regarder la réalité en face.
Or, la réalité, c'est que vous serez rarement vraiment seule à seul avec votre nouveau partenaire. Le réseau des relations qui ont existé avec celui qui est décédé ou qui est parti ne peut pas s'effacer du jour au lendemain. Il faut quelquefois beaucoup de temps pour que la nouvelle greffe prenne quand l'arbre a été meurtri profondément.
Si c'est vrai pour les adultes, c'est encore plus vrai pour les enfants. Car ils sont davantage tributaires de leurs sentiments. Pour les plus jeunes, en particulier, perdre son père ou sa mère, c'est se sentir abandonné.
Plus tard, à l'âge de l'attachement oedipien, c'est le sentiment d'avoir été trop «méchant» ou indigne d'affection.
De toute manière, quelles que soient les manifestations visibles (rêveries, distraction, agressivité déconcertante), il y a tout au fond une blessure qui n'est pas encore cicatrisée.
Sans compter la belle-famille d'«avant» qui, elle aussi, existe bel et bien, reste souvent attachée et ne peut être écartée du réseau des relations. D'autant moins qu'elle a généralement été appelée à jouer un rôle important de dépannage pendant la période transitoire.
Alors, plutôt que de vous encombrer de toutes ces complications affectives (couronnées par l'irruption d'une troisième paire de grands-parents), auriez-vous mieux fait de rester seul avec votre enfant? Sûrement pas!
Car cet enfant a besoin d'un père et d'une mère pour mener à bien son évolution. Et la tentation de se replier sur une intimité restreinte risque de vous faire courir à tous les deux, plus tard, des déséquilibres difficiles à compenser. Certains enfants en ont d'ailleurs l'intuition et se mettent en quête de partenaires possibles à proposer au parent qui croit devoir se «sacrifier» pour lui
Une réalité nouvelle
Les complications et les tensions d'une famille normalement constituée sont donc préférables, à beaucoup d'égards, à la tranquillité souvent trompeuse d'une sorte de repliement sur soi.
Ceci dit, nous pouvons nous demander comment procéder pour établir des contacts satisfaisants entre «ce qui reste» de l'ancien foyer et le nouveau parent.
Pour simplifier et y voir un peu clair, prenons le meilleur cas: celui d'un adulte vraiment adulte, qui a pleine conscience de ce qu'il fait et qui est désireux de se donner aussi bien à l'enfant qu'à son partenaire. La bonne volonté suffira-t-elle?
Peut-être. Mais à condition qu'il soit capable de se souvenir de ses propres sentiments à l'âge de l'enfant (ou des enfants) en question. Comment aurait-il réagi, à l'époque, si les circonstances l'avaient amené à adopter un second père ou une seconde mère? » Même si ce nouveau venu avait toutes les qualités, aurait-il pu en un tour de main prendre la place laissée vide par celui qui est parti ou qui est décédé?
Et d'ailleurs, un être vivant peut-il être remplacé par un autre?
Quand un pot à lait se brise, on peut en acheter un autre parfaitement identique qui rendra exactement les mêmes services. Mais un être humain n'est pas un ustensile. Il ne suffit pas de le poser là pour lui faire jouer le même rôle que celui qui l'a précédé.
Il ne s'agit donc pas de remplacer l'«autre», ni d'essayer de faire aussi bien. Ni mieux.
Il s'agit tout simplement d'être vous. Avec vos qualités. Et aussi vos défaillances.
A partir de cette réalité, deux questions importantes demandent réflexion: est-ce que votre nouveau partenaire et ses enfants sont d'accord d'accepter que la vie commune avec vous sera forcément un peu (ou très) différente de ce qu'ils ont vécu? Et vous, vous sentez-vous de taille à répondre dans la mesure de vos talents personnels aux besoins de ceux que vous vous apprêtez à adopter moralement?
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