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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUROrdre, désordre, lits pas faits… Ça continue… (1) Il n'y a personne de plus mal placé que moi pour intervenir dans un débat concernant l'ordre, les automatismes, les bonnes habitudes. Car c'est le secteur de l'éducation où j'ai échoué le plus totalement. Et pourtant, je croyais être partie sur une bonne base. Ayant enseigné huit ans dans une classe de trente-cinq élèves réunissant les quatre premières années, je croyais connaître assez bien mon métier. Je n'étais pas maniaque, non. Mais je vous jure que ma classe faisait beaucoup d'effet. Les pupitres étaient alignés. Les élèves étaient polis. Ils levaient la main avant de parler. Leurs cahiers étaient vierges de toute rature et de toute tache. Mais je ne les avais que six heures par jour. Je ne vivais pas jour et nuit avec eux. Je ne me sentais pas entièrement responsable de leur évolution. Les choses me sont apparues sous un éclairage tout différent le jour où j'ai voulu commencer à appliquer à mon propre enfant mes principes de pédagogue diplômée. J'ai découvert qu'un être humain en formation n'est pas un objet d'argile qu'on peut façonner selon une théorie-type valable pour tous les cas. Les habitudes de discipline qui semblaient si bien réussir à d'autres mères, ou dans ma classe, se révélèrent rapidement inapplicables ou nocives pour notre fille. Le seul facteur qui pouvait l'inciter à s'adapter à la réalité c'était une bonne relation affective entre elle et nous. Les gestes de routine, les bonnes habitudes, les services prêtés avec régularité, les horaires stricts, les plans bien établis ne constituaient pour elle ni une base, ni un cadre; ils l'éteignaient. J'entendais dire autour de moi: il faut exiger! Moi, j'avais l'impression qu'en exigeant, je l'étouffais. Aussi, comme je souhaitais qu'elle respire et qu'elle vive, j'ai renoncé à mes principes si rassurants (pour moi…). J'ai essayé de naviguer à vue sur des eaux totalement différentes de celles que j'avais connues jusque là. Résultat? En vingt-six ans de vie commune, si elle a fait dix fois son lit spontanément, c'est le bout du monde. Sa chambre a ressemblé pendant longtemps à un chantier où chaque mètre carré était occupé par une «création» en voie d'achèvement. Ensuite, elle s'est transformée en discothèque-bibliothèque où les disques, les livres et des instruments de musique de toute sonorité ont remplacé les bricolages. Je n'ai donc strictement rien à suggérer aux parents qui sont aux prises avec des problèmes d'ordre. Je peux seulement dire que, pour moi, s'il faut choisir entre la discipline et la vie, j'opte pour la vie. Quitte à avoir un peu honte, quelquefois… (1) Voir numéros d'octobre et décembre 1976 |
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