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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURLe père et l'allaitement maternel Comme tout autre point dans le domaine éducatif, la décision d'allaiter un enfant devrait se prendre à deux. Il est important que le père, comme la mère, prenne cette décision en toute conscience des arguments réels et valables et non en fonction des bruits qui courent ou des expériences plus ou moins réussies de leur entourage. Nous allons donc tenter de répondre à un certain nombre de questions qui nous sont souvent posées, soit par les maris, soit par les femmes, lorsqu'ils prévoient que leur enfant sera nourri au sein. Le père ne risque-t-il pas de se sentir inutile, voir exclu, puisqu'il pourrait donner des biberons alors qu'il ne peut donner le sein ? Cela peut effectivement se produire et pour que le père ne souffre pas trop de cette légère «mise à l'écart» momentanée, il est important qu'il soit convaincu que le choix qu'il a fait avec sa femme représente ce qu'il y a de mieux pour l'enfant. Par ailleurs, il y a mille autres choses qu'un père peut faire pour son enfant: le baigner, le changer, donner des biberons d'eau ou de tisane, le porter dans le porte-bébé… Le danger de voir la mère s'approprier le nouveau-né et exclure le père de tous les soins qu'on lui prodigue guette aussi, et combien! les couples qui choisissent l'allaitement artificiel. Le plus important en fait est d'avoir une relation adulte entre mari et femme. L'homme qui considère sa femme un peu comme sa mère et a pris l'habitude de se faire soigner et dorlotter risque effectivement de se sentir frustré par la relation si étroite qui se noue entre sa femme et l'enfant nouveau-né. Il risque même d'être choqué par la disponibilité diminuée de sa femme, du point de vue ménager et affectif. Par contre, si le couple a une relation de collaboration entre partenaires, différents mais égaux, il semblera normal au mari qu'élevant ensemble cet enfant, il assume une part des tâches quotidiennes à la place de sa femme, puisque celle-ci prend en charge tous les repas de l'enfant. Lorsque l'on pratique l'allaitement à la demande, ne devient-il pas impossible d'assurer au mari des repas à heure fixe ? Il est possible que les toutes premières semaines, l'enfant réclame un grand nombre de repas (sept à dix) et à des horaires très irréguliers. Il faut donc pendant cette période s'organiser un peu. Pensez aux surgelés, aux repas pique-nique, au café complet, qui ne demandent que très peu de préparation et peuvent être chauffés à la dernière minute, même par un homme très incompétent. Mais n'oubliez tout de même pas qu'une mère qui allaite doit avoir des repas équilibrés et riches en protéines, vitamines et sels minéraux. Pensez aussi que l'on n'a pas besoin de s'isoler pour allaiter un enfant et que vous pouvez le prendre avec vous à table et lui donner le sein tout en bavardant un peu. Ne vous croyez pas obligée de le changer rituellement après la tâtée, ce qui prolonge terriblement la séance; voyez seulement s'il est sale et s'il en est visiblement incommodé. De toute façon, la plupart des enfants adoptent relativement vite un horaire qui leur est propre et que la mère peut prévoir. Ils supportent aussi de mieux en mieux que les repas soient légèrement avancés ou retardés et têtent de plus en plus vite. Tout ceci rend ces problèmes d'horaires très vite absolument négligeables. L'allaitement maternel ne pose-t-il pas de problèmes au niveau des relations sexuelles dans le couple ? Pour certains couples (mais non pour tous) la grande sensibilité des seins surtout durant les premières semaines, les écoulements occasionnels et même les changements de type esthétique sont vécus comme gênants sur le plan sexuel. Il semble que cette gêne soit en grande partie liée à l'acceptation plus ou moins honnête et profonde de l'allaitement maternel. D'autre part, il est certain que notre société considère comme objet sexuel de prédilection la femme jeune, très mince et peu formée, ce qui n'a rien à voir avec la mère de famille (même jeune et belle) qui allaite et qui garde pendant un certain temps des formes plus abondantes! Il est peut-être intéressant de réfléchir sur ce point et de discuter ouvertement dans le couple de l'importance que cela revêt pour chacun. Il faut aussi considérer qu'il est normal et courant que la mère qui vient d'accoucher n'ait plus, pendant un certain temps (parfois plusieurs mois) le désir d'avoir des relations sexuelles fréquentes. Ceci est d'ailleurs tout aussi valable pour la mère qui n'allaite pas, mais peut être prolongé dans le cas où elle le fait. Pendant ces premières semaines, son rôle de mère prend souvent le pas sur son rôle de femme, ce qui n'est certainement pas le cas pour le mari chez qui le sentiment d'être père ne vient souvent que très lentement. De nouveau, il est très important que ceci soit discuté dans le couple, sans gêne ni fausse pudeur, cela évite bien des malentendus et des tensions. Le mari ne va-t-il pas avoir l'impression que sa femme s'exhibe si elle allaite en public ? Ce sentiment peut exister et il est principalement lié à notre société où les seins ne sont considérés que selon leur fonction érotique et non selon leur fonction première et toute naturelle de nourrir les enfants. Si cette gêne existe, soit chez le mari, soit chez la femme, il est de toute manière possible d'allaiter discrètement, dans une chambre à part ou simplement de porter des vêtements pratiques (genre blouse-casaque). Il est peut-être aussi important que la mère ne fasse pas de l'allaitement le centre de sa vie et ne donne pas l'impression qu'«elle ne pense qu'à cela!». |
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