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Pourquoi toujours «non»?
«Non, non, non et non!»
Après ce coup de trompette, vous vous êtes assise, essoufflée, sur le premier siège venu. Le son éclatant de votre propre voix résonne encore dans vos oreilles et, au-dedans de vous-même, tout bas, très bas il vous semble entendre: «Non? Au fait, pourquoi lui ai-je répondu non? Qu'est-ce qui m'a fait monter comme une soupe au lait?»
Vous n'êtes pas méchante; tout au plus un brin chatouilleuse sur certains principes et imbue de votre prestige de mère de famille dont vous vous croiriez lésée si vous ne faisiez montre d'autorité à toute heure du jour. Vous êtes de bonne foi et persuadée d'agir au mieux en mettant votre veto comme une barricade devant les désirs des enfants. «Il faut bien les éduquer, leur faire sentir que dans la vie on ne peut satisfaire chaque caprice», direz-vous. D'accord, mais examinez-vous un moment
Cette barricade, n'est-elle pas plutôt destinée à vous protéger contre vous-même, à vous prouver que vous êtes de force à lutter contre l'ambiance tourmentée dans laquelle grandit la jeune génération? Votre coeur, lui, dit oui, et c'est pour ne pas l'entendre que vous élevez la voix en disant non.
Cela est devenu une habitude; à peine votre enfant s'approche-t-il pour présenter une requête que vos traits se durcissent. Vous êtes d'ores et déjà sur la défensive. L'enfant intercepte votre pensée et, au lieu de rester naturelle, sa demande devient un tantinet arrogante: lui aussi s'est mis instinctivement sur la défensive.
Vous savez pertinemment que les barricades se contournent, se prennent d'assaut ou se détruisent. Au moins huit fois sur dix, votre non doit battre en retraite. Mais il en aura fallu, des mots, des discussions, des prières et quelquefois des pleurs, pour parvenir à un résultat qui aurait pu s'obtenir tout simplement si, au lieu de dire non sans réfléchir, vous aviez tourné votre langue sept fois dans votre bouche! Ceci est une bonne vieille méthode qui donne à chacun le temps utile pour peser le pour et le contre de ses paroles.
Ne trouvez-vous pas que votre autorité souffre bien plus d'un non que vous êtes obligée de rétracter que d'un oui accordé de bon coeur ? Ne vous est-il pas arrivé de ne savoir comment vous sortir de l'embrouillamini dans lequel vous a placée ce non intempestif?
Vous êtes juste et vous n'êtes pas têtue
aussi ne vous est-il pas possible de maintenir, une fois prononcé, ce non malencontreux lorsque vous vous êtes aperçue qu'il était vide de sens.
Il faut changer de tactique, sinon vous risquez fort d'obtenir exactement le contraire de ce que vous souhaitez. Aimez-vous qu'on vous réponde non, sans rime ni raison, à tout et pour tout? Non: c'est lassant et la confiance s'use peu à peu. N'est-ce pas - et de beaucoup - plus agréable pour toute la famille lorsque chacun de ses membres sait qu'il peut compter sur un oui bienveillant dans tous les cas où celui-ci est possible, où il n'existe pas de raison majeure de dire non? Dans ce dernier cas, le non est plus facilement accepté car tous possèdent la certitude qu'il ne peut en être autrement.
Dans la vie quotidienne, on rencontre suffisamment de gens toujours prêts à dire non, systématiquement. Cette négation devient partie inhérente de leur personnalité, ils rendent la vie pénible à ceux avec qui ils travaillent et à leurs proches, et ils ne se facilitent pas ainsi l'existence. Comment peut-on être heureux avec une négation constante aux lèvres? La vie veut que nous lui disions oui. Ce n'est pas en disant non qu'on l'apprivoise.
Dire oui chaque fois que rien ne nous en empêche, c'est nous mettre en quelque sorte dans la situation de celui qui donne - et donner est toujours bénéfique. Lorsqu'un non ne peut être évité, il y a encore la façon de le dire. Votre interlocuteur doit pouvoir sentir votre bonne volonté. Si vous vous adressez à vos enfants, les temps de l'obéissance passive étant révolus, expliquez-leur autant que faire se peut les raisons qui vous incitent à dire non. Vous savez bien que si vous les traitez en petits personnages intelligents et capables de comprendre le pourquoi de certaines interdictions, s'ils sont persuadés que votre coeur est un seul oui pour leur bien, vous aurez gagné la partie.
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