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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURLes dangers de l'Ecole pour le caractère On parle souvent de la grande valeur éducative des habitudes de travail que les enfants prennent à l'école, et l'on oublie quelles pratiques, désastreuses pour le caractère, de mensonge et de tromperie, d'ambition surexcitée et d'arrivisme sont combinées avec ce travail scolaire et développées par lui si l'on ne veille attentivement sur l'enfant pour l'aider à traverser ces tentations. On parle souvent de la valeur éducative des camaraderies d'école, et l'on oublie que cette camaraderie ne peut exercer une action morale que sous l'influence d'avertissements et d'inspirations qui doivent être très puissants et soigneusement réfléchis. Sinon, cette même camarderie devient le plus dangereux des foyers d'infection pour toutes les contagions morales et risque d'amener la corruption de l'individu par la masse. C'est en tous cas une erreur funeste, de croire que la vie de l'école exerce, comme telle, une action morale. Il importe au contraire que nous ayons nettement présents à l'esprit les innombrables dangers qu'elle fait courir au caractère, pour savoir tenir prêts les contrepoisons nécessaires et ne pas nous contenter de rétablir par des représailles un ordre extérieur, à l'abri duquel la corruption morale la plus profonde continuerait son oeuvre fatale.... Pour ce qui concerne la vie en commun, elle n'est pas dangereuse seulement par l'action, incontrôlable, de la masse sur l'individu, mais encore par les habitudes que les enfants prennent dans leurs rapprots les uns avec les autres. Un éducateur anglais a dit avec raison que la morale qui se forme dans un troupeau d'écolier est toute semblable à la morale primitive des tribus sauvages: on le constate dans de nombreuses pratiques de vengeance et de mise à l'interdit. Il est très nécessaire de ne pas attendre pour réagir contre ces habitudes le moment où elles apparaissent à la surface et nécessitent une intervention disciplinaire, mais de s'occuper d'elles pour les prévenir. On ne doit pas se borner à prêcher sur la patience et le pardon, il faut montrer aux enfants que le triomphe qu'ils remportent sur leurs instincts de vengeance, est la marque de leur complète indépendance à l'égard de l'offenseur, l'indice d'une liberté intérieure à laquelle rien ne peut porter atteinte. On pourrait recommander aux enfants de s'habituer à travailler au milieu du bruit des conversations; il y a là un exercice de volonté qui prend une valeur en quelque sorte symbolique; savoir faire son devoir sans se préoccuper de ce qui se dit à droite et gauche. On pourrait montrer que les baîllements sont contagieux, que le jugement des autres, leur bavardage, détermine notre attitude à l'égard du prochain; faire voir à quels dangers certaines amitiés exposent des caractères faibles, comment l'approbation ou la désapprobation d'autrui nous dirige. Il faut que l'enfant apprenne à fêter, comme un premier triomphe de sa véritable indépendance et une étape de sa maturité personnelle, la victoire qu'il remportera sur les rires et les railleries de ses camarades. On n'imagine pas combien rares sont les hommes qui savent être seuls de leur avis, combien puissant est le besoin d'être approuvé par son entourage, ni tout ce qu'on est prêt à sacrifier pour cette approbation. |
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