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Les mères - chefs de famille s'organisent
Quelles que soient les raisons de leur solitude, les mères chefs de famille sont très nombreuses. Deux associations leur sont ouvertes pour les aider à surmonter leurs problèmes: l'une à Lausanne depuis un an; elle compte déjà 80 membres. L'autre fait ses premiers pas à Genève.
Nous avons rencontré l'instigatrice de l'association genevoise, Françoise Kobr. Elle est psychologue. Son projet, qui prend forme aujourd'hui, a déjà toute une histoire.
- Oui, j'avais déjà créé en 1975, comme animatrice à l'Ecole des parents, un groupe pour les «parents seuls». Comme aucun homme n'y est venu, ce groupe est devenu celui des «mères chefs de famille». Il se réunit une fois par semaine, et aide les femmes à surmonter une période de crise, surtout lorsque la séparation est vécue de façon dramatique. C'est une aide psychologique, qui tend à une prise de conscience, à un développement personnel.
- Ceci n'est pas arrivé par hasard: vous aviez vous-même connu cette séparation.
- J'ai perdu mon mari il y a trois ans, et j'ai deux enfants de dix et treize ans. C'est pourquoi j'ai ressenti fortement ce besoin d'échanges avec des femmes qui ont fait la même expérience. J'ai été à la fois animatrice et participante, ce qui n'était pas facile. Je travaillais déjà à plein temps, mais j'ai dû travailler encore davantage
Pourtant il y a souvent moins de catastrophes financières pour les veuves que pour les divorcées. La situation des veuves est aussi plus «respectée» dans la société que celle des divorcées. Et sur la même échelle, les mères célibataires sont les plus mal placées.
- Les groupes de l'Ecole des parents vous ont semblé insuffisants ?
- Le manque de temps ne me permettait pas d'aller plus loin, mais je pensais en effet depuis longtemps qu'il fallait compléter cette action dans le sens de l'autonomie, de la responsabilité personnelle et de l'entraide juridique. Ainsi l'Association ne sera pas dirigée par une animatrice, mais ce sera une affaire d'équipe orientée vers un autre type d'information, de contact de défense juridique et sociale. Nous avons plusieurs buts. Par exemple:
• La récupération des pensions pour les divorcées et célibataires. C'est un gros problème actuellement.
• Les problèmes liés au changement de nom.
• Les problèmes financiers, les démarches à faire auprès de l'AVS, ou «comment vendre la voiture de mon mari?»; le bail, le problème des tutelles, le choix des avocats. Notez qu'une femme peut très bien venir avant un divorce, dès qu'elle est face aux difficultés d'une séparation. On ne propose pas les services d'un juriste, mais un échange d'expériences. Celles qui ont «passé par là» et s'en sont bien sortis peuvent éviter beaucoup d'embûches aux autres.
• L'information. Il faut connaître les lois, les possibilités de dépannage ou de vacances pour les enfants.
• La rencontre. Il s'agit de rencontrer des interlocuteurs sur un plan d'égalité, d'adulte à adulte. Il ne s'agit pas de paternalisme mais d'entraide, avec l'avantage d'une compréhension immédiate.
- On parle souvent des vexations que subissent les mères seules.
- Elles ont en effet l'impression de demander sans cesse la charité pour
des choses qui leur sont dues. Les employés des administrations ont un redoutable pouvoir d'intimidation et certains ne s'en privent pas. Mais chaque femme ressent cela selon son caractère personnel. Elles n'apprécient pas non plus d'avoir leur état-civil inscrit sur les enveloppes: «Mme Vve
» ou «Mme X, divorcée
» Ce sont des détails, direz-vous, mais parfois pénibles. Il est clair qu'on se sent plus sûr de soi, moins vulnérable, dès qu'on est soutenu par une association officielle.
- Pourquoi pas une association mixte de «parents seuls» ?
- Cette question reste ouverte. Les pères divorcés ont déjà créé à Genève une association de défense juridique. Des échanges pourraient être fructueux quoique leurs problèmes soient très différents, et je ne serais pas du tout opposée à la mixité. Mais l'avantage d'une association féminine pour le moment n'est que beaucoup de femmes se sentent nettement plus à l'aise pour discuter entre elles. La réflexion peut aussi s'élargir sur le plan du féminisme. Nous en jugerons selon nos premières expériences, puisque c'est un début.
Les associations «Mères chefs de famille» sont ouvertes à toutes les
femmes intéressées. Voici leur adresse:
Pour Lausanne: Case postale 2084, 1002 Lausanne.
Pour Genève: Case postale, 1231 Conches.
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