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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURQuelques réflexions sur la position de la mère entre le père et les enfants Que la mère travaille à l'extérieur ou qu'elle reste à la maison, c'est elle qui passe le plus de temps avec les enfants. Il est donc inévitable que par un biais ou par un autre, elle soit amenée à parler du père avec eux. Elle devra répondre à certaines questions concernant leur père, ses réactions, ses soucis, son humeur, certains mots qu'il aura employés, certaines conversations qu'ils auront entendues, même par bribes. Dans un appartement, il n'est pas toujours possible de s'isoler, et le moment où les enfants dorment, s'il est le mieux choisi, n'est pas toujours celui où on a envie de parler. Donc, la mère, forcément donnera une image du père, et pour fidèle quelle l'ait voulue, ce sera toujours une image. Nous voici encore une fois tiraillées. D'un côté les enfants, curieux, insistants, exigeants, vivants, quoi, d'autre part le père avec lequel les fils veulent s'identifier et que la mère présente comme un héros, travaillant beaucoup et de ce fait privé de la famille. On protège son repos le samedi ou le dimanche matin alors qu'il ne demande pas cette protection. Alors que faire? Empêcher les enfants de jouer, de se faire entendre? Impensable! Permettre le tapage? Pas toujours, mais quand? Certes le dilemne n'est pas aussi aigu que les mots le montrent, mais il est bel et bien là. Faire l'éducation du père ou discipliner les enfants? Autrement dit, expliquer au père pourquoi les enfants ont fait ou dit telle et telle chose, et expliquer aux enfants pourquoi Papa a dit oui ou non, ou n'a pas répondu. Combien de fois ai-je eu l'impression que mon mari et nos enfants avaient une relation par mère interposée. Mais je me suis aussi souvent demandé si ce rôle devait me faire peur ou me rebuter. Dans cette image que la mère donne du père, l'enfant saura bien faire la part des choses. Souvent mes fils sont venus me trouver pour me désavouer triomphalement en disant: «Tu t'es trompée, Papa n'est pas de cet avis.» Les capacités d'observation des enfants sont telles qu'ils établissent très bien la coïncidence ou la divergence entre l'image du père que nous leur donnons et celles qu'ils se forgent eux-mêmes. Je me suis toujours sentie rassurée lorsque mes enfants me contredisaient au sujet de leur père, preuve ,que tout de même, je ne leur avais rien imposé. M'étant longtemps demandé si je ferais mieux de ne jamais parler à mes fils des soucis, même professionnels, de leur père, j'ai fini par conclure que ce serait très faux. Renvoyer les enfants aux calendes, dire que papa est fatigué sans jamais dire pourquoi, c'est déformer trop la vérité, et ne jamais dire que papa a des soucis, c'est montrer un être désincarné, irréel. Cantonner ces garçons dans un monde dont ils devront sortir fatalement, sans leur montrer celui des adultes m'a paru dangereux. Ne peut-on pas faire comprendre à un enfant qu'un travail à refaire est aussi contrariant que d'avoir perdu au jeu de l'oie et que l'échec ne porte pas à la bonne humeur. Il n'est pas juste de dire perpétuellement aux enfants de se mêler de leurs affaires, l'humeur qui règne à la maison, c'est bien leur affaire. Il m'est souvent arrivé d'en dire trop au gré de mon mari, ou en sens inverse au gré de mes enfants, mais tant pis, au moins selon moi, je m'imagine que tout le monde sait à quoi s'en tenir. |
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