Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Sens de l'enfant et sens de l'avortement

A propos du livre récent Le sens de l'avortement par Jean Kellerhals et Willy Pasini, édition Georg, Genève, 252 pages.

L'avortement? Un sujet qui choque, qui indigne, que souvent l'on évite d'aborder, qui divise les partis politiques, les groupes religieux, les générations. Un sujet tabou, mais un problème actuel: à Genève, une demande d'interruption de grossesse pour deux naissances vivantes!
Afin de déterminer ce que représente l'avortement pour les femmes qui le demandent et ce qu'il signifie pour notre société, les professeurs Kellerhals et Pasini ont organisé une enquête à Genève auprès d'un millier de femmes requérant une interruption de grossesse. Les résultats sont répartis en cinq chapitres permettant de répondre aux questions suivantes:

- Qui avorte?
- Y a-t-il eu échec de la contraception?
- Pour quel motif l'avortement est-il choisi?
- Comment est vécue la décision d'avorter? Qui est impliqué dans cette décision?
- Dans quelle proportion y a-t-il récidive?

Les auteurs concluent par une réflexion sur le rôle du médecin auprès de la femme qui vient lui présenter son problème.

Je ne veux pas ici résumer les réponses, je vous renvoie à la lecture de ce livre. Ne craignez rien: il ne s'agit pas d'une succession aride de statistiques, mais d'une réflexion à partir de ces résultats, dans un langage clair et une présentation bien structurée.
J'aimerais pourtant insister sur le «portrait» de la femme qui désire avorter, tel que l'enquête nous le révèle:
La majorité des requérantes ont entre 21 et 30 ans. Si elles sont mariées, elles ont déjà un ou deux enfants. Leur revenu familial est moyen, leur niveau d'instruction pas particulièrement bas. Elles désirent avoir un (nouvel) enfant dans l'avenir (particulièrement les célibataires).
Et voilà détruite l'idée trop largement répandue que l'avortement est demandé par de jeunes «gamines», irresponsables ou dévergondées, sans aucun sens maternel! Non! C'est d'abord un problème de femmes mûres, bien intégrées dans la société. Nous devons tous nous sentir concernés.

Le rôle de l'enfant

Ce qui me semble particulièrement intéressant pour les Entretiens sur l'éducation et que j'aimerais développer ici, c'est le premier chapitre intitulé «Itinéraire» qui traite de l'évolution du rôle de l'enfant dans la société occidentale.
Traditionnellement, l'enfant représentait une main-d'oeuvre, un potentiel militaire, donc un profit pour la société et pour la famille. Seul un grand nombre de naissances permettait de surmonter la forte mortalité infantile. L'enfant était ressenti comme une protection par ses parents, il les soutenait après leur retraite et il perpétuait la famille, son nom, ses biens. Le domaine familial devait rester en de bonnes mains!
Dans la société industrielle, avec l'urbanisation, les progrès de la médecine et de la prévoyance sociale et la mobilité géographique des couples, l'enfant ne peut plus remplir ces divers rôles. Ne devenant productif que beaucoup plus tard, il va coûter cher (longue formation professionnelle). D'un rôle économique qu'il ne peut plus jouer, l'enfant se voit attribuer un rôle affectif.

Autrefois

Autrefois, l'enfant avait une signification individuelle non seulement pour sa famille (au sens très large), mais aussi pour les divers groupes qui l'entouraient. Il appartenait à une communauté restreinte où il était reconnu en tant que personne par ses voisins, par l'église, par les autorités. Il était le pourvoyeur d'un statut social: avoir un enfant montrait que l'on était «dans les normes», en accord avec la volonté divine. Pour la femme, il était le seul moyen de devenir quelqu'un, de jouer un rôle.

Actuellement

Actuellement, pour la société, l'enfant fait partie d'une masse, de «la jeunesse» d'une ville. La famille s'est réduite au couple. Il n'est reconnu en tant que personne que par ses parents.
«Longtemps l'enfant à venir a forgé le sens du couple, son origine et son but. C'est aujourd'hui le couple qui forme le sens de l'enfant.»
Dans la mesure où un couple se réalise, s'enrichit par la présence d'un enfant, il a le désir et, je pense, le droit de choisir le moment de cette naissance. Un enfant ne représente plus un capital en lui-même, mais il est important par ce qu'il deviendra. C'est un futur adulte et ses parents vont insister sur son épanouissement. Ils désireront lui donner un maximum d'affection et de confort matériel. Or, ces exigences deviennent difficiles à réaliser dans notre société. La disponibilité des parents à l'égard de leur enfant entre en compétition avec le temps qu'ils consacrent à leur activité professionnelle, pour la femme en particulier. Le coût de la vie et des loisirs augmente. Nous aimerions offrir de grands espaces vitaux à nos enfants, mais les appartements modernes sont petits et les espaces verts disparaissent; l'éducation donnée par l'école traditionnelle n'est pas forcément conforme à nos idées; les catastrophes, les guerres, la pollution rendent le futur peu sécurisant; la TV, les journaux empiètent sur la relation parents-enfants.
L'enfant s'insère donc dans un projet. Or, l'avenir peut, au moment où la grossesse se déclare, paraître au couple peu favorable à une évolution de l'enfant telle qu'ils la désirent.

L'avortement, étape difficile, mais…

«La plupart des débats sur l'avortement se sont surtout préoccupés d'une orientation «vers le passé», c'est-à-dire d'expliquer la conduite en termes de contraintes passées ou présentes pesant sur les individus… Par contre, on construit un futur où, pour une quantité de raisons, l'enfant ne trouve pas sa place, à ce moment-là ou définitivement.»
Voilà, me semble-t-il, une raison suffisamment valable pour demander une interruption de grossesse. Mais, pour le pays, l'enfant a gardé, en partie, son rôle économique et militaire, d'où les tensions entre les désirs des couples et les lois antiabortives. Pour tenter de concilier ces intérêts divergents, on a essayé d'objectiver les situations où l'avortement pouvait être accepté: l'état de santé de la mère, le revenu économique du couple. Une image positive de l'embryon, qui devient humain à partir de tel stade précis de la grossesse, simplifierait encore le problème. Malheureusement, rien n'est plus subjectif que ces notions.
La santé est-elle un état d'équilibre du corps ou «l'aptitude de l'individu à gérer et planifier son existence en fonction de sa définition à lui de l'équilibre et de l'épanouissement physique, psychologique et social»?
Les images de l'embryon sont multiples, de l'image fondamentaliste qui définit l'embryon comme un être humain dès le moment de la conception à la perspective relationnelle affirmant que «l'existence humaine dépend du regard d'autrui», donc que l'embryon ne «prend figure humaine que lorsqu'il est sens pour autrui», particulièrement pour ses parents.
Il est probablement impossible de trouver une solution satisfaisant les conceptions de chacun. L'avortement reste une étape difficile, souvent culpabilisante. Une meilleure connaissance et utilisation des moyens contraceptifs devrait idéalement être la seule solution de contrôle des naissances. Mais les auteurs expliquent fort bien le pourquoi des échecs de la contraception.
Pour moi, l'augmentation du nombre d'avortements n'est pas un phénomène négatif. Au contraire, il traduit le besoin des couples et de la femme d'être responsables, libres de toutes contraintes, pour donner un sens à l'être qui va naître et lui offrir la meilleure qualité de vie possible.


Votation du 25 septembre

Nous vous rappelons la votation populaire du 25 septembre prochain qui portera notamment sur l'initiative «pour la solution des délais»; celle-ci propose que l'avortement soit autorisé dans les douze semaines après le début des dernières règles à condition qu'il soit pratiqué par un médecin et que la femme ait donné son consentement écrit.

Documentez-vous afin, s'il y a lieu, de vous former une opinion et, quelle que soit votre conclusion personnelle, allez voter.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève