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Bonne ou mauvaise nourrice?

Etre pleinement ce que l'on est: une expérience

Je crois que, de toutes les activités humaines qu'il m'a été donné de connaître, l'allaitement est celle qui m'a paru la plus complète. Mais pour parler de cette plénitude-là, je suis démunie, les mots me manquent. Il faudrait être poète pour dire l'allaitement à ceux qui ne l'ont pas connu, c'est-à-dire beaucoup de femmes et - ne l'oublions pas - tous les hommes.
Dire ce petit bruit incroyable, glouton et tendre, de l'enfant affamé qui tire de toutes ses forces les premières giclées de lait. Dire cette odeur aigre et délicieuse qui accompagne le réveil le matin quand on est trempée de son propre lait. Dire la caresse d'une minuscule main qui papillonne, effleurant le sein sans but et sans raison et qui, au rythme de la tétée, s'alourdit, s'ouvre et se pose. Dire ce corps à corps, ce contentement absolu de part et d'autre, ce temps qui dure des semaines ou des mois et pendant lequel l'angoisse est vaincue. Quand on nourrit soi-même son enfant, on sait pourquoi on existe.
Bien sûr, l'enfant absorbe aussi, avec quelques immunisateurs contre les microbes, des antidotes à l'angoisse. La relation entre la mère et l'enfant créée par l'allaitement sera source de sécurité et sans doute de bonheur pour lui plus tard. Mais il n'en sait rien, n'en saura rien. La mère, elle, sait qu'en allaitant son enfant, en passant ces heures parfois longues avec lui, en étant entièrement à sa disposition, elle fait bien son travail de mère. Cette tranquille certitude, elle en gardera la nostalgie sans doute pendant des années: car quand sommes-nous certaines, ensuite, de bien faire notre travail de mère, de faire le bien de nos enfants? Cette certitude absolue que le temps de l'allaitement est une chose rare et unique dans la vie d'une femme. Je ne comprends pas - mais chacun est libre de ses choix dans ce domaine - que l'on puisse y renoncer pour garder sa ligne ou sa «liberté». Car la liberté n'est-elle pas, en fin de compte, la possibilité d'être pleinement ce que l'on est? Or, je suis femme et je suis contente que mon corps de femme ait pu, pendant quelques mois de ma vie, servir pleinement. J'ai sans doute un sens excessif du rendement; j'avoue que j'ai aimé ce sentiment de produire quelque chose avec mon corps qui était, de plus, bon pour mon enfant.
Oh, je n'aurais pas voulu faire ça toute ma vie (le métier de nourrice ne me tentait guère…) ; j'ai aussi eu ma part de misères, de crevasses, maux de dos, lait trop abondant ou pas assez riche, ou cause de boutons sur la petite joue rose… Mais, malgré tout cela, et parce que je savais que c'était un temps, l'allaitement m'a découverte à moi-même, m'a fait aimer vraiment mon corps, et m'a appris à vivre l'instant présent.
Certes, l'esprit est mis un peu entre parenthèses. On n'a pas besoin d'être très futée pour allaiter; j'ai pourtant eu, pendant cette période, l'impression de faire quelque chose de très intelligent. Et je suis convaincue que l'esprit se nourrit, en même temps que l'enfant, de cette expérience dont le sens est à la fois évident et mystérieux.
Je racontais tout cela l'autre jour à un ami. Au fur et à mesure que je m'emballais, je le voyais devenir un peu triste. «Tu te rends compte, me dit-il, ce que c'est pour un homme de ne pas avoir vécu ça?»
Oui, je le comprends parce que j'en ai aussi la nostalgie.

Mab, «Tribune-Dimanche»


Autre expérience

Qu'il me soit permis d'apporter au sujet de l'allaitement maternel une contribution personnelle: j'ai connu des problèmes, car j'étais ce que l'on appelait à ce moment-là une «mauvaise» nourrice. Durant quelques semaines je me suis efforcée de donner à chacun de mes enfants le peu de lait qu'il était en mon pouvoir d'offrir. Vous pensez peut-être que je me suis tracassée pour ce manque de lait: pas du tout. J'avait décidé depuis longtemps de m'accepter comme j'étais. Par bonheur, mes enfants étaient robustes et supportaient à merveille l'alimentation dite artificielle. A aucun moment je n'ai eu l'impression de les frustrer de quoi que ce soit. En effet, il y a mille manières de montrer son amour à son enfant et particulièrement à son bébé. La confection des biberons était la chose la plus simple du monde. Il me devenait possible d'être un peu plus indépendante à l'égard de mon tout petit. J'ai pu me consacrer avec joie à mes autres enfants, à mon mari, sortir de la maison avec eux, bref me «renouveler».
Quelques heures après mes «escapades» je revenais vers mon bébé, détendue, enrichie par mes contacts à l'extérieur, encore plus enthousiaste pour m'occuper de lui avec patience et tendresse.
Ce n'est pas un plaidoyer contre l'allaitement maternel, mais c'est un encouragement que je voudrais donner à celles qui ne peuvent pas nourrir et qui se sentiraient vaguement coupables. Il faut faire les choses avec les forces que l'on a en soi et ne pas s'attrister sur des capacités qui nous manquent. En un mot: voir le bon côté de toute situation.

M. L.-W.









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