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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Lire ensemble: corvée ou plaisir?

Ils ont voulu manger tout seuls et nous leur avons appris à tenir leur cuillère. Ils se sont dressés pour marcher et nous avons tenu leurs mains. Ils se sont mis à parler et nous étions là pour les écouter, les comprendre et parler avec eux. Aujourd'hui, ils veulent saisir des livres, et nous sommes encore là. Que ce soit à la maison ou à l'école, les premiers contacts entre les enfants et les livres ont besoin, pour être réussis, de la présence d'un adulte. N'y voyons pas un «devoir» supplémentaire ni une «corvée» qui s'ajouterait aux autres. Pour peu que nous sachions nous y prendre, le plaisir des enfants sera bien vite aussi un plaisir pour nous.

Il n'est jamais trop tôt!

Le bon sens apparent voudrait que les enfants n'aient besoin de livres qu'au moment d'apprendre à lire. C'est déjà trop tard ! Dès que le bébé manifeste le plaisir de manipuler des pages et semble heureux de fixer son regard sur des images, le moment est venu de découvrir avec lui son premier livre. Situons cet âge entre 18 mois et 2 ans.

Plaisir partagé, plaisir utile

Achetons un livre choisi avec soin. Donnons-le, comme ça, tout simplement, à un petit. Il sera tripoté, retourné, manipulé, sucé, griffonné, abîmé, regardé indifféremment à l'envers et à l'endroit et puis vite abandonné ou mis en lambeaux. Déchiré avant d'être compris. Détruit sans être aimé.
Mais un jour où nous avons un peu de temps, prenons ce même petit enfant sur les genoux, ouvrons le livre à la hauteur de ses yeux, montrons-lui les images du doigt, laissons son regard prendre tranquillement possession du dessin, risquons une explication toute simple qui provoquera immédiatement questions ou commentaires, tournons chaque page lentement d'un geste simple qu'il saura vite imiter, fermons le livre et recommençons s'il dit «encore». Voilà un premier contact réussi.
Le petit enfant ne peut pas tout seul comprendre et aimer un livre. Il a besoin de l'aide de celui qui sait, explique, partage. Pendant plusieurs années, jusqu'à ce qu'il sache vraiment bien lire tout seul, nous allons être les médiateurs heureux et complices de toutes ses découvertes. Nous connaîtrons les livres par coeur (mais lui très vite aussi), nous les aimerons avec lui, nous le découvrirons à travers eux. Bref, nous n'avons pas fini de former, nous, les livres et notre enfant un étrange et fascinant triangle «dont chaque élément possède une égale importance; et joue un rôle irremplaçable».
De tous ses jeux, de toutes ses découvertes, de tous ses progrès et ses émerveillements, ceux provoqués par les livres seront sans doute les plus profonds, les plus significatifs et les plus émouvants. Et ce sont ceux que nous connaîtrons et partagerons.
Nous le verrons attentif, concentré, curieux, étrangement calme, écouter nos explications et «plonger» dans les images; nous le verrons comprendre, nommer et interpréter ce qu'il voit, établir un lien entre les images, puis entre les images et notre récit. Nous entendrons ses «pourquoi», ses «et puis», ses «encore», signes de son intérêt. Et si l'émotion ressentie devant le livre est profonde, c'est parce que ce petit enfant y trouve exprimée sa propre vie affective; par un mécanisme à la fois simple et complexe d'identification, il est autant lui-même dans l'écoute d'une histoire que dans ses jeux quotidiens. Là il se trouve et se construit à travers un «double» qui est le personnage de l'histoire et lui-même à la fois.
Parfois, il reprendra un livre tout seul mais il se passera difficilement de ces instants où un livre le rapproche de quelqu'un qu'il aime et qui l'aime. Puisque notre temps est limité, alors allons à l'essentiel. Ces moments de «lecture partagée» même brefs (de toutes petites tranches de cinq ou dix minutes) sont des instants privilégiés en raison de l'intensité de communication qui s'établit. Ce temps que nous croyons parfois perdre est celui en réalité, où se tissent les liens les plus forts, où notre enfant s'apaise, se réconforte, s'équilibre et progresse.

Le petit jeu des huit erreurs

- Lire à toute allure, loin de l'enfant.
- Répondre à ses questions par: «Tais-toi, laisse-moi continuer.»
- Lire une histoire à un groupe d'enfants trop nombreux (6 ou 7 moins de 4 ans, par exemple).
- Ne rien connaître du livre qu'on lit.
- Le détester.
- Lire en pensant: «Vivement que ce soit fini!»
- Croire qu'une fois ça suffit.
- Ne pas lui montrer les images.

Une erreur ça va! Deux ou trois: c'est grave! Les huit à la fois, c'est irréparable!

Les grands aussi…

Ce n'est pas parce qu'on commence à marcher qu'on peut traverser la rue tout seul. Ce n'est pas parce qu'on commence à déchiffrer qu'on sait lire. Trop de parents font cette erreur. Trop d'enfants familiers des albums pour petits se dégoûtent de la lecture vers 6 ou 7 ans parce que, sous prétexte qu'ils savent lire, on leur donne des livres trop longs, trop difficiles, et terriblement ennuyeux! On peut commencer à lire tout seul, des histoires simples, écrites en «gros caractères» sans être capable de tout lire!
Pour la lecture, 6-8 ans est un âge critique. De même qu'on ne sèvre pas brutalement un bébé, on n'ôte pas tout à coup à un enfant de cet âge le plaisir de partager un livre avec lui.
Il faut encore choisir, mais avec lui; peut-être encore lire à haute voix assez lentement, en lui faisant suivre du doigt le texte lu; sûrement encore dialoguer à propos du livre, de ses images, des personnages, du scénario.
Alors cette habitude de parler de ce que l'on lit, ce goût de dire ce que l'on comprend et ce qui touche, permettra à l'enfant de devenir progressivement un vrai lecteur, avide, actif et critique. Et le plaisir de lire né si tôt ne sera pas près de s'éteindre.









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