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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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L'harmonie en soi
Ne vous arrive-t-il pas, périodiquement, de désirer faire un peu d'ordre en vous-même? Ne seriez-vous pas reconnaissant à l'égard de celui qui vous aiderait à débrouiller quelques-unes des raisons qui sont à l'origine de votre sentiment de fatigue chronique? Vous demandez-vous parfois s'il est possible de vivre en paix avec soi-même et de se sentir libre d'accepter ou de refuser les multiples obligations qui jalonnent la vie ordinaire?
Vous l'avez souhaité cent fois comme des quantités de vos contemporains découragés, à bout de résistance. Mais les spécialistes de la psychologie avec un grand P vous inspirent plutôt de la méfiance. Et leur jargon émaillé de Problèmes, de Besoins, de Compensations, de Transferts vous donne envie de fuir. Vous aimez ce qui est vivant, concret, vécu.
Alors, l'ouvrage de Nadine Boucher * a beaucoup de chances de vous convenir. Il n'a pas la prétention d'être une oeuvre scientifique. Il ne s'appuie pas sur des dogmes psychanalytiques irréfutables. Il vous offre en toute simplicité le résumé des observations les plus frappantes que l'auteur a eu l'occasion de faire au cours de ses entretiens de psychothérapeute.
N. Boucher pense «être humain» avant de penser «problèmes». Son but est d'éclairer son interlocuteur - ou son lecteur - de manière qu'il parvienne graduellement à découvrir par lui-même les vrais motifs de ses comportements. Elle veut l'aider à «mettre à jour, pêle-mêle d'abord, avec ordre ensuite, tous les échafaudages de son esprit, tous les rêves qu'il a élucubrés… afin qu'il arrive à endosser son rôle d'adulte, en assumant affectivement ce qui lui semblait des problèmes».
«Ce n'est pas hurlant d'originalité», s'exclame-t-elle elle-même avec humour à la fin d'un paragraphe consacré au développement de la personnalité de l'enfant en fonction du milieu familial. «C'est juste, sans doute, mais c'est le genre d'axiomes ronronnants qu'on trouve dans n'importe quel livre de psychologie un peu prêcheur pour mères de famille inquiètes». Vous avez dans cette citation un reflet typique de l'éclairage général du livre: il est écrit sans prétention, sans beaucoup de rigueur non plus; mais on sent sourdre à chaque page la vitalité de l'auteur; chaque exemple est le témoignage d'une observation ou d'un dialogue sur le vif.
Si vous n'êtes pas encore très familiarisée avec la psychologie des profondeurs, si vous préférez les vérités concrètes qui découlent de la vie quotidienne aux dissertations savantes issues des grands cerveaux, «l'Harmonie en soi» vous aidera à faire quelques pas à la découverte de vous-même.
Un extrait:
A propos de mariage
Le mariage est comme les auberges en Espagne, on y trouve surtout ce qu'on y apporte, et, au départ, on a tellement peur de n'y rien trouver qu'on est prêt à tout fournir. Mais cela ne dure pas longtemps, et ce qu'on fournit, c'est essentiellement ses difficultés. Le mariage, c'est l'addition des difficultés des deux époux, addition qui ne résout pas la difficulté, mais qui ne tarde pas à diviser les époux…
Il y a encore beaucoup d'êtres qui répugnent à penser que dans le mariage, il y a un choix, conscient ou non. Qu'il n'est pas une question de chance ou de malchance. La peine qu'on a à concevoir qu'il a été possible de véritablement choisir indique bien que la vie sentimentale a pour fonction de compenser les carences familiales… Ah! si ces jeunes pouvaient se rendre compte combien, surtout dans le problème du mariage, le choix est peu libre! Il est déterminé à l'avance. Il vaut mieux le savoir et ne pas baptiser cela «amour». On emploie le verbe aimer à tort et à travers, sans avoir la moindre idée de ce que cela signifie. On ne sait pas aimer, et je ne crois pas que tellement d'êtres soient tout bonnement capables d'aimer. On aimerait que ce soit de l'amour, on met tout en oeuvre pour s'en persuader, mais on a, au fond, beaucoup trop peur de souffrir pour se risquer à aimer. On veut d'abord être sûr d'être aimé, de ne pas trop risquer et, ensuite, on décrète qu'on aime. On aime, on «désaime» parce qu'on aime ailleurs. Tout en ne rompant pas, pour le cas où on courrait le danger de se retrouver seul, et on voudrait faire passer cela pour de l'amour. On cherche simplement au-dehors ce qu'on n'a pas trouvé à la maison, en fonction de la maison, et cela, à plus forte raison qu'à cet âge on ne connaît rien d'autre que la maison, de sorte qu'on se fait une représentation tout à fait fantaisiste de ce qu'on ne connaît pas. Derrière cette soif d'indépendance, cette soif de faire des expériences, qui envahit de plus en plus la jeunesse, il y a une prodigieuse ignorance, une imagination naïve qu'il existe autre chose. Il n'y a pas d'autre chose, ou bien il faut payer à l'avance pour cela, avoir du courage… Les parents, pour éviter que leurs enfants ne s'évadent trop tôt, les ont habitués à craindre la vie, à prévoir les malheurs. C'est bien facile, le mariage, c'est 30 % la peur d'être ou de rester seul, 30 % le besoin d'être aimé, 20% la seule issue qu'on imagine pour quitter le milieu familial, 10 % les prétendus besoins sexuels (plus chez les garçons que chez les filles) et un petit 10 % d'un quelque chose qui ressemble à de l'amour, et encore, c'est plutôt de l'affection, de la tendresse que l'on recherche…
Il faudrait être conscient que, les trois quarts du temps, à travers la sexualité, c'est la tendresse qu'on recherche, et le malentendu vient de ce que les filles ne pensent pas pouvoir obtenir autrement qu'en donnant dans ce travers, ce dont les garçons sont responsables dans une grande mesure. Oui, la faute en est imputable aux garçons qui se croient obligés d'avoir des exigences sexuelles, pour prouver Dieu sait quoi, qu'ils sont virils, j'imagine, parce que c'est la seule manière qu'ils aient jamais trouvée de manifester leur virilité. Et justement, pour cela, ils ne sont absolument pas disposés à se montrer tendres, parce qu'ils s'imaginent que la tendresse, c'est de la faiblesse, alors qu'au contraire, il faut être très fort pour oser être tendre, pour ne pas cacher son coeur, sa vulnérabilité.
* Nadine Boucher: L'Harmonie en soi (s'accepter tous les jours). Collection l'Homme et ses Problèmes. Ed. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel. Livre proposé à notre lectrice V. Persechini, voir numéro d'avril.
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