Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Violence et injustice

Merci à Diane Perrot d'avoir crié son horreur de la violence. La confession d'un tortionnaire qu'elle nous révèle est plus émouvante que toutes les descriptions qu'on peut nous faire des souffrances subies par les victimes de la torture.
Le reste de son article appelle toutefois les quelques remarques suivantes:

Il paraît de prime abord nécessaire de faire une distinction assez nette entre la violence des gouvernements, hélas de plus en plus nombreux, qui exercent le pouvoir par la force brutale, la répression policière, la torture et la violence pratiquée par des particuliers (prises d'otages, attentats de terroristes) dans des pays qui - comme c'est le cas pour ceux appartenant à notre civilisation occidentale - bénéficient d'un régime juridique plus ou moins fondé sur les notions de justice et d'équité. La question de savoir comment lutter contre ces gouvernements de type autocratique est d'ordre avant tout politique et sort du cadre des «Entretiens». Il en est de même de celle - infiniment délicate - de savoir si et à quel moment les minorités opprimées sont légitimées à user de violence pour mettre fin à de tels régimes.

Violence, expression de l'agressivité

En revanche, le phénomène «violence» qui se développe de manière inquiétante dans nos sociétés mérite toute notre attention. La violence est l'abus de la force, c'est l'expression extrême de l'agressivité. Or l'agressivité existe chez tous les êtres vivants, aussi bien chez les poissons que chez les carnassiers et chez les êtres humains. Dans nos sociétés elle se manifeste aussi par des actes qui, sans tomber sous le coup du code pénal, n'en sont pas moins révélateurs de la nature humaine. Quelle mère de famille peut se vanter de n'avoir jamais donné une gifle à son enfant? Et il y a quelques années seulement les châtiments corporels étaient en honneur dans les écoles anglaises pourtant réputées les meilleures du monde.
Les Etats appartenant à notre civilisation occidentale ont tous institué un régime juridique caractérisé par un but: permettre à chacun de commercer, de travailler, d'avoir une famille, en un mot de vivre en sécurité. La police est née du besoin de protéger les marchands contre les bandits de grand chemin qui, sans elle, les détroussaient allègrement. L'objectif essentiel des règles de droit instituées dans ces pays est très précisément de supprimer ou du moins de restreindre autant que possible la violence.
Ce régime ne s'est pas installé d'un seul coup. Il s'est formé au cours d'une longue évolution qu'il n'est pas question de décrire ici. L'une des conséquences est qu'au lieu d'une société de forts et de faibles nous avons une société de riches et de pauvres et qu'il existe par conséquent des inégalités. Mais il faut bien remarquer que c'est grâce aux riches que l'économie est prospère et aussi que c'est grâce à eux que dans un pays comme la Suisse on a pu mettre sur pieds un système d'assurances sociales dont bénéficient surtout les pauvres. Cela étant, mettre en accusation et surtout accuser de violence, comme le fait Diane Perrot, «les riches, les économistes et les financiers», c'est attaquer précisément les institutions qui sont à l'origine de la lutte contre la violence. On ne saurait commettre pire abus de langage.
Cette tendance actuelle d'opposer les riches et les pauvres en chargeant les premiers de tous les péchés est, non seulement illogique, mais aussi dangereuse. Elle justifie en effet tous les débordements, elle incite aux manifestations qui dégénèrent souvent en troubles graves, aux attentats et à la violence. Elle va donc très exactement à fins contraires du but poursuivi qui est d'organiser une société sans violence.

Ne pas confondre violence et injustice

Il ne faut pas confondre violence et injustice. Nous savons tous qu'il existe des injustices dans notre société. Nos législations s'efforcent de les éliminer tout en respectant la liberté individuelle. C'est là un but toujours poursuivi et jamais atteint parce que l'homme est égoïste par nature et que parmi les hommes il en est de plus ou moins ambitieux, de plus ou moins doués, de plus ou moins scrupuleux. Il y aura donc toujours des privilégiés et toujours des sacrifiés. Que l'on cherche à éviter les injustices, à diminuer autant que possible les différences choquantes entre les très riches et les très pauvres, cela va sans dire et il est du devoir de l'Etat, mais aussi de chacun de nous d'agir, chacun selon ses possibilités, en faveur, moins peut-être de la justice que de l'équité. Mais il faut le faire sans violence car user de violence c'est régresser, c'est revenir à la civilisation du coup de poing dont on s'est efforcé de se débarrasser au cours des siècles.
De nombreuses personnes ont fait, à propos de l'enlèvement de la petite Patino la même réflexion que Diane Perrot. Il est en effet de notoriété publique que les conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers dans les mines de cuivre de Bolivie sont effroyables, et d'autant plus choquantes lorsqu'on les compare à la fortune réalisée par la famille Patino. Il n'en reste pas moins que l'enlèvement de la fillette et l'exploitation des ouvriers sont sur des plans différents. Le premier est un acte de violence inadmissible parce que la négation de toute vie civilisée. Le second est une injustice criante, commise probablement en respectant les lois du pays, mais qui n'en est pas moins contraire aux principes les plus élémentaires de l'équité.
C'est pourquoi il est plus important de crier son horreur de l'injustice que son horreur de la violence.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève