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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Pouce, doudous, sucettes

Les réflexions de Jacqueline Emery et de son amie à propos des objets de consolation a suscité un échange de vues animé au sein de l'équipe de rédaction.
En effet, lequel d'entre nous n'a pas eu à se poser souvent ce genre de questions? Et quelle variété, quelle originalité dans l'imagination de nos chers trésors à la recherche de ce fameux «objet transitionnel»: un pouce, les deux doigts du milieu, une «lolle», le coin du drap, un chiffon douteux, un bout de la couverture, le maillot de corps du père bien imbibé de sueur, une chaussette d'adulte (avant la lessive, naturellement), une vieille culotte de laine de la grand-mère. Et la liste n'est pas terminée.
Quand les enfants atteignent seize ou vingt ans, le souvenir de leurs préférences saugrenues donne lieu à des plaisanteries hilarantes. Mais, tant qu'ils n'ont que dix-huit mois, deux, cinq ou huit ans, beaucoup de parents ne peuvent s'empêcher de prendre la chose au sérieux. Si ce n'est au tragique. Ils sont impressionnés par l'obstination de leur enfant à recourir à cet objet de consolation: dès qu'il y a un moment creux dans la journée, quand il est fatigué, à la moindre réprimande ou déception, avant de s'endormir.
D'où vient cette passion? Est-ce qu'il va la traîner toute sa vie? Qui en est le principal responsable: lui ou nous? Comment le faire renoncer à cette manie?

Les premiers mois

Pour un bébé, le besoin de se consoler avec «ce qui lui tombe sous la main» (et sous le nez!) ne représente rien qui doive inquiéter. Au contraire, c'est la preuve qu'il va se montrer capable de faire face à sa manière aux frustrations que la vie la plus normale lui impose inévitablement….
Le biberon tarde à venir, il s'est sali, il voudrait être porté? Pour des raisons qui lui échappent, il a beau appeler à l'aide, aucun secours ne vient de l'extérieur. S'il parvient à patienter grâce à un objet qui remplace provisoirement l'attention maternelle, c'est un progrès réjouissant, une garantie pour son développement ultérieur: la preuve qu'il sera un jour capable, quand c'est nécessaire, de se passer de l'assistance d'un pourvoyeur de bonheur. Au début, ce ne sera que quelques minutes. Plus tard, un quart d'heure. Beaucoup plus tard, une heure entière.
Donc, au début: besoin vital et gage d'un heureux développement.
Voici pour l'enfant.

Et la mère? L'abonnée qui nous écrit au sujet de la violence nous donne également son avis sur les doudous et Cie. Elle rappelle que l'enfant n'est pas seul à retirer avantage de la possibilité de recourir à l'objet transitionnel:
«Ce que vous appelez «facilité, paresse, paix avant tout» sont à mon sens une nécessité pour la mère qui a l'occasion de se changer les idées, de recharger ses batteries pour mieux repartir après. Je suis rétro, même en pédagogie, et estime qu'un enfant pour qui vous êtes disponible chaque minute devient dangereusement dépendant. A tout prendre, il vaut mieux une sucette que la compagnie d'une jeune fille au pair qui s'en fiche complètement. J'en parle en connaissance de cause: mon fils a les deux!

Quand l'enfant grandit

Là où il y a lieu de se poser de sérieuses questions, c'est lorsque l'objet transitionnel semble s'installer dans la vie de l'enfant comme en pays conquis. Comme si aucune autre forme de satisfaction ne valait la peine d'être goûtée. Comme s'il n'en existait pas d'autres.
Qu'un garçon de quatre ans ait encore besoin de son pouce au moment de s'endormir, qu'une fille de cinq ans s'évade à l'occasion dans un monde imaginaire avec son chiffon-fétiche, pourquoi pas? N'avons-nous pas tous besoin (les adultes aussi, à leur manière) de nous reposer des efforts que la vie exige constamment?
Mais si rien de plus captivant ne paraît les intéresser quand ils sont livrés à eux-même, s'ils prétendent n'avoir «pas d'idées», n'entreprennent aucune construction, n'inventent aucun jeu, ne cherchent pas à agir, bricoler, créer, alors il est indispensable de se demander ce qui a bien pu provoquer cette passivité. Pourquoi l'enfant prolonge-t-il indéfiniment son état de bébé? Est-ce qu'il ne se croit pas capable de réussir? Rencontre-t-il des obstacles qu'il juge insurmontables? La vie se montre-t-elle trop exigeante à son avis? Manque-t-il de soutien, de stimulations, d'encouragement?
Jacqueline Emery a raison d'attirer notre attention sur les dangers que nous côtoyons en recherchant «la paix avant tout». Car l'objet transitionnel n'est qu'un produit de remplacement, un ersatz. Il permet de s'entraîner à supporter les épreuves inévitables de l'existence. Mais il ne faut pas compter sur lui pour élever votre enfant, lui donner le goût de l'action, l'intérêt pour le monde.
La plus savoureuse des sucettes ne remplacera jamais l'intérêt que les parents portent à leur enfant. Elle permet simplement de survivre, en attendant. En attendant que l'adulte soit disponible pour répondre à l'appétit de vie de l'enfant. S'il se cramponne indéfiniment à son objet favori, ne le lui arrachez pas. Proposez-lui mieux.









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