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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURC'est pour ton bien… Aimer quelqu'un, c'est lui vouloir du bien. Vouloir du bien pour lui. Quand je veux du bien à quelqu'un, il est évident que c'est le sien. SON bien. Mais bien évidemment aussi, c'est son bien tel que je l'imagine ou le conçois. Est-ce vraiment son bien tel que lui l'imagine ou le conçoit? On dit volontiers à des enfants ou à des jeunes, au sujet d'interdits ou de principes: «C'est pour ton bien…» Mais qu'en sait-on? Il n'est pas question de mettre en doute le fait que les parents qui disent cela aiment leurs enfants. Mais ils aiment selon leur propre désir d'amener ces enfants à se conformer à une image qui est leur désir et leur bien à EUX. Les parents, dans la sincérité de leur amour, proposent aux enfants quelque chose qu'ils n'ont pas, et qui est le bien spécifique, personnel, autonome, de ces futurs hommes et futures femmes. Il n'est pas étonnant que des conflits se produisent, passagers ou durables, bénins ou sérieux, suivant les cas. J'ai connu par exemple le cas d'un garçon de dix-sept ans qui avait perdu la jambe gauche dans un accident. Il avait bien surmonté la chose et vivait comme tout le monde, mais avec un pilon tout de suite repérable. Sa mère était désolée, le suppliait d'utiliser une jambe articulée et lui disait que ce serait pour son bien. Or le bien du garçon était qu'on le laisse en paix, libre de choisir une solution qu'il trouvait plus pratique et qui comportait pour lui l'avantage de montrer à tout le monde visiblement qu'il vivait aussi bien avec une seule jambe qu'avec deux. Ces quelques exemples - et l'on pourrait en citer des milliers d'autres - montrent bien le quiproquo fondamental de l'amour, qu'il est fort difficile souvent de surmonter: on veut donner à l'autre ce dont on ne dispose pas puisque cela lui est propre: SON bien. Et l'autre a tendance, naturellement, à ne pas se laisser faire. Je crois que l'on peut prendre dans ce sens la phrase étrange qu'un jour j'ai entendue de Lacan: «Aimer, c'est vouloir donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas.» |
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