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Jalousie
Les grands fous rires, les criailleries, les bagarres et les pleurs
autant de manifestations saines dans une famille où vivent des enfants. Dans la fratrie, c'est-à-dire le groupe de frères et soeurs, on passe avec une facilité déconcertante des insultes voire des coups aux accolades et aux jeux. C'est qu'en toile de fond subsiste presque toujours ce sentiment ambivalent d'amour et de haine qui influe très fortement sur les relations fraternelles.
Ces changements d'humeur chez les enfants sont parfois vécus par les adultes avec une certaine angoisse. Ils comprennent d'autant moins la rivalité qui s'installe entre frères et soeurs que la jalousie en est souvent à l'origine malgré les efforts désespérés des parents à donner équitablement aux uns comme aux autres.
Or, si l'on s'amuse à rechercher l'étymologie du mot «jalousie», on apprend qu'il procède du grec «zélomaï» qui signifie chercher à imiter, aimer avec ardeur. Ainsi, la jalousie est devenue un péché abominable alors qu'elle était primitivement une preuve d'amour.
La plupart des ouvrages consacrés à l'enfant et les relations fraternelles présentent une analyse très poussée de ce qui motive la jalousie et rend inévitable la rivalité entre frères et soeurs. Ainsi, la nécessité de la rivalité fraternelle pour la bonne évolution psychique et physique de l'enfant n'est plus à démontrer.
Nombre d'auteurs pensent que la fonction essentielle de la fratrie est de permettre la meilleure socialisation possible de l'enfant. Comme l'écrit J. Boutonier, «Quand deux enfants se battent, le combat établit entre eux un lien qui peut être considéré comme social». En effet, les multiples renoncements nécessaires, les petites injustices, les menues ingratitudes, les vexations, tout ce que l'enfant apprend au contact de ses frères et soeurs, constituent une transition entre le milieu restreint de la famille et la société proprement dite. Il apprend également à avoir une attitude positive vis-à-vis de l'extérieur tant il est vrai qu'un enfant qui a des sentiments d'affection pour son milieu se prépare une vie harmonieuse dans la société.
Parce qu'il n'y a pas de jalousie sans amour, la rivalité fraternelle n'est pas un défaut mais une souffrance: l'enfant est tiraillé entre son désir d'être lui-même, d'être accepté comme tel et celui d'être la soeur ou le frère qu'il aime mais dont il envie le sort. Or, l'adaptation sociale ne se faisant que par le passage de la rivalité à l'amitié et à la coopération, l'enfant est amené petit à petit à une attitude de plus grande compréhension envers ses frères et soeurs.
Le passé familial et l'éducation commune aidant, l'enfant observera chez eux des réactions très semblables aux siennes; il ressentira très profondément son appartenance à un groupe assez fort pour faire bloc contre les attaques extérieures, qu'elles soient parentales ou qu'elles viennent de petits camarades. On peut dire qu'à ce stade, la fraterie est un facteur important de sécurisation. Ce facteur revêt d'ailleurs toute son importance lors de la disparition de l'un ou l'autre des parents.
Ainsi, l'affection et la solidarité foncière qui unit frères et soeurs permettent de faire face à de telles situations. Les liens fraternels prennent alors une tout autre dimension: à la jalousie et à la rivalité se substitue la «fraternité». Les aînés incarnent pour les plus jeunes, l'amour et la sécurité. Ils sont le lien avec le passé; ils apportent les données nécessaires à la structure de la famille.
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