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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURAu milieu de tant de besoins contradictoires! Aucune solution chez nous pour savoir comment «fêter Noël». Chaque année, je cherche, avec des données toujours modifiées, chaque année, j'éprouve une remise en question de notre famille à cause de ses disparités, et, en plus, remise en question de ma relation et celle de notre fille avec Dieu. Mari incroyant, enfant élevé sans «formation religieuse» stricte, passé personnel fait d'un catholicisme vécu et d'une recherche spirituelle jamais achevée; famille élargie mi-croyante, mi-incroyante; milieu indifférent ou athée. Dans cette situation-là, les questions que je me pose sont de cet ordre: quoi tirer de tout cela comme attitude vraie et qui corresponde aux besoins de chacun de nous trois? Comment «fêter Noël» pour que chacun y trouve son compte, et sans se mentir sur ce qu'on veut célébrer? (car il y a loin, par exemple, de revivre le sens d'un extraordinaire fait intemporel à vouloir plonger dans une simple douceur de paix universelle - l'un n'excluant pas l'autre d'ailleurs, mais il faut être au clair. Même si on exclut d'avance toutes les possibilités de sentimentalités diverses, il reste tant de visions différentes). Au fil du temps me sont apparues quelques lignes, quelques directions. Par exemple, pour moi, l'occasion renouvelée chaque année d'approfondir la recherche spirituelle; pour chacun de nous trois, la volonté d'arriver à répondre aux besoins des deux autres; tous, ensemble, nous tourner vers ceux qui sont seuls (malades, prisonniers, ceux qui ont perdu un être aimé et qui sont seuls, ceux qui ne vivent pas dans un amour partagé). Les besoins de chacun de nous: parfaitement contradictoires. Entre mon mari qui n'a absolument aucun besoin à l'occasion de Noël, et moi pour qui c'est à la fois une fête à célébrer et une occasion à ne pas laisser perdre de faire un peu moins barrage à Dieu et de repenser toute ma vie, notre vie, il y a notre enfant, ses besoins de joie, d'espérance, de renouveau, de douceur, ses besoins des choses qui se répètent d'année en année, sécurisantes par leur continuité, son besoin de savoir quoi penser de tout ce qui se dit et fait en classe et dans la société, et qui l'amène à se poser des questions, à me poser des questions. Je réponds le mieux que je peux, c'est-à-dire mal, mais elle ne peut pas ne pas sentir que je ne lui donne jamais une réponse empruntée à quelqu'un d'autre, ou une solution qui me serait extérieure. Vis-à-vis de Noël comme vis-à-vis de tout, je cherche à l'élever de telle sorte qu'elle ne subisse pas (trop) les conditionnements, ou, s'il y en a, qu'ils soient transformés en quelque chose de vrai. Vais-je trop loin dans cette «nudité», dans cette exigence? Peut-être. Mais parfois elle est bien positive. Il me semble qu'elle amène l'enfant à trouver elle-même son chemin vers l'essentiel. Une année où j'avais je ne sais plus pour quelle raison parlé de Noël occasion de paix avec soi et avec autrui, notre fille réfléchit, puis, étonnée: «Mais, écoute, au fond c'est Noël toute l'année.» Les cadeaux. Nous nous sommes mises d'accord entre mères dans la famille pour les supprimer entre nos enfants, qui ont largement de tout - nous le leur avons expliqué et ils ont compris. (Nous faisons exception pour ceux parmi les enfants que nous ne voyons pas pendant l'année). Je verse à Amnesty le montant équivalent. Les adultes ont été moins adultes que les enfants; il y a ainsi des «adultes» qui doivent encore recevoir des cadeaux pour se sentir aimés. Cela nous a d'abord énervés, puis nous nous sommes dit: pour eux aussi, à chacun selon ses besoins - et nous essayons de le faire le plus volontiers possible. L'essentiel pour moi restant l'itinéraire intérieur de chacun, j'essaie d'accepter tant bien que mal mes Noëls, qui toujours me déchirent; car de leur noeud compliqué peut sortir parfois, mystérieusement, non seulement plus d'amour les uns pour les autres, mais encore une violente simplification en moi. Peut-être faudrait-il l'appeler enfin pauvreté. Or n'est-elle pas l'unique garantie de paix et de liberté? A cause de cela et même s'il faut payer le prix fort, ces sortes de Noëls-là, mes pauvres et difficiles Noëls ne sont-ils pas, eux aussi, de «vrais» Noëls?… |
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