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La peur

Les enfants deviennent facilement peureux. Cela tient à leur ignorance et au sentiment qu'ils ont de leur faiblesse. Ceux d'un tempérament nerveux ou lymphatique y sont plus particulièrement prédisposés.

S'il est un mal moral qui exige un traitement préventif, c'est à coup sûr celui-là. Une fois qu'il s'est développé, lorsqu'il a complètement pris possession d'un individu, il devient incurable.

Combien peu de personnes tiennent sérieusement compte de cette vérité ! Loin de s'appliquer à prévenir l'invasion de la peur, il semble, au contraire, qu'on s'évertue à la faire naître ..... Un enfant peureux, cela semble presque naturel à certaines personnes, et ne mérite pas qu'on s'en préoccupe. D'autres se moqueront de lui, et lui feront honte d'un sentiment dont il n'est point maître et qui le fait souffrir.

La raillerie est un des plus mauvais moyens qu'on puisse employer pour corriger la peur.
Afin d'y échapper, le peureux dissimulera ses émotions, ne se confiera à personne, et n'en sera que plus malheureux.

Et ce n'est pas tout; il se trouvera à chaque instant exposé à un véritable danger.

Voyez ce pauvre petit: il n'a pas été très sage, plusieurs fois il s'est laissé entraîner à de coupables désobéissances; il en a été sévèrement grondé et qui sait ? Peut-être même lui a-t-on fait certaines menaces qui ont apporté le trouble en lui?

Maintenant a-t-il conscience de ses fautes? Il n'est pas sans quelques remords. Mais ces remords ne sont point de nature à produire précisément un repentir salutaire; ils ne produisent que la crainte et une vague appréhension.

Le voilà seul dans son lit. Il fait noir autour de lui, et il a peine à s'endormir, car il ne peut éloigner les pensées qui l'agitent. Il ferme les yeux tant qu'il a de force; il cache sa tête sous son drap, espérant ainsi se dérober à la vue des êtres fantastiques dont son imagination peuple les ténèbres.

Tout à coup le craquement d'un meuble interrompt le profond silence de la nuit.

Le petit innocent qui ne comprend rien à ce bruit, et qui cependant est sûr, très sûr de l'avoir entendu, se livre à d'affreuses terreurs. Son sang afflue au centre, son coeur bat avec violence, sa respiration est gênée; il tremble de tous ses membres; une sueur froide couvre son visage.

Qu'un incident imprévu vienne le troubler plus fortement encore, et cette pauvre victime de la peur peut en un instant devenir épileptique, idiot, fou peut-être et même perdre la vie.

Oh! quand on y songe quel chagrin pour la mère qui perdrait de la sorte son cher trésor! Quels reproches n'aurait-elle pas à se faire d'avoir laissé grandir en lui un mal si funeste.

Certes, la peur n'aboutit pas infailliblement à de si navrantes conséquences; mais elle a toujours et sur toute la vie, une influence pernicieuse .....

Tant que la peur ne sera pas venue troubler votre enfant, il y aurait imprudence à en parler devant lui. Ne lui en donnez point l'éveil, laissez lui ignorer qu'elle puisse exister. Votre rôle, en pareil cas, doit se borner à une surveillance attentive. Eloignez du cher petit tout ce qui ferait naître en lui ce sentiment dangereux, et, comme il n'est rien de plus contagieux que la peur, vous tiendrez surtout à ce qu'aucun exemple ne lui en soit donné.

En dépit de votre zêle, peut-être, un jour ou l'autre, l'entretiendra-t-on de ces récits où il est question de sorciers, de mauvais génies, de loups garous, de revenants, etc., etc. Ces absurdités auront moins de prise sur son esprit s'il vous a entendue les tourner, en ridicule, en rire, et prendre en pitié les personnes assez faibles pour y ajouter créance.

Mais si vous ne devez point parler de la peur avant l'invasion, aussitôt que vous la verrez poindre, combattez-là sans relâche, jusqu'à ce que vous l'ayez vaincue.

Un raisonnement logique, appuyé de preuves convainquantes, est la seule arme sur laquelle vous puissez compter pour remporter cette victoire.

Alppliquez-vous à faire distinguer à votre élève ce qui est réel de ce qui n'est que de pure imagination.

Prévenez, en les expliquant d'avance, tous les incidents naturels susceptibles de se produire et de l'effrayer.

Par exemple, lorsqu'un meuble craque par l'effet de la dilatation ou de la contraction du bois, faites-le remarquer à l'enfant et apprenez-lui qu'elle en est la cause, afin que s'il entend ce bruit lorsqu'il sera seul, il puisse le reconnaître et ne point s'en inquiéter. Est-il trop jeune pour comprendre cette cause ? N'importe, il saura toujours que ce bruit est produit par un meuble et qu'il ne doit en avoir aucune crainte.

Procédez de même à l'égard d'une infinité de choses de nature à l'effrayer.

Il est également utile de lui prouver que l'obscurité n'offre qu'un seul danger: celui de se heurter contre les meubles et de se faire des contusions.

Ici se présente un écueil, qu'il est urgent d'éviter. Si, dans l'intention d'y habituer l'enfant, vous le contraignez à entrer seul dans une chambre non éclairée, vous l'exposez à une souffrance morale inutile et d'un effet contraire à celui que vous désirez. Le bonhomme pleurera, sera pris de terreur, et n'aura plus assez de raison pour se rendre compte qu'il ne court aucun danger.

Tandis que si au lieu de la contrainte, vous employez la persuasion, vous réussirez certainement et avec plus de satisfaction, vous n'aurez causé à votre enfant ni larmes ni souffrances.

La première fois que votre petit peureux hésitera à pénétrer dans une chambre obscure, demandez-lui d'un ton étonné d'où viennent ses appréhensions. Après les avoir posément et logiquement réfutées, dites en plaisantant:

«Eh bien! moi, qui n'ai point peur, je vais y aller seule».

Et quand vous en serez revenue:

«En vérité, je ne te comprends pas; que veux-tu qu'il y ait dans cette chambre ? Elle est exactement, ce soir, ce qu'elle était en plein jour».

Proposez alors à l'enfant d'y entrer avec vous. Il est probable que trouvant de là sorte un soutien, il ne se refusera pas de vous suivre. Vous le prendrez par la main, cela lui donnera encore plus d'assurance; vous le promènerez dans l'obscurité pendant un laps de temps assez long pour qu'il s'y accoutume et vous lui ferez constater que rien d'étranger n'a pu s'introduire dans la chambre. Vous parlerez haut, vous rirez aussi, sans raillerie néanmoins; seulement pour rompre le silence et montrer que vous n'êtes impressionnée par aucune crainte. Vous allumerez ensuite une bougie et vous direz:

«Tu vois qu'il n'y a point de raison d'avoir peur. Une autre fois, quand maman t'affirmera quelque chose, tu la croiras, n'est-ce pas ?».

Après deux ou trois épreuves semblables, il y a tout à parier que l'enfant ne se refusera plus à entrer seul et sans lumière dans cette chambre, et, à force d'être raisonné, il comprendra qu'il en est des autres pièces comme de celle-là. Alors, il sera bien prés d'être guéri de la peur.

Je dirai même qu'il le sera complètement si, aux soins indiqués, vous ajoutez celui de sevrer ce cher enfant de toutes les lectures qui exaltent les jeunes cerveaux.









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