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Les enfants paresseux

Y a-t-il des enfants paresseux?

J'ai entendu dire avec autant de conviction de part et d'autre: «Un enfant paresseux, ça n'existe pas!» et «Il y a toujours plus d'enfants paresseux.» Ce qui me donne envie de penser que ce mot «paresseux» est une étiquette bien pratique et rapidement mise (… n'est-ce pas être paresseux soi-même que de ne pas chercher plus loin?)
Des enfants paresseux, il peut y en avoir selon les yeux avec lesquels on les regarde.
Surmontant ma propre tendance à la paresse, j'ai cherché à voir ce qui se trouvait derrière l'étiquette: «La paresse»

Quelques définitions

La paresse est l'un des sept péchés capitaux ou, selon le proverbe: la mère de tous les vices. Et V. Hugo en rajoute: «Ainsi la paresse est mère, elle a un fils, le vol, et une fille, la faim.» Si ce sombre tableau pouvait encore impressionner au début du siècle, son côté mélodramatique rend un son creux aujourd'hui. De nos jours la paresse est ainsi définie: c'est un manque, un défaut d'activité - une répugnance au travail - un goût pour l'oisiveté - une nonchalance - de la fainéantise - de la flemme-une lenteur à réagir.

Paresseux: Qui évite l'effort.

Il est aussi significatif que chaque dictionnaire consulté donne dans ses exemples: un enfant, un élève, un écolier paresseux. C'est en effet souvent à propos de l'école que le mot paresseux est prononcé; nous y reviendrons plus loin.
Les définitions citées plus haut décrivent certaines attitudes qui peuvent avoir des causes très diverses; or, quand on connaît ces causes, le mot paresseux prend un tout autre sens: il devient le symptôme de quelque chose d'autre qui ne va pas, et non un trait de caractère indiscutable…

Aptitude innée ou acquise?

Je ne connais pas d'enfant né paresseux. Tout au plus un enfant peut-il naître avec une tendance à l'activité ou à la passivité, comme il peut avoir une tendance à l'introversion ou à l'extraversion. En parlant d'un enfant actif ou inactif, voire passif, on serait déjà plus proche de la réalité. On serait surtout plus loin de l'étiquette qui devient vite une grande pancarte à porter parfois toute la vie. Et puis, «une tendance à…» peut être modifiée, influencée par le milieu familial, social ou scolaire, ce n'est pas un jugement à relent fatal. S'il y a possibilité de rechercher ce qui a renforcé cette tendance à la passivité, c'est qu'il y a possibilité d'en sortir, en tous les cas, de mieux «faire avec».

Les causes

Très grossièrement, elles peuvent être séparées en trois sortes: physiques, intellectuelles (pédagogiques), affectives.
Les causes physiques, comme la maladie, la fatigue (nerveuse ou par manque de sommeil), les poussées de croissance, expliquent d'elles-mêmes le manque d'activité. Mais si l'on repère vite l'enfant qui couve une grippe ou une rougeole, il y a des cas moins clairs où l'enfant peut sembler paresseux alors qu'il n'est tout simplement pas bien physiquement. La fatigue après un gros effort est bien visible; mais la fatigue nerveuse (causée par une longue attention) ou due à un manque de sommeil n'est pas si simple à reconnaître. En période de croissance, de la petite enfance à l'adolescence, elle nous trompe quelquefois et fait gémir bien des parents excédés par les suce-pouces dans un coin ou les vautrés-avec-leurs-disques dans un autre, qui récupèrent à leur façon… et ne sont paresseux que le temps de vider leurs tensions et refaire le plein d'énergie.
Les causes intellectuelles se retrouvent le plus souvent pour l'enfant, dans les cas de paresse scolaire; elle fait couler beaucoup d'encre (rouge dans les carnets journaliers) et beaucoup de larmes.
Un élève peut être appelé «paresseux» parce qu'il n'est pas attentif, pas intéressé, pas coopérant ou pas habile. Il se peut même que capacité intellectuelle et paresse soient confondues.
A 7 ans environ, un enfant est capable de vingt à trente minutes d'attention soutenue. Cette capacité d'attention évolue lentement et l'enfant n'arrive pas toujours, même après 12 ou 13 ans, à maintenir son attention sans relâche durant trois ou quatre heures. S'il n'y parvient pas, peut-on l'accuser de paresse? Peut-on aussi demander à un enfant la même attention pour toutes les branches? Il fait preuve de personnalité en ayant des préférences, ce qui, évidemment, ne va pas sans baisse d'intérêt, d'où inattention, etc…
La lenteur n'a rien de commun avec la paresse. Un enfant vit selon certains rythmes et vouloir l'en sortir, le bousculer, peut entraîner chez lui un renoncement devant l'effort au-dessus de ses capacités, ce qui n'est paresse qu'en apparence. Mais encore, qu'est-ce qu'un effort?
Ce n'est que la force trouvée en soi pour atteindre un but fixé, mais un but fixé par soi-même, pas par les autres! Laissons-nous souvent nos enfants, nos écoliers, fixer eux-mêmes leurs buts?
Les causes affectives sont présentes au fond de toutes les autres chaque fois qu'il est question de relations: L'enfant peut être «paresseux» ou paralysé par la peur: peur de quitter sa mère, peur d'un nouveau visage, de ce qui est nouveau, peur d'affronter la vie, un patron, une fille ou un garçon…
Un enfant peut être inactif pour dire non à sa façon, pour s'opposer par exemple à quelqu'un de très actif… Et l'enfant qui fuit dans l'inaction, qui ne fait rien avec son corps mais rêve, imagine un monde où peutêtre il fait des choses… peut-on dire qu'il est paresseux? N'est-il pas permis de penser qu'il est peut-être poète… ou inventeur?

Le droit à la paresse

A propos de cette paresse du corps, qui permet l'accès à l'imaginaire et aussi la rencontre avec soi-même, je me demande combien d'adultes osent encore s'accorder ce bienfait? Combien en ont peur et combien pensent que ce n'est pas rentable, donc inutile?
A ceux qui ne savent plus ce qu'est cette paresse, à ceux qui ne se reposent plus, même après la fatigue, j'offre pour quelques secondes de méditation, cette définition tirée du journal de Jules Renard: «Paresse: habitude prise de se reposer avant la fatigue.»


Emission «l'Ecole des Parents vous propose» du 12 décembre 1978.









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