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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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A chacun son rythme

Ça a commencé bien avant que notre enfant ne soit né: il nous a fallu, malgré notre impatience, «attendre» neuf longs mois qu'il choisisse son heure. Et puis d'un seul coup, notre vie s'est trouvée complètement bousculée dans l'ordonnance habituelle de son temps, bousculée parce que sans cesse confrontée à un autre temps: celui de notre enfant.

Ses cris qui demandent, vite, tout de suite, sein, câlins et soins hachent menu nos journées. Ce décalage qui existe entre notre temps et celui de notre enfant est fatigant bien sûr, mais plus encore, il est déroutant. Et cela ne va pas s'arrêter avec les tétées! Nous allons avoir encore de longues années à vivre avant que nous puissions «vivre au même temps».

Leur temps, notre temps

Notre temps d'adulte est marqué par des heures d'horloge. Nous essayons fiévreusement de gagner une heure. Nous pestons d'avoir perdu cinq minutes. Celui de nos enfants ne s'inscrit pas dans cette mesure. Il est marqué par les événements qui font leur journée, repas, bain, sieste, école. Et je dirai aussi volontiers qu'il est marqué par des sensations. Luc, petit bonhomme de 4 ans sanglote à la sortie de l'école «Maman, je t'ai attendue très, très, très longtemps. J'ai eu peur que tu étais morte». Maman avait cinq minutes de retard. Jean a fait des pâtés pendant plus de deux heures, Papa a bien le droit d'en avoir assez, il est temps de rentrer. Jean hurle: «Je ne veux pas partir, je n'ai pas eu le temps de jouer, même pas une minute!» Décidément, c'est bien vrai, nos repères dans le temps ne sont pas les mêmes. Cinq petites minutes de retard peuvent être ressenties comme un terrible abandon, une grande détresse. Deux heures peuvent ne pas suffire pour épuiser l'intérêt de remplir et de vider un seau. Si nous comprenons cela, nous comprenons beaucoup.
Quand je dis à Hélène: «Dans deux jours, nous irons faire un pique-nique», Hélène ne saisit pas. Ensemble nous cherchons à exprimer le temps dans une unité qui lui soit familière. Cette unité, c'est le «dodo». On se couche, on se lève, on se recouche, on se relève encore une fois et ça y est.

Nos enfants ont besoin de prendre leur temps

Entendre Loïc dire: «Non, c'est moi qui fais mes lacets tout seul», c'est parfois redoutable, quand on a tant de choses à faire et qu'on sait qu'après un quart d'heure de noeuds ratés, de tortillons et d'embrouillaminis, il faudra redéfaire et faire un vrai noeud. Si nous le laissons prendre son temps, nous lui donnons l'envie de recommencer car il se sent bien quand il réussit et aime tâtonner, recommencer quand il n'y arrive pas.
Avec nos «vite dépêche-toi», «je n'ai pas que ça à faire, à t'attendre», avec nos «je compte jusqu'à trois si tu n'as pas fini, gare à toi», nous freinons et finissons par briser tous leurs élans de débrouillardise et par entraver leur progression vers plus d'autonomie. Et pourtant, il faut pouvoir faire vite.
Alors, le jour où je suis vraiment très pressée, je suggère de mettre les bottes, même s'il fait beau soleil, pour éviter la séance laçage; demain, samedi on aura tout le temps pour faire des noeuds!
Cela n'a jamais fait de mal à un enfant d'être obligé occasionnellement de vivre un après-midi trépidant aux rythmes de nos déplacements, de nos préparatifs, de nos obligations… Bien au contraire, c'est un bon exercice d'adaptation, car la vie ne tardera pas à le faire entrer dans le tourbillon de son rythme.

Ils ont un grand besoin de notre temps

C'est vrai, mais il nous faut bien aussi nous garder du temps pour nous, et le faire comprendre à nos enfants. Nous ne sommes pas tout entier corps et âme, dévoués vingt-quatre heures sur vingt-quatre à ne nous occuper que d'eux. Choisir entre «je le fais, ça va tellement plus vite», ou «je le laisse faire mais c'est long !», ce n'est pas facile. Là encore il faut naviguer à l'intuition et retrouver sans arrêt de nouvelles manières d'être, de faire et de comprendre.
Est-ce que «viens vite Papa, reste avec moi» ne veut pas dire «Papa je trouve que tu t'es assez occupé de ma petite soeur?»
La meilleure invitation à grandir que nous pouvons faire à nos enfants, c'est de les prendre par la main, d'aller leur montrer, de leur expliquer, puis de laisser faire et d'observer, d'encourager, de recommencer. Cela réclame présence, effort et du temps toujours du temps. Que de tiraillements!
C'est vrai, témoigne Jacqueline, la semaine c'est le tourbillon, mais, chez nous, le dimanche après-midi est réservé à nos enfants. Nous vivons ces quelques heures avec eux à leur rythme. Quelle détente, quelle joie je retrouve en promenade, de marcher comme ma fille de 4 ans, trois pas en avant, deux en arrière, un petit saut, un arrêt, ça fait un bien fou !
Quand nous disons «vite», ça nous arrange, ça nous avance. Quand nous disons: «Attends, pas maintenant», ça nous permet de souffler, ça nous permet de ne pas nous déranger, ça nous permet de garder un peu de temps pour nous. Alors que pour eux, quand ils entendent «vite», ils ne comprennent pas pourquoi, ils ne savent pas. Quand ils nous disent: «Attends moi», «encore un peu», «tout de suite», cela veut dire: je suis là, je te le dis, je n'ai pas fini, je veux encore, j'ai besoin de toi.
Comment respecter ces différences et vivre le plus harmonieusement possible chacun son temps? Chacun avec son temps? Questions aux mille réponses!









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