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Nouveaux critères de maturité
L'âge adulte était considéré jadis comme le sommet de l'aboutissement du processus de croissance. Ce mythe de l'adulte achevé a été remis en question par les écoles humanistes. Les critères de maîtrise émotionnelle en terme d'adaptation au milieu, de stabilité de maîtrise émotionnelle, se réfèrent en fait aux normes culturelles et à une ligne et à une image de l'homme préconisée par la culture régnante.
S'adapter ou devenir soi-même?
L'homme trop bien adapté, trop conforme aux normes est souvent un adulte aliéné dont les forces du milieu ont éteint une grande partie des ressources intérieures et des potentialités. Cette aliénation est définie par Rogers comme un écart ou un décalage entre l'expérience intérieure de l'individu et les valeurs conceptualisées qui lui ont été inculquées. Le critère fondamental de maturité ne serait pas cette adaptation perçue comme aliénante, mais une forme d'inadaptation positive. Cette constatation impliquerait également que l'individu qui se sent mal à l'aise dans son adaptation serait plus mûr que celui qui colle tout à fait à son milieu culturel et qui se conforme sans difficultés apparentes à ses exigences.
C'est quand l'homme sent une distorsion entre ses aspirations profondes et les exigences culturelles qu'il peut progresser. Cette progression ne s'effectue pas sans difficulté. Elle provoque généralement beaucoup d'anxiété et de nombreuses résistances. Le besoin de sécurité et la peur de perdre ses repères entravent le désir de croissance.
Le critère de maturité devient alors cette volonté, ce courage d'être et d'entrer dans le processus de devenir soi-même.
A la recherche d'une plus grande authenticité
Nous allons aborder maintenant les attitudes plus spécifiques de l'enseignant.
Victime d'une certaine formation spécialisée, qui a contribué à le fixer dans des schémas méthodologiques et pédagogiques, l'enseignant éprouve de grandes difficultés à se dégager des habitudes acquises et court le risque de les reproduire intégralement dans sa classe sans songer à les adopter ou à créer des voies nouvelles. Imprégné et modelé également par toute une civilisation et les valeurs qu'elle draine à travers ses relations humaines: Etat, famille, parents, école, Eglise, l'enseignant tente de se situer par rapport à celles-ci par un travail personnel qui devrait l'amener à un développement optimal de sa personnalité. Il ne peut se contenter des valeurs qu'on lui a transmises sans une remise en question totale dans le sens d'une intégration à sa personne de certains concepts anciens liés à la recherche de valeurs nouvelles. L'éducation traditionnelle, trop souvent, a plaqué sur des êtres une personnalité qui ne leur appartient pas. Il s'agit maintenant de revenir à l'authenticité de la personne, à la recherche continuelle de la genèse du comportement et d'une vie en accord avec celle-ci. Cette recherche de l'enseignant ne peut se faire que dégagée des influences parentales, culturelles et religieuses. Elle ne peut aller sans crises profondes et parfois désespérées souvent indispensables à la création d'une personnalité nouvelle et autonome.
Face à cette orientation, nous ressentons, chez l'enseignant, une certaine crainte, voire une panique. Cette peur est souvent exprimée par une résistance psychologique très forte à tout changement qui pourrait remettre en cause sa personnalité.
Ce texte est extrait du rapport intitulé «Le statut de l'enseignant» présenté au congrès de la Société pédagogique romande au mois de novembre 1978.
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