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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURLe jeux réinventé. Quand passe Goldorak, pourquoi ne pas faire autre chose ? Alors que je me demandais s'il fallait ou non laisser mes fils regarder Goldorak à la télévision, j'ai eu la chance de lire un livre (1) qui a vite fait de mettre de l'ordre dans mes idées. Le propos de l'auteur n'est pas de partir en guerre contre la télévision. Il s'agit d'une éducatrice qui, pendant les vacances d'été, a pris en charge cinq enfants de sa famille âgés de 7 à 12 ans, dans des conditions un peu particulières: il était convenu que les enfants n'apporteraient aucun jouet, sauf un couteau de poche, et qu'on n'utiliserait ni la voiture, ni la télévision; par contre, une bibliothèque bien fournie était à disposition et les sorties dans la campagne environnante étaient libres. Les enfants passèrent les premiers jours à lire; puis ils se mirent, sans le savoir, à réinventer les jeux de leurs parents et grands-parents. Pour ma part, j'ai retenu une petite phrase qui figure au début du livre: «Le vrai danger n'est-il pas dans la violence dont le spectacle quotidien atténue l'horreur et finit par la faire considérer normale?» (p. 14). J'ai aussitôt décidé de ne pas exposer mes fils à ce danger. Et à l'heure des feuilletons télévisés «pour enfants», je tâche de les occuper autrement. Le jeu réinventé propose une quantité de jeux traditionnels simples, que nos enfants peuvent réinventer selon leur âge et leur fantaisie. Jeux nécessitant des accessoires (jeux de billes ou d'osselets) ou non (bras de fer), jeux d'intérieur ou de plein air (jeu de la fossette, marelle, jeu de massacre, tirs sur cibles, etc.), tous jeux qui demandent la participation des joueurs (enfants et adultes), un effort et dont les règles non fixées permettent à l'enfant de créer un jeu dérivé d'un autre. Participation, effort, créativité sont selon l'auteur des qualités éducatives suscitées par bien peu de jouets commerciaux. «Les poupées, les ours en peluche, les chariots que l'on traîne, les pelles, les seaux… bref, tous les supports à l'imagination ou au rêve, et les outils et matériaux grâce auxquels l'enfant construit son univers et se construit, sont à leur place dans les coffres à jouets autant que les billes, les osselets, balles ou cerceaux… Mais les petites perfections mécaniques, les productions sophistiquées, tout le clinquant spectaculaire, tous les symboles de notre société, tous ces jouets d'endoctrinement camouflé… tous ceux qui grugent les parents par de fallacieuses promesses éducatives… alors, là, quel beau feu de joie on pourrait en faire! Une seule règle devrait être respectée: celle qui laisse à l'enfant le choix, l'action, la responsabilité et la gouverne de ses jeux, car seul cet ensemble est éducatif. Le jouet le mieux pensé, le mieux construit par des adultes est un objet mort entre des mains d'enfant, car l'enfant ne peut apprivoiser son univers que s'il le reconstruit lui-même à partir de tout et de rien, au fur et à mesure de son avancée dans la vie.» (p. 180-181). Auprès d'enfants en rééducation, enfin, les jeux de tradition populaire se sont révélés plus efficaces que les jeux préfabriqués. Je me rends compte que faire jouer ses enfants à l'heure du feuilleton télévisé est un luxe de mère au foyer. J'aime à croire cependant que des enfants initiés à ces jeux, le dimanche par exemple, et encouragés dans cette voie par leurs parents, auront mieux à faire qu'à allumer automatiquement le poste de télévision en rentrant de l'école. Encore un mot: Ayant lu ce livre juste avant de partir en vacances au bord de la mer, je tentai une expérience - non pas la même, mais je pensais qu'ayant peu de jouets mes fils en feraient un meilleur usage, et j'espérais qu'ils découvriraient des jeux ou occupations «naturels» dans leur environnement. J'emportai donc pour chacun (ils ont trois ans et demi) une pelle et un seau, une ardoise avec crayon et éponge, trois livres et une petite voiture Lego. Le résultat dépassa mon attente. J'avais pris trop de jouets, puisque trois livres et une voiture furent perdus sans même que le propriétaire s'en aperçoive. Les ardoises suffirent à les occuper pendant les 12 heures du voyage. Les seaux et les pelles furent beaucoup utilisés sur la plage, mais nous ne passions pas nos journées entières sur la plage: le reste du temps, ils jouèrent «avec rien», c'est-à-dire qu'ils découvraient ce qui les entourait, ils ramassaient des coquillages ou des petits cailloux, jouaient à la balle avec un papier froissé ou une pelote d'algues, ils observaient des insectes, jouaient avec des pierres ou des bâtons (mon mari les initia à certains jeux de son enfance semi-campagnarde). Pendant ces quinze jours, ils se disputèrent beaucoup moins qu'en trois jours à la maison. Je renouvelai l'expérience lors d'un séjour à la montagne, et fis les mêmes observations. (1) Huguette Hugon-Derquennes, Le jeu réinventé, Paris, Fleurus, 1977. Ce livre est disponible à l'Ecole des parents de Genève. Vous pouvez l'emprunter en téléphonant ou en écrivant. Ecole des parents, 4, Terreaux-du-Temple, 1201 Genève, tél. 32 84 20. |
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