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La curiosité

La curiosité. Ce mot éveille en nous l'idée d'un défaut, mais il ne l'est pas nécessairement.

Le désir de tout voir et de tout connaître est un puissant facteur de développement. Dans le premier âge c'est presque le seul moyen que l'enfant ait à sa portée pour acquérir des connaissances; l'entraver dans ses investigations, remplacer celles-ci par un enseignement, même excellent, ce serait faire fausse route.

Mais à cette curiosité instinctive, qui le plus souvent s'attache aux choses plutôt qu'aux personnes, succède parfois la manie de s'immiscer dans les affaires du prochain, de savoir ce qu'il fait et ce qu'il pense; elle se manifestera par de petites indiscrétions: regarder par le trou d'une serrure, lire une lettre qui ne vous regarde pas, écouter une conversation qui ne vous est pas destinée, et cela sans qu'il y ait désir de s'instruire. Cette disposition, si elle n'est pas enrayée à temps, produira chez l'adulte de déplorables résultats: bavardages, paresse, indiscrétion, perte de temps, méchanceté.

Chez d'autres enfants se manifeste un besoin d'impressions toujours nouvelles, de nature plus ou moins violente. Comme ils trouvent dans la rue l'aliment nécessaire pour satisfaire ce besoin, ils s'y attardent volontiers sans s'apercevoir que le temps passe. Un chien qui se baigne, des soldats qui font l'exercice et l'enfant oublie de poursuivre sa route. L'oeil collé à la vitre d'une pharmacie il attendra longtemps pour en voir sortir un blessé.

Bientôt il ne craindra pas de jouer des coudes pour se faire place; dès qu'il y a quelque chose à voir, il lui faut être au premier rang. Quel que soit du reste le spectacle, il regardera avec le même calme le chat qu'on tourmente, l'enfant qui vient d'être renversé par un cycliste, l'épileptique ou l'ivrogne qui se débattent.

Ce qui l'attire et le retient, ce n'est pas la compassion, c'est ce qu'il y a de barbare en l'homme. Cet instinct sauvage qui dans les siècles passés attirait les foules au cirque pour voir mourir les condamnés ou plus récemment sur les places publiques pour assister aux exécutions sur l'échafaud. Ce qui fournit des spectateurs aux courses de taureaux et de coqs, et peut-être aussi quelquefois au théâtre et au cinématographe. Ajoutons que ces cas-là sont rares mais le danger toujours là.

Malheureusement les mères laissent souvent passer sans rien dire cette curiosité badauderie et découragent les curiosités légitimes.

Que de choses utiles on apprend en regardant travailler de bons ouvriers. Combien de coeurs se sont ouverts au spectacle de la souffrance, les vocations de diaconesse, de médecin, n'ont-elles pas souvent cette origine ? Le savoir faire, le coup d'oeil, la serviabilité prompte et intelligente se développement par le libre exercice de l'esprit d'investigation. Donc si notre enfant prend l'habitude de rentrer en retard, cherchons à nous rendre compte de ce qui l'a retenu, faisons cet examen avec lui. Apprenons-lui à discerner s'il agit par égoïsme ou par altruisme. Montrons-nous prêtes à pardonner l'inquiétude qu'il nous a causée, si le motif est valable, mais expliquons-lui que ce qu'on acquiert ainsi en regardant autour de soi n'est en général pas proportionné au temps perdu.

En cas d'accident encourageons-le à offrir ses services, mais s'il n'y a rien à faire montrons, par notre exemple, qu'il ne faut pas grossir la foule encombrante et entraver l'action de ceux qui portent secours. Disons que notre curiosité peut faire de la peine à la victime et la mettre mal à l'aise.

En ceci, comme en toutes choses, il faut que nous soyons des modèles. Savoir toujours ce qui se passe chez nos voisins, être à l'affût des nouvelles, faire
partie de beaucoup de comités, entendre toutes les conférences, tous les concerts, aller où tout le monde va, ce sont autant de manifestations de la curiosité, demandons-nous avec sincérité si c'est l'amour du prochain, celui de la science ou de l'art qui nous entraîne hors de la maison, quelquefois loin du devoir?

Et s'il y a lieu, ayons le courage d'opérer dans notre existence les retranchements nécessaires.

Une autre forme de la curiosité enfantine doit encore attirer notre attention.

Il est souvent difficile et délicat de répondre aux questions que posent les petits au sujet de faits qu'ils voudraient comprendre et où ils pressentent quelque mystère. Alors, si la mère s'en tire en disant: «Tu es trop curieux» l'enfant peu satisfait va questionner des camarades au risque de tomber sur les moins recommandables d'entre eux. Ou bien, s'il est d'un caractère tranquille et renfermé, il cherchera l'explication désirée dans le dictionnaire, dans les livres nombreux qui traitent de ces sujets délicats, ou même dans la Bible. Dans l'un ou l'autre cas, les éclaircissements qu'il recueillera auront sur son esprit une action excitante, tandis que l'explication à sa portée qu'aurait dû lui donner sa mère, l'eût entièrement satisfait.

Sachons donc montrer à nos petits comme à nos grands enfants qu'ils ont raison de nous apporter leurs questions quel qu'en soit l'objet.

Les Athéniens passaient leur temps à dire ou a écouter des nouvelles. Chez eux le goût pour l'instruction avait dégénéré avec la décadence de leur patrie en une vaine curiosité. Paul cependant ne la leur reproche pas, il se sert de cette disposition pour leur annoncer l'évangile. Il faudra souvent que nous agissions de même dans notre famille. Profitons de ce désir de tout connaître pour en faire un élément de progrès.









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