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RETOURA propos de timidité Une récente émission de radio de l'Ecole des Parents avait pour sujet la timidité (1). A l'intention des abonnés qui ne l'auraient pas entendue, voici les réflexions d'une (ancienne) timide. Qu'est-ce qu'un enfant timide? Ce n'est pas forcément un enfant qui ne dit pas «bonjour à la dame». Enfant, je disais (trop) poliment bonjour aux messieurs et aux dames, probablement par peur d'être grondée, car c'est un des traits du timide: il craint les réprimandes et la réprobation à tel point, qu'il n'ose souvent pas sortir des sentiers battus, innover, par crainte de l'opinion défavorable de son entourage. Petite fille, il paraît que je restais un peu en retrait, que je ne me mêlais pas d'emblée aux jeux des autres enfants. Plus tard, ceux qui ne me connaissaient pas me disaient hautaine: c'est que ma timidité se manifestait surtout devant des étrangers. S'il m'arrivait de devoir prendre la parole (en dehors du cadre scolaire), ma gorge se nouait, mon coeur battait la chamade, mes mains devenaient moites et mes joues rouges, ce qui ne faisait qu'aggraver mon trouble et mon émotion. J'ai lu que le timide ne l'est souvent que devant des situations nouvelles, des étrangers (2); c'est bien ce que j'ai ressenti et vécu. Jusqu'à seize ans, on ne m'a pas parlé de ma timidité. Les auteurs s'accordent à penser qu'il faut en effet laisser l'enfant timide tranquille. En ce qui concerne le petit enfant, Rudolf Dreikurs dit que cela peut être une «thérapie» suffisante dans certains cas précis: quand un petit enfant joue le timide parce que c'est pour lui un moyen d'attirer l'attention, ignorer sa «timidité» c'est la faire disparaître (3). Un enfant peut être timide parce que ses parents sont eux-mêmes très timides. Ou parce que ses initiatives sont constamment critiquées ou réprimées. Ou encore parce qu'il croit ne pas pouvoir satisfaire aux exigences parentales: en tant qu'aînée, il me semblait ne jamais être à la hauteur. Ces causes sont toutefois annexes, car elles s'exercent sur un terrain favorable: tous les aînés ne sont pas des timides, tous les enfants de parents moqueurs ou surprotecteurs ne sont pas des timides non plus. Il me semble que le timide est avant tout un grand sensible. Rétrospectivement, je me rends compte que lorsque j'étais (plus) timide (que maintenant), je n'étais pas vraiment moi-même. Comment donc aider un timide à être soi-même? Je crois qu'il faut surtout lui faire confiance. Plus que tout autre enfant, il a besoin de pouvoir s'affirmer - peut-être dans un cadre autre que celui de sa famille (sociétés sportive, artistique, etc.) -, s'exprimer, et faire ses propres expériences sans qu'on lui dise à l'avance quel en sera l'aboutissement. Faire confiance à un enfant, c'est une attitude qui est naturelle à certains parents, mais pas à tous. Personnellement, je dois parfois faire un effort, ne serait-ce que quand mon fils de trois ans veut remplir son verre d'eau «tout seul»; mais je crois que la confiance est une composante essentielle de l'amour parental et de l'éducation - et accessoirement j'aimerais éviter à mes enfants les désagréments qu'engendrent la timidité. Mais la timidité est-elle uniquement un handicap? Je répondrai par une citation réconfortante du Dr Julien Cohen-Solal - et comme les timides ont besoin d'encouragement, ce sera ma conclusion: «La timidité ne devient un défaut que lorsqu'elle gêne considérablement les contacts sociaux et l'activité scolaire. Si elle s'accompagne d'une bonne réussite et ne rend pas l'enfant gauche et emprunté, elle vaut mieux que l'effronterie et la suffisance marquant souvent une profonde insécurité».(4) (1) L'émission a été enregistrée sur une cassette qui peut être empruntée à l'Ecole des Parents, 4, rue Terreaux-du-Temple, 1201 Genève, tél. 32 84 20 pour le prix de 50 centimes plus frais de port. (2) Dr Julien Cohen-Solal, Comprendre et soigner son enfant, Paris, Laffont, 1975. (3) Rudolf Dreikurs, Le Défi de l'enfant, Paris, Laffont, 1972, chapitre 11. (4) Ibid., p. 622. |
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