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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Les levers difficiles

Une lectrice nous a écrit:

Je me demande si vous pourriez traiter le problème du lever.
Etant moi-même de caractère assez lymphatique, j'ai besoin d'au moins une heure pour retrouver ma bonne humeur. J'ai le lever triste. Chaque jour recommence l'éternel cauchemar: la sonnerie stridente du réveille-matin, le réveil difficile à la pensée souvent angoissante de la masse des choses à faire, une impression vague de faiblesse et finalement la sortie des draps chauds dans l'appartement glacé!
Dans cet état d'esprit, comment réveiller avec douceur, gentillesse, tact, quatre enfants, qui ont tous, sauf un, un réveil difficile?»

Comme c'est notre habitude, la question a été lue à haute voix à l'équipe de rédaction réunie pour la préparation des «Entretiens» de janvier.
Les collaborateurs présents ne m'ont pas laissé le temps de leur demander si ce problème leur suggérait un embryon de réponse. Les exclamations, les anecdotes et les réflexions ont jailli.
En voici un aperçu à l'intention des lecteurs que cela intéresse:


- Quand j'ouvre les volets pour réveiller ma fille, elle enfonce sa tête sous la couverture. Si je lui dis: Bonjour! il fait du soleil aujourd'hui, elle me répond: - Non, c'est un sale jour.
- Nos enfants sont des tôt-levés. Mais pour les faire s'habiller, se laver, déjeuner, partir à temps pour l'école, c'est une autre affaire!
- C'est une question qui me tracasse. Comment vraiment attaquer ce problème de tous les jours? Je sais que dans certains foyers d'adolescents, ils ont un éducateur spécialisé pour le lever des jeunes.
- Est-il normal que je doive encore aider ma cadette de six ans à s'habiller? J'en ai un peu honte. Pourtant, si je ne le faisais pas, elle ne serait jamais prête.
- Chez moi, mon fils qui a onze ans, a presque toujours de la peine à se lever. Il est assez tyrannique. Au moment, où je devrais faire le petit déjeuner pour les autres, il fait des histoires pour les chaussettes qu'il doit mettre ou autre chose, appréhende souvent telles ou telles leçons, etc. et j'en passe. C'est par ailleurs un enfant très gai, marrant, dynamique; mais chaque matin la petite scène recommence, et je l'appréhende tous les matins…
Quant à mon grand fils de dix-huit ans, qui se lève, en principe seul avec son réveille-matin (qu'il n'entend d'ailleurs presque jamais) c'est un cauchemar. Il n'arrive simplement pas à se lever…
- Le pire, c'est encore ce vocabulaire à revoir, tout en mangeant. Quel début de journée! C'est démoralisant.
- Parmi les bons moments que j'ai passés avec ma fille aînée, il y a ceux pendant lesquels je lui faisais réciter les verbes forts avant de partir pour le collège. C'était comme un contact que nous entretenions et que nous appréciions toutes les deux.


Ce rapide échange d'expériences vécues nous a fait découvrir à quel point le lever est pénible un peu pour tout le monde, pour les parents autant que pour les enfants.
Sauf pendant les vacances!
Et sauf pour quelques privilégiés aussi qui affirment être toujours impatients de sortir du lit pour voler au devant d'un travail qui les stimule. Avoir le bonheur de prendre tout son temps. Goûter quelques minutes de silence avant de se lancer dans le combat journalier. Savourer en paix la première tasse de café. Ou plus prosaïquement occuper seul la salle de bain et les toilettes.
Mais pour un lève-tôt, l'oeil clair et le moral au beau-fixe dès le saut du lit, que de paupières lourdes, d'idées sombres, de corps ankylosés! «Faut pas me poser de questions avant que j'aie mangé». «Jusqu'à midi, je suis d'une humeur massacrante». «Mon fils est comme moi: tellement barré qu'il ne peut rien avaler». «Se lever, c'est encore rien, mais toutes ces obligations auxquelles il faut faire face!»
Les obligations. Voilà ce qui semble peser si lourd sur la vie des écoliers comme de leurs parents.
Obligation de s'habiller dans un délai jugé trop court. De manger rapidement pour gagner du temps. De boire «quelque chose de chaud», alors qu'on n'a pas soif. De répéter une leçon qui avait de la peine à entrer la veille. De quitter la maison où l'on resterait volontiers.
Si au moins quelque chose d'attrayant vous attendait à l'extérieur! Malheureusement ce qui attend beaucoup d'écoliers, c'est une récitation qui va de nouveau être criblée de fautes, un maître qui n'a pas réussi à créer un climat de confiance, des camarades qui prennent plaisir à provoquer des bagarres, des branches qui suscitent fort peu d'intérêt, une réputation de «mauvais élève» ou de «babillarde impénitente».
Vous estimez ce tableau trop noir? Vous ne connaissez pas ces aubes déprimantes? Alors, réagissez! Faites-nous part de votre propre expérience. Nous serons enchantés de faire connaître à nos lecteurs des débuts de journée plus enthousiasmants.
Mais pour aujourd'hui, nous nous en tenons aux témoignages cités plus haut et aux commentaires de l'équipe de rédaction.
Essayons de comprendre pourquoi tant d'êtres se réveillent l'âme déjà découragée et voyons ce qu'on peut éventuellement envisager pour les aider à sortir de cet état pénible.
Dans le chapitre qu'il consacre à ce problème dans «L'amour ne suffit pas», Bruno Bettelheim affirme que le réveil est le moment de la journée le plus difficile à vivre pour tous ceux qui sont démunis de forces affectives suffisantes. De toute façon, le passage du rêve à la réalité n'est agréable pour personne. Mais pour les êtres sensibles, inquiets, dépourvus de confiance, angoissés, c'est une terrible épreuve qui se renouvelle chaque main. Comment affronter les perspectives de la journée avec le sourire quand on sort éreinté par une suite de cauchemars et de terreurs nocturnes?
Au sortir des combats de la nuit, il faut souvent à ces êtres-là une énergie surhumaine pour s'arracher à la sécurité et au réconfort de la tiédeur des couvertures.
Beaucoup de parents craignent de faire preuve de faiblesse en aidant à l'habillage, en préparant des tartines, en faisant répéter la poésie restée en panne, ou en acceptant de ne rien faire réciter, si cela doit augmenter encore le malaise régnant. Pourquoi serait-ce de la faiblesse que d'aider un être vulnérable?
Et pourquoi faudrait-il que tous les enfants se révèlent aptes à prendre toutes leurs responsabilités au même âge et dans les mêmes conditions? L'un s'habillera seul déjà à trois ans. L'autre prétendra encore à huit ans ne pas être capable de distinguer le devant du dos de son pull.
L'un se réveille en chantonnant. L'autre ne desserre les dents que pour maudire. Celui-ci met son point d'honneur à se lever avant qu'on l'appelle. Celui-là ne se réveillerait que l'après-midi si on le laissait livré à ses seules ressources.
Tenir compte des particularités de chaque enfant, lui proposer de l'aider pour pallier ses difficultés, ce n'est pas entraver son développement. Dans beaucoup de cas, c'est tout simplement l'aider à vivre…









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