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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURLa base des premiers apprentissages Prenons l'exemple le plus simple: bébé reçoit pour la première fois sa bouillie à la cuiller; supposons qu'on ait pour cela attendu imprudemment jusqu'à six mois, son habitude du biberon est déjà bien ancrée et il refuse la cuiller. Maman insiste, il crache et pleure. Acte suivant: la réaction maternelle peut être très variable. La mère «laissez-faire» renonce et rend le biberon, et son bébé s'y accrochera peut-être jusqu'à dix-huit mois ou deux ans, cela s'est vu. La mère autoritaire insiste jusqu'à ce que l'enfant devienne violet de colère. Aucune des deux attitudes ne favorise l'apprentissage: pour qu'il se fasse, il faut insister affectueusement, s'arrêter dès que le bébé s'énerve et recommencer fermement le lendemain. Même procédé pour l'apprentissage de la propreté, qui paraît une si grande et si terrible affaire! Les deux conditions de la réussite sont cependant bien claires: 1. que la mère soit sûre d'elle et sache exactement ce qu'elle veut obtenir, 2. que l'enfant soit capable de comprendre ses intentions et de s'y conformer. La seconde condition suppose que le bébé ait dépassé un an: trop jeune, il est incapable de contrôler ses mouvements, et cette certitude a fait enfin disparaître l'anxiété de certaines mères qui s'acharnaient à maintenir bébé sur le pot dès l'âge de trois mois. Mais la première condition est tout aussi importante: l'enfant ne devient pas propre si la mère n'est pas sûre que son exigence est légitime. J'ai vu ainsi une jeune mère américaine absolument au bord de la dépression nerveuse parce que la plus jeune de ses enfants, à deux ans, se conduisait encore comme un chiot de quatre semaines, semant des saletés dans toute la maison et jusque sur les livres de son père - mais, toute emplie de psychanalyse mal digérée, la mère se demandait encore si elle avait le droit d'exiger la propreté… Aucun apprentissage n'est possible dans une atmosphère de doute et d'hésitation: on en revient toujours au même point, l'enfant ne «choisit» pas tout seul d'être propre. Ces deux points étant acquis, l'apprentissage peut se faire très vite: il consiste surtout à faire comprendre à l'enfant ce qu'on attend de lui, et à lui montrer qu'on le veut vraiment. On peut être sûr qu'il l'accepte très bien, pourvu qu'on prenne la précaution de ne pas provoquer en lui une réaction d'hostilité: il veut bien être propre pour faire plaisir à sa mère, pour être caressé et félicité; céder dans une bataille engagée est une tout autre affaire. Donc pas de bataille, pas de séance interminable sur le pot, pas de fessée, pas de honte, pas de brimade: mais seulement le désir maternel clairement exprimé, autant de fois qu'il le faudra. |
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