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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Les pauvres sont-ils des privilégiés?

Lui - Ne soyez pas étonnée. C'est bien le titre de l'article que j'ai l'intention d'écrire.
Elle - Mon pauvre ami, vous allez attirer sur vous les foudres des syndicats, du Mouvement populaire des Familles et de tous les partis de gauche!
Lui - Vous avez sans doute raison, mais toutes ces personnes changeraient peut-être d'opinion s'ils avaient lu le livre de Zorn intitulé Mars.
Elle - Et quelle est la démonstration que fait ce M. Zorn?
Lui - Il ne fait aucune démonstration, mais il relate sa propre histoire et je vous assure qu'elle donne fort à réfléchir. Elevé dans une famille riche, il a bénéficié de tous les avantages que donne l'argent: bonnes écoles, université, cours de danse et de musique, voyages à l'étranger, etc. Or, son livre est un terrible réquisitoire contre l'éducation très bourgeoise qui est de règle dans les milieux fortunés qui habitent les belles villas qui bordent les rives du lac de Zurich. C'est cette éducation «dorée» qu'il rend responsable de sa névrose et du cancer dont il sait, au moment où il écrit - à l'âge de 32 ans - qu'il va mourir.
Elle - Votre histoire est en effet pitoyable, mais elle ne prouve pas que la richesse soit la cause de tous les malheurs. Bien des riches n'attrappent pas le cancer et il y a aussi des pauvres qui en meurent.
Lui - C'est évident. Et ce serait simplifier les choses que de voir dans la richesse la seule cause du malheur des enfants fortunés et l'origine de leurs affections plus ou moins psychosomatiques.
Mais ne pensez-vous pas que le cas de Mars est une excellente occasion de réfléchir sur l'influence qu'exerce l'argent dans notre société et tout spécialement sur l'éducation des enfants?
Elle - Il me semble que la question est simple: tous les parents désirent avoir des moyens suffisants pour faire bénéficier leurs enfants d'une bonne éducation.
Lui - Oui, mais qu'appelez-vous une «bonne éducation»? Il me semble qu'on commet à cet égard une erreur grave. La plupart des parents s'imaginent que l'essentiel est que leur enfant soit doué pour l'étude et le plus instruit possible. Ils désirent le voir partir dans l'existence armé de savoir et bardé de diplômes. Ils sont d'ailleurs poussés dans cette direction par la multiplication des dits diplômes qui foisonnent dans notre société.
Elle - Ce n'est pas sans raison, car à notre époque il est bien difficile de trouver un emploi si l'on n'a pas un diplôme en poche.
Lui - C'est malheureusement vrai et je ne peux que le déplorer.
Elle - Je sens, mon cher, que vous allez me débiter un sermon en trois points sur le thème: «L'argent ne fait pas le bonheur».
Lui - Erreur complète. J'apprécie comme tout le monde les avantages de la fortune. Mais là n'est pas la question. Nous parlons d'éducation; or, l'éducation n'a pas pour seul but la formation de l'intelligence et l'acquisition de connaissances. Elle doit permettre à l'enfant de devenir un adulte, ce qui ne se réalise pas sans effort, sans épreuve et même sans certains échecs. C'est du moins ce que la vie m'a appris. Or, vous admettrez sans doute avec moi que notre civilisation d'abondance a pour effet de supprimer l'effort. Regardez autour de vous: les enfants - ou du moins la majorité d'entre eux - ont leur vélo à 10 ans, leur vélomoteur à 15 ans et leur voiture à 18 ans, et cela sans avoir à fournir un véritable effort.
Elle - Peu importe, si les enfants sont bien dans leur peau.
Lui - «Bien dans sa peau» est une expression à la mode, mais dont les spécialistes en psychologie et en pédagogie ont peut-être quelque peu abusé. Et je me demande si l'enfant «bien dans sa peau» qui a vu ses désirs satisfaits sans qu'il ait eu à les gagner lui-même d'une manière ou de l'autre, deviendra vraiment une personnalité capable de faire face aux difficultés de l'existence.
Elle - Alors vous estimez que les frustrations sont indispensables à une bonne éducation?
Lui - Je ne suis pas loin de le penser. Et c'est pourquoi je me demande si, en définitive, le manque d'argent n'est pas une frustration bénéfique qui facilite la tâche des parents, et si cette tâche n'est pas rendue plus difficile par l'abondance d'argent dans la famille.
Elle - Peut-être, mais les temps ont changé et on ne peut pas revenir en arrière. La prospérité qui règne actuellement a aussi ses avantages. Vous ne nierez pas que beaucoup de parents sont heureux de pouvoir donner à leurs enfants la possibilité de pratiquer certains sports, comme par exemple l'équitation, ou jouer d'un instrument, ce qui leur serait impossible si leur budget était plus serré.
Lui - Il serait ridicule de le nier. Mais je soutiens très fermement que cela n'est pas une chose essentielle. N'avoir pas assez d'argent pour acheter tout ce que l'on voudrait posséder, voir que ses parents sont soumis à la même règle et que chacun, qu'il soit parent ou enfant, doit se donner de la peine pour obtenir ce qu'il convoite me semble jouer un rôle important dans la formation du caractère.
Voilà pourquoi je pense que les pauvres (je ne dis pas les miséreux, mais ceux qui doivent peiner durement pour gagner leur vie) ont plus de facilité à être de bons éducateurs et que leurs enfants grandiront dans une atmosphère beaucoup plus saine que leurs camarades plus fortunés.
Elle - Alors, à votre avis, il suffit d'avoir de gros revenus pour être incapable d'élever ses enfants?
Lui - Il est bien évident que non. Mais je pense que leur tâche d'éducateurs sera plus difficile. C'est la conclusion à laquelle je suis arrivé en méditant sur le sort du pauvre Mars.









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