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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Le dialogue mère-enfant

Nous vous avons déjà présenté le livre de Elaine Heffner, Pour une mère adulte*, dans le numéro de juin des Entretiens. En septembre, nous avons publié un extrait du chapitre intitulé «Le droit à la colère». Ce livre est si riche, si stimulant, et aussi tellement réconfortant quant au rôle de la mère que nous vous présentons ici un autre fragment.

Une mère se pose des questions: "Dois-je arrêter de lui donner le biberon?" "Dois-je commencer l'éducation de la propreté?" Elle cherche la réponse dans les guides et manuels à l'usage des mères et dit au spécialiste: "Dites-moi ce qu'il faut faire, je le ferai. Si vous me dites qu'il ne faut pas faire telle chose, je ne le ferai pas." Autrement dit, elle croit qu'il existe une réponse, la bonne, formulée dans l'abstrait, et que tout s'arrangera pour peu qu'on veuille bien la lui donner. En fait, ce genre de réponse n'existe pas. En revanche, les questions sont multiples. Certaines ont trait à la dépendance et à l'indépendance: où en est l'enfant dans le processus qui doit théoriquement l'amener à une plus grande indépendance? Où en est la mère qui veut et ne veut pas renoncer à la dépendance dont fait preuve son enfant vis-à-vis d'elle? C'est en explorant ces deux aspects essentiels de l'éducation des enfants que les mères trouveront la réponse à leurs questions.
L'enfant acquiert son indépendance, c'est-à-dire fonctionne d'une façon autonome, une fois qu'il a renoncé aux gratifications exigées par le moi immature et qu'il est capable d'apprécier les avantages de l'autonomie. Je me rappelle mon retour de clinique, avec mon fils âgé d'une semaine dans les bras de mon mari. Nous étions dans l'ascenseur. Regardant le bébé, un jeune homme déclara: "Ce doit être agréable d'être porté comme ça, partout où l'on va!". A quoi mon mari répondit: "Je ne sais pas. Ça vous plairait qu'on vous porte là où vous n'avez pas envie d'aller?". Un des plaisirs de l'enfance est d'être porté dans les bras. L'avantage d'un fonctionnement autonome est de pouvoir décider personnellement de sa destination. L'éducation permet de déterminer où en est l'enfant dans cet apprentissage de l'indépendance et quand il est prêt à faire le pas suivant. La personne la mieux placée pour le savoir est la mère. Beaucoup d'éléments, toutefois, la gênent pour juger de la situation, dont deux particulièrement importants et qui ne sont que les faces opposées d'un même phénomène. D'une part, il y a son désir de faire plaisir à son enfant; d'autre part, son anxiété, son sentiment de culpabilité et le chagrin qu'elle éprouve lorsqu'elle a l'impression de le faire souffrir. Son enfant est si heureux de téter. Pourquoi ne pas le laisser encore un peu boire au biberon? Ou bien, formulé en sens inverse: il éprouve un tel désespoir quand on lui ôte son biberon qu'elle est bourrelée de remords en entendant ses cris. La mère veut pour son enfant une vie sans chagrins. Or c'est un objectif totalement dénué de réalisme. Les manques et les frustrations font partie, comme les gratifications, de la vie. La mère cherche seulement à réaliser un certain équilibre. On ne passe jamais sans peine d'un stade à un autre. Un nouveau pas en avant signifie en effet que l'on renonce, à des degrés divers, à une gratification. Si l'on est parfaitement satisfait là où l'on se trouve, pourquoi aller de l'avant? Si l'on se sent totalement frustré, pourquoi vouloir essayer de bouger?
Guider les pas de l'enfant sur le chemin de l'indépendance est une tâche que la mère n'entreprend pas seule. Il s'instaure en effet entre elle et son enfant un dialogue par gestes et attitudes qui pourra devenir, dans les étapes plus tardives, également verbal. La mère doit être attentive aux indices qui lui permettent de deviner que son enfant est prêt à passer à l'étape suivante; et c'est dans son comportement qu'elle les trouvera.

*Elaine Heffner, Pour une mère adulte, Paris, Stock, 1979, pp. 125-127.
Ce livre peut être emprunté à l'Ecole des parents, 4, Terreaux-du-Temple, Genève, tél. 32 84 20, au prix de 50 ct. plus frais d'envoi.









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