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Témoignages sur l'École Steiner
I
Gaël est en primaire en France, au cours élémentaire 1 re année. Il supporte, n'a pas encore de blocages particuliers, ou plutôt n'en a aucune manifestation pour l'instant: il «digère» très bien et de plus il aime sa maîtresse. Alors pourquoi choisir de le déraciner, de l'emmener loin de sa terre savoyarde natale? Quelque part au fond de moi, j'ai senti depuis qu'il fallut entrer dans le système scolaire actuel, que quelque chose me gênait, que cet engrenage et ces rails tracés rigides me dérangeaient, que ce système traditionnel était non seulement incomplet, rébarbatif, mais aussi nocif, qu'il allait abîmer Gaël. J'avais la certitude que ce n'était pas bon pour lui, qu'il allait le subir, se modeler, s'habituer aussi bien sûr et en garder des traces indélébiles. Aussi, j'ai eu beaucoup de mal à me résoudre à le faire entrer au cours préparatoire, mais je n'avais alors aucune autre porte ouverte devant moi, les écoles parallèles ne me satisfaisant pas pleinement.
Je me suis donc résignée, persuadée qu'une solution allait se faire jour. C'est alors que j'ai appris l'existence des écoles Rudolph Steiner. Tout cela a mis environ deux ans pour mûrir, informations, visites des écoles, rencontres, etc., et quand j'ai vraiment ressenti comment cette pédagogie allait dans le sens de l'épanouissement de l'enfant, du développement de ses forces, je me suis décidée au moment où l'école de Genève ouvrait ses portes. Il ne restait plus qu'à vaincre la peur de l'inconnu en connaissant les risques d'une école «différente» et parallèle.
Et maintenant, après cinq mois, je peux dire combien c'est rassurant de savoir son enfant dans une école où il est aimé pour lui-même, respecté comme enfant tel qu'il est, reconnu et accepté avec ses défauts et ses qualités.
Ça fait du bien d'avoir confiance.
D. Sulpice
II
Il y a sept ans, nous nous sommes intéressés aux différents systèmes scolaires offerts à un enfant. Entre autres, nous avons rencontré des parents dont les enfants fréquentaient une école Steiner.
L'application de la pédagogie de Steiner nous a beaucoup intéressés, car elle nous semblait respecter fondamentalement le développement physique et spirituel de l'enfant.
En tant que parents, nous avons essayé de respecter le rythme de l'enfant, de chaque enfant, de répondre à ses besoins. Au fil des jours, nous avons pris conscience en partageant leur vie, que les enfants ont un rythme de vie qui leur est propre et très différent du nôtre, et nous avons essayé de nous y adapter afin de le respecter au mieux. Cette façon de se poser à côté de l'enfant et d'essayer de le suivre dans son développement sans l'entraver nous a permis de découvrir un monde riche et infini.
Lorsque notre fils aîné fut en âge de commencer l'école enfantine, il y a trois ans et demi, nous l'avons inscrit au jardin d'enfants R. Steiner. Par la suite, nous y avons renoncé, car nous venions d'avoir un bébé et les transports que cela impliquait nous semblaient trop perturbant pour notre vie de famille. Donc notre fils aîné a fréquenté l'école publique durant trois ans et notre second fils pendant un an, car nous avons encore eu un bébé entre temps. Ces trois ans furent un peu pénibles pour moi, principalement pour les causes suivantes: les méthodes pédagogiques ne tenant guère compte du développement propre à l'enfant et le fait que l'enfant se trouvait dans deux mondes tout-à-fait séparés: l'école et la famille.
Aussi lorsque l'école Steiner vint s'établir dans notre village, le problème du choix se posa à nouveau pour nous. D'une certaine façon, il était fait, mais il nous restait quelques réticences à éclaircir.
En résumé, le changement total de prise en charge de l'enfant, même si nous le souhaitions, n'était pas facile à décider, car il impliquait pratiquement cette fois, une orientation scolaire totalement différente; nous devions accepter de faire suivre à nos enfants une école dont la pédagogie ne nous était pas inconnue sur le plan théorique, mais inconnue quant à ce que nos enfants allaient vivre. Nous n'allions d'autre part, plus avoir aucun point de référence par rapport à ce que nous avions vécu nous-mêmes. Mais en même temps, cela est extrêmement intéressant, car nous continuons à découvrir des aspects de la vie encore inconnus de nous, à travers nos enfants.
Je suis donc allée à un entretien avec un maître, principalement pour «sentir» l'atmosphère de l'école. Je lui ai demandé de me raconter des situations et des cours qu'il avait vécus avec ses élèves. J'ai été absolument captivée par ce qu'il me disait. En l'écoutant, j'avais de nouveau 8 ans, et j'aurais voulu que le temps ne s'arrête pas. Ce qui se dégageait de toutes ses paroles était un respect et un amour profond de l'enfant, de chaque enfant. Par la suite, j'ai retrouvé cela chez toutes les personnes qui s'occupent des enfants dans l'école. Je n'ai jamais entendu ou ressenti de jugement envers un enfant. Chaque enfant est accepté comme il est et on tient compte de toute sa personne pour l'accompagner dans son développement.
Quant à mes enfants, je les sens bien dans cette école, malgré le changement. Bien sûr, il leur a fallu une période d'adaptation. A nous aussi. Car on ne saute pas à pieds joints d'un système rigide à un monde ouvert aux beautés de l'enfance sans en ressentir quelque chose.
Quant à moi, le fait de choisir une école, une pédagogie, d'avoir des rapports avec les enseignants et jardinière d'enfants, qui nous lient autour de l'enfant et pour l'enfant, toujours pour le bien de l'enfant, m'apporte un immense soulagement. De plus je découvre un monde nouveau pour moi, je retourne d'une certaine façon à l'école, et cela avec beaucoup de plaisir.
M.-F. Jousson
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