Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Réflexions à propos de «Vivre ensemble»

A. J. de Genève est une abonnée qui a suivi avec un intérêt particulier nos articles intitulés «Vivre ensemble». Elle nous adresse la copie d'une lettre-réflexion de sa fille adulte (avec son assentiment) à propos de la relation mère-fille. Modestement, elle précise qu'il ne s'agit ni d'un exemple, ni d'un modèle, mais d'une expérience parmi d'autres.

Ces derniers temps, j'ai eu l'occasion de lire quelques ouvrages et articles traitant des relations mère-fille, par exemple: «Ma mère, mon miroir» de Nancy Friday, «Les enfants de Jocaste» de Christiane Olivier, «Un temps de colère et d'amour» d'Yvette Z'Graggen.
Dans tous ces essais ou récits, je me suis heurtée aux problèmes de culpabilité, de jalousie, de reproches, de sexualité mal vécue car jamais expliquée, qui semblent toujours jalonner l'itinéraire des relations mère-fille.
Si je pouvais comprendre intellectuellement ces divers sentiments, il m'était impossible de les ressentir, de les appliquer à ma propre situation.
J'ai commencé à me demander si j'étais «anormale» ou si j'avais eu le privilège de vivre une relation facile, presque sans problème avec ma mère. J'ai conclu par cette seconde hypothèse. J'ai essayé alors de retrouver et d'expliquer pourquoi j'avais cette impression de réussite.
Je suis pourtant une fille, unique de surcroît. Lorsque j'avais quatre ans, ma mère a quitté un travail qu'elle aimait pour rester à la maison près de moi, mais aussi pour consacrer du temps à son mari. Je crois que c'est là que se trouve une partie de la réponse.
Ma mère a représenté pour moi, non seulement une mère avec les traits de caractère que l'on attend: être asexué, bon, toujours disponible et de bonne humeur, généreuse, ouverte aux autres, toujours présente, ne revendiquant ni espace, ni temps pour elle seule, donnant Tout à son ou ses enfants.
Or, ma mère n'a pas été seulement cette mère-là, mais elle était aussi une femme, aimée et désirée par un homme, et cet homme-là, comble de bonheur, était mon père.
Si elle a pu me parler sans gêne de la sexualité et si elle m'a appris à la respecter, et aussi à en jouir, à la vivre pleinement, c'est, je crois, parce qu'elle-même la vivait de cette façon. J'ai pu voir et sentir une vie sexuelle vécue ouvertement, simplement, naturellement. Ainsi pas de culpabilité, d'explications compliquées ou de silences.
Si ma mère m'a aimée complètement, elle a en même temps aimé avec la même intensité mon père. Elle ne s'est pas sacrifiée pour moi. Elle n'a jamais dit: «Je t'ai tout donné, j'ai sacrifié ma vie pour toi.» Forme de chantage qui aurait sous-entendu que je lui devais quelque chose en retour, que je n'avais, par exemple, pas le droit de l'abandonner, de m'éloigner, de partir.
Non, elle m'a créée avec mon père, pour moi-même, pour la joie de donner la vie et d'en faire quelque chose de réussi et non pas pour elle-même, pour sauver un mariage en déroute, pour meubler une solitude de femme négligée, pour entrer dans le rôle de mère, celui de femme lui étant refusé.
Ainsi, le cordon ombilical était déjà presque complètement sectionné à la naissance. Inexistant, ce tenace faux cordon, imposé par une mère possessive n'ayant que son enfant pour donner un sens à sa vie.
Si j'ai pu partir, la quitter sans culpabilité, ni tristesse insurmontable, c'est parce que je n'avais pas l'impression de l'abandonner, de la laisser seule. Elle avait sa vie de femme à vivre, elle devait donner aussi son énergie et son amour à mon père. On sait depuis longtemps que l'atmosphère familiale, dès les premiers jours de la vie de l'enfant, est primordiale pour un développement harmonieux et non conflictuel. Mais je crois que l'entente et l'amour réciproques des parents doivent être vrais, profonds et surtout «palpables», pour que ce développement harmonieux existe et permette d'éviter des traumatismes enfouis profondément, refoulés et réapparaissant trop tard pour être analysés et dominés.
J'ai pu à mon tour créer avec un homme une relation qui ressemble au modèle de bonheur et d'entente conjugale que mes parents m'ont offert. Comment croire à la réussite d'un couple si l'exemple n'a pas été donné par les parents, si l'image de la vie conjugale était pendant vingt ans celle de disputes ou, pire, d'indifférence?
Comment croire à l'amour qui ne semble alors exister que dans les romans?
J'ai eu le privilège de vivre l'amour de mes parents sans me sentir rejetée. J'espère pouvoir offrir aussi à ma fille, à mes enfants, l'image d'une mère et d'une femme comblées. Vision qui les aidera à m'aimer à leur tour, mais aussi à me quitter sans peine pour vivre leur vie propre.
Peut-être bien que je n'ai rien compris à rien et qu'un complexe inconscient m'empêche de m'analyser clairement, mais ce que je sais, c'est que j'ai vécu une enfance et une adolescence heureuses: J'ai envie, à mon tour, de mettre au monde une fille - et si c'est un garçon, je ferai de mon mieux et ce sera à mon mari de s'analyser et de jouer.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève