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Arrivée d'un deuxième enfant dans la famille

Si pour les parents la naissance d'un deuxième enfant est généralement attendue avec moins d'anxiété que celle du premier, pour l'aîné précisément, il s'agit souvent de l'un des moments les plus conflictuels, les plus difficiles à vivre de son existence.
Sachant cela, et redoutant les problèmes auxquels ils vont inévitablement être confrontés, beaucoup de parents se demandent comment préparer leur enfant, à partir de quel mois de la grossesse, comment lui parler au moment de la naissance du bébé, comment s'organiser concrètement, etc…
En matière d'introduction, je dirais qu'il faut avant tout garder à l'esprit qu'il n'y a pas de recettes, de trucs infaillibles, permettant de sauter l'obstacle sans difficulté. Chaque parent, chaque enfant a sa personnalité propre et mérite une approche particulière. En confrontant mon expérience personnelle à celle de nombreux amis et connaissances et à un certain nombre (limité!) de données théoriques communément admises, il me semble cependant que l'on peut dégager une certaine ligne de conduite, libre à chacun toutefois de l'interpréter à sa guise en fonction de sa réalité propre.
Les trois moments sur lesquels nous allons nous pencher sont: premièrement la préparation de l'aîné pendant la grossesse, deuxièmement le moment de la naissance, troisièmement, la rentrée à la maison et les premiers temps de la vie de la famille dans sa nouvelle configuration.

1) Préparation de l'aîné

Je dirai d'emblée qu'il me paraît important d'en parler assez tôt avec l'aîné. Les enfants ont des antennes, et bien avant de pouvoir concevoir intellectuellement ce qui va se passer, un enfant, même très jeune, même sans langage bien organisé, a l'intuition que quelque chose se passe qui va transformer le petit équilibre familial récemment acquis.
Les parents parlent de la grossesse devant lui, en parlent au téléphone, il y a une certaine excitation dans l'air qui fait que très vite l'enfant va «savoir», bien avant de comprendre. Pour que ce savoir ne soit pas une source d'anxiété trop grande, il est important de mettre les choses en forme avec lui, afin qu'il sache à quoi s'attendre, et qu'il puisse attendre avec confiance.
On peut donc, dès qu'on a commencé à parler de la grossesse à l'entourage, prendre un moment pour le dire clairement à l'enfant.
Il n'y a pas besoin de faire de grands discours ni de se lancer tout de suite dans des explications compliquées. On lui dira simplement: «Tu sais, nous allons avoir un autre enfant dans la famille, il est là, dans le ventre de maman, ce sera pour toi un petit frère ou une petite soeur.»
Si l'enfant est assez grand pour poser des questions, on va peut-être saisir cette occasion pour lui expliquer un certain nombre de choses concernant la conception et la naissance. Il ne faudrait cependant pas trop devancer ses questions (ce que l'on a presque toujours tendance à faire), elles viendront spontanément l'une après l'autre au cours des mois à venir, en fonction des capacités grandissantes de l'enfant à se représenter les choses.
L'essentiel à ce moment est que l'enfant sente que nous sommes prêts à recevoir ses questions, disponibles pour y répondre, même lorsque le moment nous paraît mal choisi, ce qui est souvent le cas!
A ce propos, j'aimerais souligner qu'il me semble plus simple et plus naturel d'utiliser avec l'enfant les mots réels, ceux qu'utilise notre médecin, pour parler de la conception et de la grossesse, plutôt que d'utiliser des images plus ou moins adéquates qui engendrent souvent plus de confusion que de compréhension (par exemple: «petite porte», «petite graine», «petite chambre»!).
On peut très bien parler à l'enfant de sperme (quitte à expliquer que c'est une multitude de graines vivantes), d'ovule, de vagin, d'utérus, de pénis. La floraison d'expressions imagées utilisées à ce propos proviennent plus de notre pudeur d'adulte à utiliser les mots propres, que de la gêne que l'enfant aurait à les entendre, ou de la difficulté qu'il aurait à les comprendre.
Au cours des mois de la grossesse, on va donc expliquer à l'enfant par où le bébé va sortir, comment il va sortir. On lui dira que maman va aller à l'hôpital, que papa sera avec elle quand le bébé viendra.
On lui expliquera aussi clairement où lui-même va aller pendant la semaine qui suivra l'accouchement.
Pendant toute la période de la grossesse, on peut s'attendre à ce que l'enfant régresse de temps à autre. Il peut par exemple devenir beaucoup plus «collé» à sa mère qu'il ne l'était auparavant, ou plus anxieux par rapport aux gens qu'il ne connaît pas.
Certains enfants ont parfois plutôt des réactions agressives par rapport à leur mère. Réactions qui sont souvent directement dirigées contre ce ventre qui prend de plus en plus d'importance!
Il n'y a pas lieu de s'inquiéter et de craindre que ces comportements ne persistent exagérément: ils sont très courants et je dirai même normaux. En effet, à un âge où l'enfant ne dispose que de peu de moyens linguistiques et symboliques pour exprimer son malaise, il utilise des méthodes plus directes et plus corporelles pour se libérer de ses tensions et nous communiquer ses sentiments.

2) Quand le bébé est là

La première chose que l'on va naturellement faire, c'est d'annoncer à l'aîné que le bébé est né, lui dire si c'est un garçon ou une fille, lui dire comment on l'a appelé et préciser qu'il va aller le voir.
Ne pas se répandre en envolées lyriques du type: «Il (ou elle) est très mignon tu verras, tu vas beaucoup l'aimer!», etc… Laissons à l'enfant la liberté d'éprouver ses propres sentiments, qui ne sont pas forcément aussi enthousiastes que les nôtres à ce moment-là! Respecter son silence, son éventuelle bouderie ou même une indifférence apparente. Il lui faudra peut-être un certain temps pour bien saisir la nouvelle situation.
Il est important aussi de ne pas lui dire des choses du genre: «C'est ton petit bébé à toi», ce qui peut entraîner des confusions au niveau des rôles et des jeux dangereux. De plus, cela ne correspond absolument pas à la réalité de nos sentiments, ce que l'enfant perçoit fort bien.
Quand l'aîné viendra voir sa mère et le bébé à la clinique, il faudra veiller à lui accorder un petit moment pour lui parler de lui-même, de ses jeux et de ses occupations des derniers jours. Si on ne lui parle que du bébé: «Comment tu le trouves?», «tu es content?», «il est chou n'est-ce pas?», il va se demander s'il a encore le droit d'exister pour lui-même!
C'est un bon moment pour lui dire: «Toi quand tu es né tu étais comme ci ou comme ça, tu tétais aussi le sein de maman, maman avait aussi du lait pour toi.» C'est généralement quelque chose de doux et réconfortant à entendre dans un moment où l'on risque de se sentir à l'écart.
Pendant ces quelques jours qui vont suivre immédiatement la naissance, je crois qu'il faut veiller à être le plus respectueux possible de la multitude de sentiments contradictoires qui vont envahir l'enfant. Laissons-le réorganiser son monde tranquillement et ne profitons surtout pas de ce moment pour lui demander de nouvelles performances ou de nouveaux apprentissages sous prétexte que «maintenant il est un grand».

3) Le retour à la maison

Le premier point que je voudrais souligner est tout à fait pratique: il me semble que dans la mesure du possible, il serait souhaitable de rentrer tous ensemble à la maison. Eviter à tout prix que l'aîné revienne quinze jours plus tard et tombe sur papa-maman-bébé, petite famille idyllique dont il serait exclu.
Il est bien évident que, pour la mère surtout, c'est un moment fatigant et c'est pour la soulager que souvent une grand-mère, une amie, une marraine va proposer de garder l'aîné un peu plus longtemps. Prendre la fatigue de la mère en considération est naturellement primordial, mais essayons d'y remédier autrement qu'en maintenant l'aîné à l'écart de sa famille.
L'idéal serait que le père puisse prendre congé, ne serait-ce qu'une semaine, pour permettre à la nouvelle configuration familiale de se rôder. Le père aussi a besoin de se faire à une situation nouvelle. Il s'y fera plus vite s'il est «plongé dans le bain» pendant quelques jours que s'il passe neuf heures par jour à l'extérieur de la maison.
Le père est également la personne la plus appropriée pour s'occuper de l'aîné dans les moments où la mère est très prise par le bébé.
Il est là aussi pour permettre d'inverser les rôles: donner à la maman la possibilité de passer un moment avec le grand pendant que lui s'occupe du petit (bains, changes, promenades, etc…).
A propos de ces changements de rôles, je voudrais insister un peu sur leur importance aussi bien pour l'aîné, pour le bébé que pour les parents. Ils permettent d'éviter une situation tentante et facile qui consiste à se diviser les tâches comme suit: maman s'occupe du bébé, papa s'occupe de l'aîné, chacun a «son» enfant. Cette situation que l'on voit fréquemment représente un appauvrissement de la vie relationnelle de chacun et peut contribuer à accentuer et figer des situations qui ne devraient être que transitoires. Par exemple, si l'aînée est une petite fille en plein dans ce qu'on appelle la phase oedipienne, lui laisser en permanence l'illusion qu'elle peut avoir son papa pour elle toute seule, que maman «n'en a plus besoin» puisqu'elle a le bébé, peut mener à un certain nombre de difficultés non négligeables.
En ce qui concerne le bébé, bien que chacun admette maintenant l'importance primordiale de la continuité de son lien avec la mère, on peut souhaiter aussi qu'il fasse progressivement l'expérience d'être touché par d'autres mains, qu'on lui parle avec une autre voix, d'autant plus que cette deuxième personne n'est pas n'importe qui.
Je n'irai pas jusqu'à dire que le père et la mère sont absolument interchangeables, en tout cas pas dans les premiers mois; mais il me semble quand même que le père pourrait prendre une part beaucoup plus importante dans les soins à donner à un tout petit, qu'il ne le fait habituellement dans notre société. Je ne crois pas, bien au contraire, que cela nuirait à la relation mère-enfant. Je connais bien des femmes qui auraient en partie évité la fameuse dépression post-partum (et donc une détérioration momentanée de leur relation avec leur enfant) si elles avaient été secondées plus efficacement par leur mari au cours des toutes premières semaines suivant l'accouchement.
Le sentiment d'être l'unique responsable de ce qui arrive à notre bébé a quelque chose d'écrasant parfois, dont il est important de pouvoir être soulagée.

(A suivre.)









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