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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLe vrai père Le vrai père est celui qui aime et non celui qui donne la vie. Marcel Pagnol Poussé par sa femme qui ne voulait pas «finir ses jours à Paris dans un deux-pièces cuisine», il avait accepté un emploi largement rémunéré, au fond de l'Indochine, à mille kilomètres de Saigon. Une fois installé, il avait fait venir l'épouse et le bébé, mais le bébé supportait mal la saison chaude, et la femme s'ennuyait à mourir dans ce village où l'on ne rencontrait pas un Européen par semaine. Il les avait donc renvoyés à Saigon pour quatre mois, qui finalement en durèrent huit. Quand elle revint, il s'aperçut vite qu'elle était enceinte. De trois mois, précisa-t-elle, ne faisant aucune difficulté pour lui confirmer son infortune, et le laissant libre de décider la suite: avortement ou divorce. Il hésita, décida de ne rien décider. Quand il irait la rejoindre à Saigon, où elle retournerait pour accoucher, il serait temps d'aviser. Mais, au septième mois, en pleine jungle, sans médecin, sans sage-femme, il l'aida à mettre au monde un prématuré auquel il prodigua les premiers soins et qu'il n'eut pas, ensuite, le courage d'abandonner. Il n'eut pas davantage le courage de divorcer. - C'était trop compliqué; et puis vous savez, Maître, on s'habitue à tout! Dix ans plus tard, il demanda le divorce car, depuis leur retour à Paris, la femme avait continué à se mal conduire. Pis, elle délaissait les enfants. Il en avait des preuves formelles. - Naturellement, je veux la garde de mes deux garçons. Ils sont grands, douze et dix ans, et n'ont plus besoin de leur mère. - Comment? répliquai-je, sans réfléchir. L'aîné, je comprends, mais le cadet? il n'est pas votre fils. - Le cadet? Il est beaucoup plus à moi que l'aîné. Pour l'aîné d'accord, je suis le père; il suffit d'un spermatozoïde… Mais le petit? C'est moi qui l'ai mis au monde; c'est moi qui ai décidé qu'il vivrait, car il m'aurait été facile de supprimer cette petite larve; c'est moi qui l'ai soigné; c'est moi qui ai guidé ses premiers pas; c'est moi qui lui ai appris à lire; sans moi que deviendrait-il? Ah, si je n'avais pas la garde, j'aimerais mieux ne pas divorcer. Il divorça, et le tribunal, complètement informé, lui confia la garde des deux enfants. Dix ans encore, je le rencontrai dans la rue. - Mes garçons vont bien, merci. L'aîné fait son service militaire; le second vient d'entrer à Centrale. Maître, c'est lui qui est le plus gentil, qui me donne le plus de satisfaction… et qui me ressemble le plus. |
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