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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURRetour de Stockholm Echos de la deuxième conférence internationale des ludothèques (1) Philémon a rencontré Mme Florina Zutter, membre de la ludothèque de Thônex, à son retour de Stockholm, où elle avait assisté en juin à la 2e conférence internationale des ludothèques. Il n'a pu résister à la mode des interviews et lui a demandé quelles étaient ses impressions. Ph. - Comment s'est déroulé ce congrès? F. Z. - Au cours d'une semaine bien remplie, 240 délégués venus du monde entier ont écouté plus de 30 orateurs et visité crèches, garderies, jardins d'enfants, ludothèques, hôpitaux et j'en passe, où l'abondance des jouets et l'excellence des installations ont fait l'étonnement de bien des visiteurs. Ph. - De quand date la première ludothèque? F. Z. - La première ludothèque a été fondée en 1963 en Suède par deux mères, l'une pédiatre et l'autre éducatrice, qui avaient chacune un enfant handicapé. Elles ont cherché à procurer une activité agréable en même temps que thérapeutique aux enfants et à leurs parents. Ph. - Peut-on en conclure que les ludothèques sont principalement destinées aux enfants handicapés? F. Z. - C'est le cas dans les pays nordiques et anglo-saxons. Tandis qu'en France, en Belgique, en Hollande et en Suisse, elles sont ouvertes à tous les enfants. Ph. - Quelles sont les expériences faites dans d'autres pays que la Suisse? F. Z. - Je puis citer à cet égard la communication de Mme Willis, capitaine de l'Armée du Salut en Nouvelle-Zélande. Elle enchanta l'auditoire en relatant la création d'une ludothèque en l'honneur de l'année de l'enfance. Elle releva notamment qu'une ludothèque était aussi utile pour les adultes que pour les enfants: les ludothécaires font chaque jour de nouvelles expériences au contact des enfants et des parents, les bénévoles renforcent le sentiment de leur utilité et les retraités sortent de leur solitude en participant à la réparation des jouets. Ph. - Quelles ont été les autres communications les plus intéressantes? F. Z. - La plus passionnante a été celle de Mme M. MacLean, journaliste à Edimbourg, qui étonna l'assistance par l'exposé de son travail dans les prisons de son pays. C'est en visitant des prisonniers qu'elle fut frappée par l'atmosphère tendue et parfois dramatique qui régnait au parloir lorsque les familles se retrouvaient. Elle fut étonnée qu'il n'y eût pas de livres ni de jouets pour faire patienter les enfants. Après avoir inauguré une mini-ludothèque dans une prison d'hommes à Edimbourg, elle put constater que non seulement les enfants se montraient plus détendus et par conséquent plus agréables, mais qu'à travers le jouet, un contact plus chaleureux s'établissait entre le père et ses enfants. Là aussi, le jouet n'est qu'un instrument qui ne sert pas à remplacer le temps de visite, mais qui permet de le vivre de manière plus agréable et peut-être plus intensive. Ph. - Je crois savoir qu'en Suisse certaines critiques se sont élévées, notamment contre les jouets guerriers. La question a-t-elle été soulevée à Stockholm? F. Z. - Oui. Un orateur suédois a prononcé un réquisitoire véhément contre les jouets guerriers. Un autre, médecin en Nouvelle-Zélande, releva que l'on fabriquait des jouets de plus en plus sophistiqués qui n'apportaient pas grand-chose aux enfants sains ou handicapés. A son avis, les ludothèques devraient diffuser des jouets propres à la culture de la population, avec une priorité aux jouets simples qui permettent une utilisation multiple. Ph. - Pouvez-vous résumer en peu de mots ce que vous rapportez de ce congrès? F. Z.-Je retiens le conseil d'un des orateurs: «Enseignez moins, jouez davantage, ainsi que la communication du prof. Herzka de Zürich : A son avis, notre civilisation a perdu la notion du jeu. Dans nos sociétés industrielles, chacun est préoccupé par son travail, sa position sociale et tout est fait en fonction de la rentabilité et de l'efficience, loisirs inclus. Le jeu, cette pulsion fondamentale, est réprimé parce que considéré comme non valable. La jeunesse souffre de cette société qui étouffe de sérieux et si elle se révolte, c'est parce qu'elle refuse de vivre dans un monde uniquement rentable et efficace. Retrouvons la joie de jouer qui reflète dans un acte spontané les racines profondes de notre culture. J'ajouterai que c'est bien là un des buts des ludothèques suisses: procurer des jouets aux enfants n'est qu'un moyen d'amener la famille entière à découvrir la joie du jeu. (1) La ludothèque est une institution qui prête des jouets aux enfants comme la bibliothèque prête des livres. |
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