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Père et mère réellement interchangeables?
Après l'excellent article d'Aline Saurer «Arrivée d'un deuxième enfant dans la famille» (Entretien sur l'éducation, nos 10 et 11, 1981), on en vient à regretter de n'être plus dans cette situation pour essayer ses conseils, qui ne sont pas issus de théories bien léchées, mais en prise directe sur l'expérience.
Mon seul regret, c'est qu'Aline hésite à dire que «le père et la mère sont réellement interchangeables». A part l'allaitement au sein, et pour cause, je puis affirmer qu'un père peut jouer le même rôle que la mère auprès d'un nouveau-né. Souvent, c'est la mère qui ne veut pas céder cette petite chose molle, si agréablement dépendante. Le père voudrait bien s'en charger, mais si on ne l'y pousse pas, il n'osera pas «s'exprimer» dans ce nouveau rôle, pour découvrir qu'il y est tout à fait apte.
Je connais un père heureux qui a promené son bébé sur son ventre dès l'âge d'un mois. Il l'emmenait partout avec lui, même à son travail d'artisan. «C'est comme si je l'avais réellement porté à mon tour» disait-il. «Et maintenant, toutes les relations dans notre foyer sont transformées et enrichies».
Il faut s'attendre évidemment au choc en retour. Le moment venu, les pères devront à leur tour couper le cordôn ombilical, tout comme l'enfant devenu grand devra s'arracher non seulement à sa mère, mais aussi à son père.
«On reste jeune aussi longtemps qu'on est capable d'apprendre, d'acquérir de nouvelles habitudes et de supporter la contradiction.»
Marie von Ebner-Eschenbach (Poétesse allemande née en 1830.)
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