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Le partage des soucis

Elle est stupéfiante, admirable, Isabelle. La regarder vivre me coupe le souffle. Positivement!
Comment s'y prend ce petit bout de femme pour tenir seule, sans domestique et impeccablement, sa maison ? Pour avoir trois enfants bien tenus, bien vêtus, bien nourris, pour trouver le temps d'aller chez le coiffeur, de visiter régulièrement trois vieilles femmes malades, solitaires, d'être élégante, de jouer au tennis, de lire, de sortir, de recevoir en parfait cordon bleu. Et de remettre ça dans sa maison de campagne!


Ses journées n'ont pourtant que vingt-quatre heures comme les nôtres. Oui, comment s'y prend-elle?

- Il suffit de s'organiser, dit-elle en souriant.
Facile à dire.
J'imagine des organigrammes, de grandes feuilles de papier avec, à gauche de haut en bas, les besognes, et à droite, une colonne par personne. Aspirateur, papa, colonne un. Machine à laver la vaisselle, Laurent, colonne 2. Robert, colonne 3: va chercher le pain. Faire les lits, Sonia, colonne 4. Lavage, repassage, raccommodage, maman, colonne…
Non, ça ne va pas. Il faut une seconde feuille avec à gauche, les heures de la journée divisée en quarts d'heure et à droite les cinq colonnes…
Les bras m'en tombent. Ma tête éclate. Je déclare forfait, Isabelle sourit.

- Ce n'est pas si compliqué. Une liste des choses à faire suffit d'ailleurs, je l'ai en tête. Je connais les heures de sortie de l'école, du cours de musique de Robert. Sonia est grande, elle circule seule, elle va chercher son petit frère à l'école. Pas besoin de liste pour aller au marché. J'achète ce qui est frais, avantageux et j'y vais tôt avant la foule pour être mieux et plus vite servie. Au retour, je passe chez mes «petites vieilles» leur apporter ce que j'ai acheté pour elles. Quand je rentre à la maison, vers dix heures trente, j'ai tout le temps de faire un peu de ménage, et pendant que la machine à laver tourne, de préparer le déjeuner.

- Quoi? Tout votre monde rentre à midi? Pourquoi pas la cantine ?
- Ils préfèrent ma «tambouille». Je leur fais de bons petits plats.
- Vous ne vous reposez jamais?
- Mais si! Je lis, j'écris quelques lettres, je regarde la télé tout en recousant un bouton, ou en repassant.
- Jamais de cinéma, de tasse de thé entre amies?
- Rarement. Si je sors, c'est le soir avec mon mari.
- Vous n'êtes pas fatiguée ?
- Quelquefois. Quand je suis trop fatiguée, je ferme mes volets, je me couche et je ferme mes yeux. Je me détends. Quelquefois, rarement, je m'endors et je me réveille un peu groggy. Une douche et ça va mieux. Ma forme revient et je rattrape le temps perdu.
- Tout de même, quelle vie…
- On me dit souvent que j'en fais trop, que j'y laisserai ma santé.

Le fait est qu'Isabelle a souvent les traits tirés, les yeux cernés. Elle est mince, presque maigre et tendue comme un arc. Son existence ressemble à ces rues bordées de voitures et elle, à l'automobiliste qui roule, roule, roule à la recherche d'un «créneau» où garer sa voiture. S'il a rendez-vous urgent, son agacement devient de l'angoisse.

Ce qui agace plus encore Isabelle, c'est la placidité de son mari et de ses enfants.

- T'en fais donc pas, m'man, j'y arriverai, à mon cours.
- En retard.
- Le cours commence toujours en retard, alors…
- Ce n'est pas une raison.
- Bon, je téléphone à mon copain, il passera me prendre en moto…
- Voilà, c'est arrangé, tu vois qu'il fallait pas t'en faire. Alors, t'es contente?

Non, elle n'est pas contente, Isabelle. Elle trouve que, si elle s'en fait trop, les autres, eux, ne s'en font pas assez.

Qui lui fera comprendre que c'est elle qui a créé cet état de choses? Que, lorsqu'on pense à tout, les autres ne pensent à rien; lorsqu'on organise tout, les autres se laissent vivre sans se casser la tête.

C'est logique, c'est même fatal. Si vous prenez pour vous tous les soucis, il n'en reste pas pour les autres! !!









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