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La poupée qui accouche
Une lectrice nous adresse le texte ci-dessous, accompagné d'une photo.
«Natalie, avec son visage peint et ses membres de tissu, est une poupée sexuée: elle a des seins et un pubis; mais, qui plus est, c'est une poupée enceinte. D'entre ses jambes, en effet, les enfants peuvent faire naître, dans un scénario tout à fait authentique, un bébé-poupée, relié à sa mère par le cordon ombilical. Ce «jouet» a été imaginé par un Américain de Californie, Jan Alovus, qui recommande de l'utiliser dans les familles où un nouvel enfant est attendu, ou encore pour compléter l'éducation sexuelle des enfants à l'école.»
J'ai lu le texte ci-dessus en mai dans la «Tribune de Genève». Il accompagnait une photo présentant la poupée en question dans les bras d'un garçon de sept ou huit ans.
Est-ce que je suis trop rétrograde pour comprendre la nécessité de créer ce genre de jouet? Devrais-je me réjouir de voir les moindres détails de la vie exhibés au grand jour? Je suis déconcertée et je serais curieuse de vous lire à ce sujet.
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L'une de nous a eu l'idée de montrer cette photo aux personnes qu'elle a rencontrées en leur demandant leur avis. Voici les réactions qu'elle a recueillies:
Une femme de ménage méridionale:
C'est tout simplement dégoûtant. C'est scandaleux.
Un chef d'atelier:
Pendant qu'on y est, il faudrait encore montrer l'étape précédente!
La mère de trois enfants adolescents:
Pourquoi chercher à reproduire mécaniquement un événement qui revêt tant d'autres aspects?
Un jeune père:
Je préférerais mettre mes enfants en contact avec la réalité pour les initier à l'événement de la naissance. N'est-ce pas plus juste de profiter des occasions qui se présentent dans la vie courante: mise bas d'une lapine, d'une chatte, d'une chienne?
Une grand-mère:
Ce qui me paraît faux, c'est de prétendre reproduire fidèlement la réalité. Les fabriquants de jouets cherchent trop souvent à copier la vie. Or les enfants n'ont pas besoin d'objets finis. Ils jouent mieux et plus longtemps avec un chiffon auquel ils prêtent toutes sortes d'intentions. C'est le symbole qui compte, et la possibilité d'alimenter l'imagination.
Une adolescente (14 ans) :
Si le but est vraiment d'instruire les enfants, je verrais plutôt qu'on crée des mannequins perfectionnés, avec tous les organes à leur place, comme cela existe pour les étudiants en médecine. Cette poupée n'est ni vraie, ni belle.
Une jeune mère:
Mes enfants n'ont pas attendu l'invention de cette mécanique pour jouer à la vie. Il leur est arrivé à plusieurs reprises de jouer à l'accouchement. Ce qui les «instruit» le mieux, c'est qu'on réponde clairement à leurs questions et qu'ils se sentent libres de jouer pour apprivoiser la réalité.
Un grand-père:
Je me demande si le but final de l'inventeur de cette poupée est de proposer un jouet intéressant aux enfants modernes. Je serais tenté de penser qu'il s'agit plutôt de chercher à lancer un produit insolite dans l'espoir de faire des affaires
Les avis entendus au cours de cette mini-enquête nous ont paru toucher à des points essentiels. Nous ne voyons pas ce que nous pourrions ajouter. Et vous?
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