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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURChagrins et souffrances d'enfants Les poètes qui nous peignent le petit enfant toujours souriant, rayon de soleil que ne voile jamais le moindre nuage, semblent n'avoir gardé aucun souvenir de leurs premières années, ou peut-être parce qu'ils sont poètes n'ont-ils envisagé que le côté brillant de cet âge ? Il est certain que le petit enfant pleure beaucoup. Je ne parle pas des vagissements du nouveau-né qui se changent bientôt en cris lorsqu'il a besoin de nourriture, ou lorsque, ayant assez dormi dans son berceau, il désire être pris dans les bras. Ces cris tout d'instinct sont des manifestations de vie, peut-être au dire de quelques médecins, sont-ils nécessaires à la dilatation des poumons: ce n'est pas là ce que nous appelons des chagrins. Mais voici, je connais un bébé de sept à huit mois qui pleure de vraies larmes toutes les fois qu'il voit sa mère quitter la chambre quoiqu'il soit entouré, d'autres personnes qui le soignent. Je voyageais un jour avec une famille dont la petite fille de deux ans et demi m'amusait par sa gentillesse. Nous étions dans une gare et l'enfant regardait avec ravissement l'étalage de la marchande de journaux; tout à coup, elle revient vers sa mère, les yeux pleins de larmes. «Qu'y a-t-il, ma chérie, lui demanda celle-ci en la caressant ?» «La dame m'aime pas, dit l'enfant avec un gros soupir.» Elle avait évidemment rencontré le regard inquisiteur et quelque peu malveillant de la marchande, et cette expression à laquelle elle n'était pas accoutumée lui avait causé un véritable chagrin. Les jouets destinés à amuser les enfants sont souvent pour eux une source de peine. Comme Léon a pleuré le jour où la queue de son cheval de bois lui est restée dans la main, et plus tard, lorsque l'animal a perdu une de ses pattes. Quant à la petite Henriette, l'accident survenu à sa poupée lui a causé une tristesse que l'achat d'une autre poupée n'est pas parvenu à consoler; elle avait si souvent embrassé cette jolie figure maintenant écrasée ! Ajoutons à cela les chagrins qu'occasionnent aux petits des défauts naissants: colère, susceptibilité, égoïsme, qui nécessitent de la part des parents des réprimandes, sans doute méritées, mais souvent mal comprises, et qui font couler beaucoup de larmes durant ces premières années dont on nous parle comme des plus beaux jours de la vie. Et les querelles entre frères et soeurs, entre camarades, quelle autre source de désolations. Chagrins d'enfants, dira-t-on; oui, mais qu'il faut nous appliquer à leur épargner le plus possible, et pour lesquels nous avons un devoir de sympathie et de consolation à remplir. Nos chagrins à nous, que sont-ils aux yeux du Seigneur, sinon des chagrins d'enfants ? En comprenons-nous beaucoup mieux qu'eux le sens réel, le but moral ? C'est toujours à l'école divine qu'il nous faut aller pour être enseignées. N'avons-nous pas expérimenté que la patience, la compassion, le tendre amour de notre Dieu semblent augmenter en raison même de la grandeur de nos épreuves. «Toutes choses, dit l'Ecriture, concourent au bien de ceux qui aiment Dieu.» Qu'il en soit ainsi pour nos chers enfants. Que leurs petits chagrins, en leur montrant notre sympathie, leur enseignent le tendre amour de notre Père Céleste. |
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