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Il n'y a plus de voleurs
Il n'y a plus de méchants voleurs.
Les voleurs sont de gentils, gentils enfants qui sont tentés par les méchants, méchants commerçants qui, eux, ont tout. Ils n'ont qu'à perdre, bien sûr, eux.
Il n'y a pas de drogués, il n'y a pas d'alcooliques, mais que de pauvres, pauvres enfants incompris de leurs parents, qui sont choqués, malheureux, par notre monde tellement insécurisant. C'est vrai qu'à entendre la radio à peine levés, ou la télévision, ils sont abreuvés par les adultes de nouvelles pénibles, presque insupportables à entendre.
Et voilà.
A force d'être culpabilisés de mettre un enfant dans ce monde, nous essayons de leur rendre la vie la plus douce possible.
Nous excusons tout, nous pardonnons tout, nous expliquons tout, nous essayons de donner tout et même plus, dans la mesure de nos moyens. Et nous pensons avoir tout fait pour eux.
- Me faire cela à moi, moi qui lui ai tout donné
- Il a volé un vélomoteur, lui qui a tout, même une moto.
- Sa mère lui donne tout ce qu'il veut, et il passe son temps à«piquer» des choses aux Jouets Weber.
Ils ont tout, tout, et jamais on a tant volé dans les magasins. Cri d'alarme chez les commerçants.
Voler? Quel mot vétuste et inadéquat. On ne dit pas: voler. Parce que voler c'est prendre quand on a besoin de quelque chose, voler du pain parce qu'on a faim. On dit: tauper, chaparder, piquer, chiper. C'est un nouveau sport, dont souvent on se vante. De toutes façons, la notion de propriété est une invention de notre société capitaliste. Tout est à tout le monde.
- Moi, je pique tous les best-sellers chez Payot.
Et si vous avez l'air horrifié, vous rentrez dans votre coquille lorsque, ironique, sûre d'elle-même, la dame vous lance:
- Ils font tellement de fric sur notre dos, de toutes façons
On serait bien bête d'être honnête. C'est comme les impôts, d'ailleurs.
La même dame serait furieuse d'être «cambriolée» chez elle entre midi et une heure.
C'est vrai, je rentre dans ma coquille. Elle a peut-être raison. Je suis naïve, idiote, d'être honnête. Mais que voulez-vous: moi, j'ai un complexe.
Je ne peux pas voler. Quand j'étais petite, mes parents m'ont appris que voler c'était mal. «C'est mal, parce qu'on ne doit pas prendre ce qui appartient à l'autre.»
Mais au juste, mal, c'est quoi?
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