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La formation de l'intelligence

Un enfant mal doué... le dernier de sa classe... Quelle épreuve pour parents et éducateurs ! Hélas ! ils sont légion, ces pauvres petits, souffrant eux-mêmes plus que qui que ce soit de leur infériorité, battus par la vie, bafoués par des camarades plus «débrouillards», méprisés partout. N'eût-on rien pu faire pour prévenir de pareilles souffrances ?

Voilà l'angoissant problème auquel je tenterai de répondre, au point de vue purement maternel.

D'année en année, plus positive dans ses déclaradons, la physiologie affirme aujourd'hui les lois de l'atavisme et de l'hérédité. Tout être humain désireux de posséder des rejetons sains de corps et d'esprit (les seuls d'ailleurs que nous ayons le droit d'introduire dans ce monde), doit avoir conscience de l'immense responsabilité encourue par ceux qui procréent les petites créatures sans défense que, trop souvent, nous vouons d'avance au malheur. Cette incurie devrait cesser; l'humanité doit devenir soucieuse de munir ceux qu'elle sème ici-bas du meilleur de ses biens; rien de moins.

Que la mère surtout ait résolu d'avance, en son âme et conscience, de ne pas faire mauvaise souche. Elle saura que le fruit d'un aIcoolique ou d'un dégénéré est le plus souvent malsain.

Ses neuf mois de gestation commencés, elle évitera tout surmenage, toute fatigue exagérée du corps ou de l'esprit et veillera cependant à ne pas laisser ses facultés s'engourdir. Un travail bien choisi, modéré, les maintiendra souples et vigoureuses, telles que l'heureux développement de l'embryon les réclame.

L'enfant né, la mère l'élèvera avec discernement, évitant surtout les fautes qui concernent l'alimentation, celles qui, chez les jeunes sujets, réagissent presque toujours, parfois de façon grave, sur les nerfs délicats du cerveau. Pour peu que ce soit possible, elle allaitera elle-même, elle s'abstiendra, pendant cette période, d'émotions trop fortes, d'agitation et de grandes fatigues. En même temps, elle surveillera avec un soin jaloux le sommeil du petit être auquel il s'agit de bâtir une intelligence solide. Un nouveau-né dort à peu près sans cesse et ce repos doit être respecté. Sans pousser trop loin le soin du silence, il faut cependant assurer à son organisme fragile une tranquillité bienfaisante et très nécessaire. En effet, plus un nourrisson est entouré de calme, moins il sera nerveux, excité ou pleureur. Les éclats de voix, les chansons bruyantes, les agaceries destinées à les faire rire, sont tout simplement meurtrières pour la santé mentale des pauvres petits qui en sont les victimes. Que de fois ne les manie-t-on pas à tort ou à travers, au rebours de tout bon sens, les secouant, les promenant, les bousculant, les faisant sauter, ébranlant leurs nerfs à plaisir, pour le moindre cri qui leur échappe; tandis qu'un simple changement de position, sans autre cérémonie, aurait peut-être suffi pour leur rendre pleine sérénité.

Il faut à bébé bon air, bonne nourriture et propreté exquise, nul ne l'ignore, mais que d'éducatrices qui oublient que, beaucoup, qu'énormément de calme lui est tout aussi indispensable! On sait trop peu que la plupart des cris d'un enfant, du reste sain et bien soigné, ont pour motif son énervement. Les jeunes chats qu'on manie et qu'on caresse souvent deviennent des bêtes laides et hargneuses, peu redoutables aux souris; les bourgeons qu'on a touchés tombent à terre sans jamais nouer; les futurs hommes dont la tendre enfance n'aura pas été entourée de calme et de tranquillité deviendront facilement des névrosés et des incapables.

N'éveillez donc jamais un petit enfant; que son sommeil vous soit sacré, sauf contre-indication en cas de maladie; quand il aura faim ou soif, la nature se chargera de vous en avertir. Plus il dort, mieux cela vaudra pour lui, car c'est pendant le sommeil que les tissus cérébraux se consolident et que tout l'organisme accumule ses réserves de force.

Quelques mois ont passé, le nourrisson a vécu sa première phase, comparable à la lente éclosion d'une fleur pure et délicate. Entouré de paix, d'égards et de sage affection, il s'est harmonieusement développé. Aujourd'hui il va demander davantage, il veut jouer et jouir.

Cette exigence est légitime, car un enfant qui s'ennuie est un enfant qui s'hébête; qu'il s'amuse, c'est par là que commence son éducation personnelle. Mais, il faut qu'il s'amuse, il ne faut pas qu'on l'amuse, sauf exception rare.

Ce que nous lui devons, ce sont des jouets qui l'occupent et qui l'intéressent spontanément, des jouets bien adaptés à ses facultés, à son âge et à ses besoins, conformes à ses goûts et aussi inoffensifs que possible. La mère doit étudier son enfant à ce point de vue, et elle découvrira ce qu'il lui faut. Les joujoux élégants, corrects, «orthodoxes», fabriqués exprès ne sont pas toujours les meilleurs, loin de là. Un de mes enfants, âgé de quelques mois, confortablement établi dans un petit nid de châles, improvisé sur les coussins du wagon, s'est amusé au jour avec son soulier rouge pendant le trajet de Lausanne à Genève. Si la durée du voyage eût été plus longue, il eût joué plus longtemps peut-être, car il en jouissait encore quand il fallut descendre de voiture. Certains bébés apprécient un simple cornet de papier raide, si possible un peu craquant. Une corbeille ronde et plate, où sont déposés toutes sortes d'objets hétérogènes, de boites minuscules, de petites bouteilles solides et variées, d'images en carton accompagnées peut-être d'une chaîne en argent, d'un vieux portemonnaie à plusieurs poches qu'on aura eu soin de bien nettoyer préalablement, de quelques petits animaux bon teint, d'une poupée en caoutchouc, délicieuse à sucer, d'un collier de bobines vides, et en outre de vingt autres agobilles tout aussi charmantes, c'est une mine de bonheur presque inépuisable pour les petites créatures humaines entre six et vingt mois. Les boîtes ornées de gravures coloriées s'emboîtant les unes dans les autres, au nombre de six ou sept, de la plus petite à la plus grande, sont aussi examinées en tous sens et chéries au dernier point. D'autres enfants aiment les livres, qu'ils tournent et retournent à l'infini, ou bien ils s'amuseront royalement à bousculer un tabouret.

Quand bébé en a assez, il faut changer son jeu, mais, jamais auparavant. Ses joujoux lui parlent, sachons faire silence autour de lui. Si, visiblement, un objet a cessé de lui plaire, on l'exile au haut de l'armoire, d'où il pourra ressortir au bout de quelques semaines, paré de tous les charmes de la nouveauté.

Bref, la question des jouets est vitale, elle mérite d'être étudiée de près par les mères qui auront même à l'envisager pour chaque enfant à part, car les goûts de l'un diffèrent souvent beaucoup de ceux d'un autre petit particulier.









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