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Expériences et conseils d'une mère
Chère amie, vous m'avez demandé d'écrire quelques unes de mes expériences dans l'éducation de mes enfants. Je le fais volontiers dans l'espoir d'être utile à quelque mère.
Quand j'envisageai pour la première fois les responsabilités et les devoirs maternels qui m'incombaient, je priai instamment le Seigneur de me donner la sagesse pour l'accomplissement de ma nouvelle tâche, en sorte qu'il pût faire reposer sa bénédiction sur ma famille et remplir en ma faveur sa promesse: « Je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi. » (Gen., 17, 7.) Cette promesse a été un grand encouragement pour moi, ainsi que d'autres semblables, et spécialement celle-ci: « La postérité de l'homme qui craint l'Eternel sera puissante sur la terre la génération des hommes droits sera bénie. » (Ps. 112, 1-2.) Aux yeux du monde cette puissance ne sera probablement pas apparente; mais elle n'en sera pas moins réelle et renversera les forteresses de Satan.
Mon premier cher bébé mourut en naissant. Je n'avais pas envisagé la possibilité de le perdre ainsi; aussi cette épreuve inattendue me fit-elle saisir, comme jamais auparavant, la vraie signification de ces paroles de Jacques 4, 5: « Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela. »
Tout en me montrant l'incertitude de nos espérances terrestres, le Seigneur me consola par ces mots : « Tout premier-né sera à Moi. » (Exode 13, 2). Depuis lors j'ai pensé que cet agneau recueilli auprès de Jésus était les prémices de toute une famille qui appartiendrait à l'Eternel.
Quand un second enfant me fut accordé, je le considérai comme un prêt du Seigneur ; ce que je n'eusse pas fait si mon premier-né m'avait été conservé.
Je compris que si je voulais le bien élever je devais commencer par faire ma propre éducation, ce qui signifiait pour moi : efforts, renoncement, victoires sur ma propre nature. Pour m'instruire, je lisais tous les ouvrages d'éducation que je rencontrais. A ce sujet, je recommanderai spécialement la « Mère de famille » de Abbott, comme m'ayant été d'un grand secours.
Les personnes qui n'ont pas d'enfant ne peuvent comprendre à quel point un bébé change la vie d'une femme. Ses occupations sont interrompues, ses projets renversés, etc...
Quant à moi, je m'étais fait une règle de me lever de bonne heure pour prier et pour étudier la Parole de Dieu. Mais, lorsqu'après la naissance de mon bébé mon sommeil de la nuit fut fréquemment troublé, je cédai à la tentation de dormir plus tard le matin. D'autre part, comme je devais soigner l'enfant et que je ne voulais pas écourter un moment de prière que j'avais le matin avec mon mari, il s'en suivit un retard dans toutes les occupations du menage.
Je demandai alors au Seigneur d'y remédier et je vis que je devais compter sur sa force, me lever de bonne heure et soigner le bébé avant le déjeuner pour être libre après.
Quelques mères penseront peut-être que j'étais robuste. J'étais faible, au contraire ; pendant douze ans ma vie a été un effort, continuel ainsi qu'une continuelle attente du secours de Dieu. Maintenant, mes enfants sont grands et je puis dire avec actions de grâces : « L'Eternel m'a secourue! »
J'ai toujours attaché une grande importance à un culte de famille bien dirigé. Un tel culte témoigne de la place accordée à Dieu dans une maison. C'est au père à en prendre la direction. S'il est absent ou malade, que la mère le remplace, Peut-être aura-t-elle à vaincre sa timidité ou à triompher d'autres difficultés; mais Dieu viendra à son aide et si elle est fidèle dans l'accomplissement de ce devoir, il la bénira et fera d'elle un moyen de bénédiction pour ses enfants et ses domestiques.
Que jamais rien ne vous empêche de faire ce culte. Un surcroît de travail un départ, doivent être, au contraire, pour vous, un puissant motif pour réclamer de Dieu secours et protection. Parfois on entend dire: « Ce matin nous n'avons pas le temps de prier. » Mais la Parole de Dieu nous dit: «Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice et toutes choses vous seront données par dessus? »
Votre culte de famille ne doit pas être un acte formaliste, mais l'expression de votre adoration et de votre reconnaissance envers l'Eternel. Chantez des cantiques joyeux, lisez un fragment de la Parole de Dieu, assez court pour que les enfants en profitent et s'en souviennent. Dans vos prières, rendez grâces pour les délivrances, recherchez les bénédictions; souvenez-vous des anniversaires, des personnes qui sont malades ou en voyage ou dans les affaires. Demandez aussi le secours du Seigneur pour les enfants qui vont à l'école, pour les domestiques, etc..... La tâche de celles-ci est très importante puisque le bien-être, de la famille dépend en grande partie de la manière dont elles s'en acquittent. C'est dans ce moment de prière et de recueillement qu'elles trouveront l'entrain et le courage nécessaires à l'accomplissement de leur travail. La présence de Dieu qu'elles auront ainsi cherchée viendra rompre la monotonie de leurs occupations.
Evitez de réunir dans une même prière trop de sujets différents. Il faut que ceux qui vous écoutent puissent facilement s'unir à vos intercessions. Cela leur sera une bénédiction au moment présent et dans l'avenir.
Le culte de famille était ainsi célébré chaque matin dans notre maison. Le soir, les enfants étant seuls avec moi, nous lisions ensemble quelques versets de la Bible. Les enfants posaient des questions et faisaient des remarques qui montraient à quel point ils avaient compris. Je leur donnais brièvement les explications nécessaires puis chacun d'eux priait à haute voix. Ils s'habituèrent ainsi à prier devant d'autres personnes ce qui leur fut très utile plus tard. Je les encourageais aussi à confesser leurs fautes à Dieu et à lui demander pardon non seulement pour les actes mauvais mais pour tout manque d'affection de l'un vis-à-vis de l'autre. Cela exerça sur eux une contrainte salutaire pendant leurs jeux et contribua à les unir dans l'amour et le support mutuels.
Quand venait mon tour de prier, je résumais leurs requêtes, j'y ajoutais ce que Dieu me mettait au coeur de, dire et je le remerciais pour chaque petit plaisir de la journée, considérant tout jouet, tout cadeau, comme un don du Seigneur.
Si vous pouvez accorder à vos enfants une chambre spéciale pour leurs jeux, que ce soit une des meilleures de la maison, la mieux aérée, la plus ensoleillée. Sacrifiez votre salon plutôt que de priver vos enfants d'air et de lumière; les enfants comme les plantes en ont un besoin urgent. L'ameublement de cette chambre doit être tel, que l'on ne soit pas obligé de répéter constamment à l'enfant: «Ne touche pas ceci, ne gâte pas cela, » avertissements qui finissent par irriter l'enfant et lui fournissent bien inutilement des occasions de désobéir.
Il est nécessaire que la chambre de jeux soit d'un accès facile pour la mère afin qu'elle puisse surveiller aisément ses enfants et se rendre compte de l'influence exercée sur eux par la bonne, s'il y en a une.
L'avenir des enfants dépend, en grande partie, des directions qui leur ont été données dès leur jeune âge, des exemples qu'ils ont eu sous leurs yeux et des sentiments qui leur ont été témoignés. Il faut donc apporter la plus grande attention dans le choix d'une bonne ou d'une aide, Mais quelque confiance que puisse mériter celle-ci, votre devoir de mère est d'être autant, que possible avec vos enfants.
Il est déplorable de voir une mère consacrer plus de temps à orner sa personne ou sa maison qu'à s'occuper du développement moral et spitituel de ses enfants.
Voulez-vous conserver l'affection de vos enfants, avoir la clef de leurs coeurs?.... Sympathisez toujours avec eux. Partagez toutes leurs joies, tous leurs chagrins. Ecoutez d'une oreille bienveillante leurs projets, leurs petites confidences.
Ne vous moquez jamais des idées qu'ils vous expriment, quelque singulières ou absurdes quelles vous paraissent. Ne témoignez pas de l'indifférence quand ils viennent vous montrer leurs nouveaux jouets. Ne leur dites pas non plus: « Laisse-moi tranquille, » quand ils viennent réclamer votre secours parce qu'un noeud est difficile à dénouer ou que deux et deux ne veulent pas faire quatre sur leur ardoise. Ces petites difficultés ne sont que les précurseurs de soucis plus grands, que vos jeunes gens ne seront pas disposés à partager avec vous, si, dans leur enfance, ils n'ont trouvé auprès de vous que de l'indifférence. Il n'y a pas pour eux de plus grande sauvegarde contre le péché que de vous parler à coeur ouvert de tout ce qui les concerne.
Pour qu'ils agissent de même avec Dieu, il sera bon que vous leur en donniez l'exemple. « Que tes enfants te voient parlant à ton Dieu,» a dit Martin Tupper, et j'ai fait l'expérience de l'influence bienfaisante de cet exemple.
Je m'étais fait une règle de prendre chacun de mes enfants séparément dans ma chambre et de l'asseoir confortablement; (car un enfant ne peut être tranquille s'il n'est pas à son aise). Puis je lui disais: « Maintenant, reste bien tranquille, je vais parler à Jésus ; » alors, devant mon efant, je priais le Seigneur. Quel précieux souvenir je garde, d'un petit tablier levé pour essuyer mes larmes, et d'une petite voix me disant: « Ne pleure pas, mère chérie; » et parfois la mère ouvrait les yeux pour dire : «Maman n'est pas triste mais les larmes veulent venir quand elle parle avec Dieu. » Si j'avais été impatiente en présence de mes enfants, je n'hésitais pas à demander au Seigneur de me pardonner et de me rendre plus patiente à l'avenir; je lui confessais aussi mon ignorance, ma faiblesse. « Je veux disais-je, enseigner à mes enfants à t'aimer, mais je ne sais comment m'y prendre. » J'exposais à Dieu tous mes besoins, je me déchargeais sur lui de tous mes soucis. C'est ainsi que mes enfants furent initiés à bien des circonstances de famille et apprirent à tout confier à Dieu par la prière. « Mère, allons parler à Jésus, » me dit une fois l'un d'eux en me tirant par ma robe, et s'agenouillantavec moi, l'enfant fit connaître à Dieu tout ce qu'il avait sur le coeur.
Le baptême de nos enfants était pour nous une consécration réelle de ces êtres bien-aimés au service de Dieu. En les apportant ainsi au Seigneur, nous réclamions pour peux sa bénédiction comme le faisaient autrefois les femmes Juives amenant leurs enfants à Jésus ; dans nos coeurs se faisait encore entendre cette parole : « Laissez venir à moi les petits enfants. »
La Sainte-Cène était pour moi, comme le banquet d'Esther pendant lequel le roi lui demandait: «Quelle est ta requête? » En de telles occasions je demandais à, Dieu des bénédictions spéciales pour mes enfants.
« Lui qui n'a point épargné son propre Fils mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? » Encouragée par cette promesse, j'ai prié, d'année en année, pour la conversion de tous mes enfants jusqu'à ce que ma requête fut changée en louange!
Avez-vous jamais essayé de donner à vos enfants une leçon de tranquillité ? « Chose singulière », direz-vous. Eh bien ! j'ai connu une jeune dame quaker, mère de trois charmants enfants, qui, parfois, en appelait un en disant ? « A présent, chérie, ayons une leçon de tranquillité. » Puis, sortant sa montre et installant l'enfant dans son petit fauteuil, elle la faisait tenir tranquille pendant cinq, ou dix minutes. J'ai suivi cette méthode et m'en suis bien trouvée. Si l'enfant s'était montré docile, je lui accordais une petite récompense.
Les mères de famille redoutent souvent les vacances, à cause de la fatigue , que leur occasionne la présence constante des enfants, surtout lorsque le mauvais temps les retient à la maison. Chez nous, les jours de pluie ne parurent jamais ennuyeux. Je donnais à faire à chacun de mes enfants un travail manuel, tricotage, tapisserie, découpage, etc. et pendant qu'ils étaient ainsi occupés, je leur lisais un livre intéressant. Je leur payais leur travail, ce qui leur procurait un petit argent de poche qu'ils dépensaient généralement en cadeaux de Noël ou de jours de naissance. J'ai toujours trouvé préférable de leur faire gagner leur argent que de le leur donner.
Je me rappelle à ce sujet un petit incident. Noël approchait; l'une de nos petites filles dit à son père : « Comment pourrais-je avoir de l'argent pour acheter des cadeaux? » - « Je ne sais pas, répondit le père, mais je connais quelqu'un qui demande au Seigneur ce dont il a besoin. » Puis, le père sortit pour faire des visites ; il alla voir une parente âgée qui, au moment où il partait lui dit: « Tenez, voici vingt francs que vous partagerez entre vos enfants. » Le père fut très frappé de cette coïncidence, et lorsqu'il rentra, les enfants étant déjà couchés, il alla auprès d'eux et dit à l'enfant en question : « Te rappelles-tu notre conversation concernant l'argent, ce matin? » - « Certainement, papa. » - « As-tu demandé au Seigneur de t'en donner? »-« Oui, papa.» - « Eh bien, vois comme Dieu a répondu promptement à ta demande ! » Et le père raconta à la fillette ce que leur tante avait fait. Il y eut de la joie ce soir-là, dans ces jeunes coeurs. En sortant de la chambre, le père entendit un des enfants qui disait: « Le Seigneur n'est-il pas bon de nous répondre si vite? » et les voilà tous hors de leurs lits pour remercier Dieu. Ils avaient reçu une précieuse leçon de prière et de foi, leçon qui leur servit plus tard en des choses plus grandes et plus importantes.
Il y a bien des années, des amis me disaient: « Le fardeau est maintenant sur vos bras; quand les enfants seront plus grands, le fardeau sera sur votre coeur. » Mais je rends grâce à Dieu de ce que mes enfants ont grandi pour être ma joie et ma consolation. Je puis dire avec Saint-Jean que je suis réjouie de trouver mes enfants marchant dans la vérité.
Il est vrai que, par manque de foi, je me suis souvent laissée aller au découragement, mais le Seigneur m'a rappelé les bénédictions et les exaucements du passé. Lorsque j'ai été accablée par le sentiment de ma responsabilité et par l'insuccès momentané de mes efforts, Dieu m'a donné l'assurance qu'il comblerait lui-même les lacunes d'un service accompli de mon mieux. Il m'a fortifiée par cette parole: « Ils seront à moi, dit l'Eternel des armées, ils m'appartiendront au jour que je prépare. » (Mal. 3, 17). Maintenant j'attends, me réjouissant à l'avance, l'exaucement de toutes les prières que j'ai faites dans la foi, car Celui qui a fait la promesse est fidèle.
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