Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Quand il faut choisir une langue

Une famille d'indonésiens arrive en Suisse romande

Mon mari ayant été appelé à Genève par une organisation internationale nous sommes arrivés d'Indonésie à 7. Nous parlions le hollandais et l'indonésien
Nous avons mis les 4 aînés à l'école du quartier pour les adapter le plus vite possible à la vie genevoise (alors que, jusque là, ils n'avaient jamais été à l'école).
L'aînée, 11 ans, s'est débrouillée très vite. La deuxième, une fille qui s'adapte facilement, me disait: «La maîtresse me parle, mais je n'y comprends rien; et quand je réponds, elle ne me comprend pas». La troisième, enfant sensible, en voyant l'entourage étrange, éclatait en larmes. Je n'oublierai pas la juste réaction de sa maîtresse, qui l'enfermait dans ses bras pour la consoler. Le quatrième, un garçon, un peu trop jeune, était accepté en première et tombait sur une maîtresse qui avait fait les beaux arts, et laissait dessiner les élèves, avec un tout petit texte écrit, ce qui plaisait beaucoup à Alexandre.
C'est dans la rue qu'ils ont appris le genevois et moi, j'apprenais d'eux, avec le résultat qu'ils me corrigeaient des fois en disant: «Mais Maman, tu ne peux pas dire "ça cloche", ou "deux balles" au lieu de deux francs; ça va pour nous, mais pas pour toi!»
Ils possédaient deux sortes de français: le français de l'école et le français de la rue.
Nous, les parents, parlions au commencement le hollandais. Peu à peu, les enfants ont commencé de nous répondre en français. Après un bout de temps, j'ai entendu Alexandre rêver en français; alors j'ai pensé que c'était devenu sa langue.
Nous, adultes, apprenions plus lentement. Nous n'allions pas à l'école et je ne suis pas la personne qui apprend avec une grammaire, surtout avec une famille de 7 personnes. Je me suis jetée à l'eau dans un groupe de l'Ecole des Parents, où on discutait, et où j'apprenais à me débrouiller «avec mains et pieds», avec des gestes en pensant: «Tant pis, nage, tu t'exprimes peut-être mal, mais fais-toi comprendre». Et on m'a acceptée comme j'étais. C'est là que j'ai trouvé le climat de confiance qui facilite la communication, qui met à l'aise.

F. Udin


Deux ans aux U.S.A.

Nos deux aînés avaient 5 et 7 ans quand nous avons quitté la Suisse romande pour les Etats-Unis. Nous avons continué à parler français en famille et nos enfants ont appris l'anglais à l'école et avec leurs copains. Au bout de deux ans, ils commençaient à perdre le fançais.
C'était aussi le moment du retour en Suisse. Nous ne voulions pas qu'ils oublient l'anglais qu'ils avaient si bien assimilé. Alors nous avons engagé pendant plusieurs années, des jeunes filles au pair de différentes nationalités qui, ne sachant pas le français, mais l'anglais, parlaient anglais avec nos enfants au début de leur séjour. Je crois que c'est ce qui a entretenu leur anglais et qu'aujourd'hui encore, ils sont parfaitement bilingues.
Quand je dis parfaitement, cela ne signifie pas qu'il n'y ait eu aucun inconvénient. Par exemple, notre deuxième fils était dyslexique; mais on ne s'en est rendu compte qu'avec beaucoup de retard. On a perdu du temps. Il était perturbé, et nous pensions trop facilement: c'est parce qu'il parle deux langues, et a commencé l'école aux U.S.A.
Notre troisième enfant, qui n'a pas vécu aux U.S.A., n'a jamais partagé notre goût pour l'anglais. Pour lui, c'était la langue des «secrets». Pourtant l'ayant entendu souvent, il l'a apprise facilement lors d'un séjour en Amérique lorsqu'il avait quinze ans.

Différents

Nos enfants ont souffert des moqueries habituelles à l'égard de ceux qui parlent autrement, moins aux U.S.A., où la tolérance est plus grande, qu'à leur retour en Suisse, car ils avaient un léger accent. Beaucoup d'étrangers souffrent de se sentir différents. Différent est très souvent considéré comme synonyme de stupide. C'est regrettable et cela retarde considérablement l'adaptation et la communication.

Communication

Cette expérience d'une deuxième langue a attiré mon attention sur un fait qui me paraît important: les mots ne sont pas seuls à jouer un rôle dans la communication. Le vocabulaire est une chose. Mais la manière d'être, le désir de comprendre et de se faire comprendre, la possibilité d'utiliser des images et des symboles revêtent une grande importance, car ce langage-là est universel.

La langue de la libération

Pour moi, adulte, la pratique de l'anglais est le symbole de ma libération. C'est à l'occasion de ce séjour aux U.S.A. que j'ai pu prendre de la distance par rapport à mon éducation et à ma famille. C'est là que j'ai découvert l'indépendance, une nouvelle façon de voir ma vie et les valeurs que l'on m'avait enseignées. De plus, la psychologie aux Etats-Unis m'a dévoilé des horizons nouveaux. Quand je parle anglais, je me sens plus sûre de moi, plus libre, moins vulnérable. Je me sens plus capable de prendre de la distance par rapport aux gens et aux choses.

Sylvie M.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève